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ScriptDoctor.frBlog du scriptdoctorveille métier de la production audiovisuelle ‒ devenir scénariste

veille métier de la production audiovisuelle ‒ devenir scénariste

Quand le Japon sauvait Hollywood…

Selon la Sélection du Jour, la France demeure le premier marché européen et le troisième marché mondial cinéma, après les États-Unis et la Chine. (…) Le cinéma le plus fréquenté au monde est d’ailleurs français : l’UGC Ciné Cité Les Halles. (…) Tom Cruise aurait littéralement sauvé le cinéma en redonnant envie d’aller voir son Top Gun : Maverick, sur grand écran, comme l’en a félicité Steven Spielberg.

Si la reprise a été lente à venir pour l’industrie du cinéma en France post-Covid, la fréquentation commence à se rapprocher des niveaux de l’avant-pandémie. Le cinéma français, c’était 1,4 milliard d’euros de recettes en France en 2019. Ce marché était tombé à 0,4 puis 0,7 milliard en plein Covid, 2022 revenait à 1,1 milliard d’euros de recettes, avec seulement une trentaine de films au-dessus de la barre du million d’entrées.

Et si la France de 2023 se rapprochait de ce qui s’est passé dans les années 90 aux Etats-Unis ?
Rappel des faits :

Et Sony fut

Retour sur la fin 80-début 90 aux Etats-Unis, à mesure que les sources de financement se font plus rares, l’industrie américaine du divertissement se tourne vers l’orient et ses investisseurs japonais (industriels, agences de publicité, maison d’édition) qui, à cette période, ont maintenu la deuxième industrie d’exportation des États-Unis sous perfusion. Dans la branche cinéma de ladite industrie, tout commença en 1989, quand Sony racheta dans un premier temps Columbia Pictures pour cinq milliards de dollars, puis remit 800 millions de dollars sur le tapis pour épingler le duo magnifique que forment Peter Guber et John Peters (Batman, Rainman) afin qu’ils prennent la direction du studio. Ce fut ensuite JVC/Victor, le principal rival de Sony, qui investit 100 millions de dollars dans Largo Entertainment. Ils avaient désormais un aussi grand nombre d’actions que Larry Gordon, initiateur de cette maison de production à succès, spécialisée dans les films d’action…comme Die Hard et sa célèbre tour Nakatomi.

Le magnat médiatique nippon, Haruki Kadokawa, qui avait produit pour 42 millions de dollars Heaven and Earth, soutenait financièrement Triton, le distributeur indépendant qui avait commercialisé cette épopée. Quant à Juzo Itami (The Taxing Woman), il montait sa propre maison de production à Hollywood pour garantir ses projets américains à risques. Dentsu, le plus grand publicitaire du monde à cette époque, avait lui beaucoup investi dans le film de Wim Wenders : Until the End of the World et pour conclure le tout, en Décembre 1990, dans ce qui fut la plus énorme acquisition d’un studio américain par une firme étrangère, Matsushita (filiale du groupe JVC) achetait MCA pour 6,6 millions de dollars !

Le Japon rachète la chaîne de montage hollywoodienne

Le message est on ne peut plus clair : les grands films hollywoodiens constituent un produit typiquement américain que ni le Japon ni l’Europe ne peuvent reproduire. Incapable de copier le produit, les investisseurs étrangers ont tout simplement décidé d’acheter la chaîne de montage. Et même si la réponse des dirigeants d’Hollywood semble être que l’argent, d’où qu’il vienne, reste de l’argent, une vague de fond de mécontentement s’exprime de plus en plus ouvertement : est-ce que la pénétration financière japonaise à Hollywood risque de changer l’industrie ? En tentant d’accéder aux types de films qu’ils ne peuvent produire eux-mêmes, les japonais risquent-ils d’influencer le mode de fabrication ou la nature même du produit ?

Une seule limite au contenu : pas de Japon bashing

Quand le président de Sony, Akio Morita (qui se définit lui-même comme un « dur » et que beaucoup de japonais considèrent trop occidentalisé) acheta Columbia, il déclara tout simplement dans le New York Times : « Nous avons besoin du leadership américain », et fin 90, dans le même journal, Akio Tanii, président de la très conservatrice Matsushita, affirmait : « Matsuhita n’a aucunement l’intention de s’occuper des décisions concernant le sujet ou le contenu des produits créatifs de MCA ».  Mais quand on demanda au même Tanii si Universal (filiale de MCA) pouvait faire un film sur le rôle de l’empereur Hiro Hito pendant la guerre, ou un film dont le sujet soit « très dur envers les japonais », il répondit : « Je n’ai jamais imaginé une telle opportunité, aussi ne puis-je vous répondre… ».

Retour en France

Les salles de cinéma françaises retrouvent leur panache avec une carte de blockbusters US et français : Oppenheimer, D’Artagnan, Barbie, Avatar, Super Mario, Astérix, Mission Impossible, Indiana Jones…
L’année 2022 s’était terminée avec une baisse de la fréquentation de 25% par rapport à la situation pré-covid (152 millions d’entrées en 2022, +59,2 % par rapport à 2021). Si la tendance se poursuit, 2023 devrait signer le retour final de la fréquentation et un chiffre d’affaires avec des performances équivalentes à l’avant crise sanitaire. Espérons, sinon qui pour nous sauver ?

Quand le gouvernement promet des aides équivalentes au tiers voire à la moitié de la production annuelle cinéma, on se doute que ce marché lui tient à cœur. Il faut sauver le soldat cinéma mais peut-être se sauvera-t-il tout seul après tout. Espérons.

L’armée fait son cinéma

Les 15 et 16 janvier 2023, cinq scénaristes ont été invités par le ministère des Armées à un exercice militaire grandeur nature afin de découvrir le quotidien des soldats du 54ᵉ RT (régiment de transmissions), depuis la manipulation de leurs équipements de pointe d’interception de communications jusqu’aux rations de combat, plus terre-à-terre. À mi-chemin entre entraînement et spectacle, cet évènement a été apprécié par nos cinq collègues volontaires de la Guilde française des scénaristes et de la Cité européenne, si l’on en croit la communication de la Grande Muette sur une mission de séduction d’une poignée d’auteurs inédite et pleinement assumée.

« Encore un grand merci du temps que vous nous avez consacré et de cette immersion. Un seul regret, finalement : c’était trop court ! »

– Julien, scénariste

La Mission Cinéma du ministère des Armées

Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la Mission cinéma et industries créatives (MCIC) du ministère des Armées, officiellement lancée le 2 mai 2016 à l’avant-première de la deuxième saison du Bureau des légendes, lors d’un discours prononcé par le ministre de la Défense de l’époque. Depuis, l’équipe de la Mission Cinéma de l’armée française promeut régulièrement une entente qui se voudrait cordiale avec les professionnels de la fiction française.

Notre script doctor Damien Henno représentait ainsi High Concept lors d’une rencontre qui a eu lieu dans les locaux de Paris Région Film, le 4 juillet 2019. Voici son témoignage :

« Je me suis rendu au Parc du Pont de Flandres dans le dix-neuvième arrondissement de Paris, dans le cadre du premier rendez-vous professionnel organisé par Film Paris Région. Acculturation, Soft Power et Embedment ont été les mots fers de lance d’Eve-Lise Blanc Deleuze, la nouvelle directrice de cet organisme. L’objectif était clairement de montrer la volonté de l’armée française de changer son image auprès de la nation et de revendiquer un Soft Power assumé.

Le hasard du calendrier a voulu que la contre-attaque de l’armée française sur le terrain du storytelling, face à l’hégémonie américaine, ait lieu un quatre juillet (jour de fête nationale outre-Atlantique). Réunis dans la salle, une trentaine de personnes (régisseurs généraux, responsables de production, scénaristes… et un script doctor HC) ont écouté les trois intervenants issus du Ministère des Armées : Eve-Lise Blanc Deleuze, Mickaël Molinie et Julien Roudière.

Et cette Mission Cinéma n’y va pas par quatre chemins.

Alerte ! Alerte ! L’Armée recrute

Outre la location de lieux et de matériels militaires pour les équipes de tournage – une pratique parfois inaccessible aux budgets français, même pour des superproductions telles que Mission Impossible qui n’ont pas pu en bénéficier – la Mission Cinéma a surtout pour mission de séduire les scénaristes afin qu’ils écrivent sur l’institution militaire et en collaboration avec elle.

« Le ministère des Armées développe depuis plusieurs années une politique innovante et volontariste d’accompagnement des projets télévisuels et cinématographiques. Reposant sur une réglementation précise, au plan juridique et financier, cette politique s’est renforcée avec la création de la Mission cinéma qui s’adresse à tout professionnel de l’audiovisuel recherchant le concours du ministère pour le soutenir dans la conduite de ses projets. »

La nouvelle directrice a ainsi présenté les différentes formules destinées à accompagner les scénaristes dans leur immersion au sein de l’armée, afin de faciliter une écriture réaliste prenant en compte les contraintes propres à cette profession.

Implication des armées dans des fictions pour promouvoir une certaine communication

La Mission Cinéma choisit des projets en fonction de sa propre stratégie de communication, axée sur des thématiques telles que « la mixité, les valeurs d’engagement et l’innovation. »

Actions spécifiques de sensibilisation vis-à-vis des créatifs

– Elle offre l’opportunité à un certain nombre de scénaristes de découvrir des situations propres à l’armée, telles que les renseignements militaires, la cyberdéfense, les modes d’intervention de l’armée de terre, la dissuasion nucléaire, l’engagement de la jeunesse, etc.

– Elle conseille les scénaristes en les immergeant au sein des unités opérationnelles, afin de faciliter une assimilation rapide des éléments culturels pour leur travail d’écriture. L’objectif est de garantir une authenticité quasi documentaire, incluant les éléments de langage, les ambiances et l’environnement, tout en évitant les fantasmes.

Des Projets avec des stars ou rien ?

Cependant, c’est à la fin de cette rencontre que l’un des aspects essentiels pour les scénaristes est clarifié : sans la présence de stars, les projets risquent de ne pas aboutir.

En effet, lors de la session de questions ouvertes à la fin de la réunion, un mécontentement manifeste s’est fait ressentir parmi certains professionnels concernant le manque de retour et d’intérêt de la part de la Mission Cinéma envers leurs projets. Pourtant les projets autour de cette institution foisonnent : Peur sur la base (France 3), Volontaire (Cinéma), Le chant du loup, J’accuse (Roman Polanski) etc.

Selon moi, cela démontre que, pour susciter l’intérêt du ministère des Armées, la règle tacite semble être que le prestige et le statut VIP du projet sont a minima aussi importants que son contenu, n’est-ce pas ? » – Damien Henno

La Motion Picture Association

Cette préférence pour les projets VIP peut être comprise en considérant que l’hégémonie culturelle américaine repose, depuis l’après-guerre, sur des productions à grande valeur de production. En outre, cette hégémonie culturelle outre-Atlantique porte également un acronyme : la MPA, pour Motion Picture Association.

Créés par les trois plus grands studios américains, non pas en 2016 mais en 1922, sous le nom de Motion Picture Producers and Distributors of America (MPPDA), l’organisation est aujourd’hui connue sous le nom de Motion Picture Association of America (MPAA). Elle assure une large diffusion nationale du storytelling américain, tandis que son homologue, la MPA, s’occupe de sa propagande internationale.

Considéré comme le groupe de pression le plus influent de l’industrie mondiale du divertissement1, la MPA assure depuis plus d’un siècle la propagande américaine en véhiculant dans ses fictions un storytelling en lien avec l’actualité.

« Nous vendons deux fois plus d’automobiles, de casquettes, de phonographes dans les pays où sont diffusés nos films. »

– Le président américain Hoover (1930)

Hautement politisée, l’association est dirigée par des personnalités étroitement liées au gouvernement. L’une des personnalités les plus célèbres à occuper ce poste était feu Jack Valenti (décédé en 2004), qui incarnait à la fois Hollywood via la MPA et occupait des fonctions de conseiller politique, tant auprès du président Lyndon Johnson que de Dan Glickman (ancien membre du Congrès pendant 35 ans et ministre de l’Agriculture sous l’administration Clinton).

« Dans un secteur parfois déraisonnable, Jack Valenti était une grande voix de la raison (…) Il était le plus grand ambassadeur qu’Hollywood ait jamais connu » a déclaré Steven Spielberg dans un communiqué, rapporte le site de CBS NEWS.

Quant à Charles Rivkin, un simple coup d’œil à la page wikipédia de l’actuel président de la MPA permet de comprendre que c’est toujours une personnalité politique qui est à la tête de ce trust de six grands studios hollywoodiens (Paramount Pictures, Sony Pictures, Universal Pictures, Walt Disney Studios, Warner Bros. Entertainment et enfin Netflix, qui est devenu le premier service de streaming à rejoindre l’effort de guerre américain en 2019).

Une propagande plus ou moins assumée

Depuis 1948, le Pentagone dispose d’un comité de lecture des scénarios que les producteurs Hollywoodiens envoient au bureau du secrétaire adjoint à la défense pour les affaires publiques. Partageant avec son homologue français récemment créé l’objectif de représenter de manière réaliste les opérations militaires, l’état-major des forces armées des États-Unis a depuis longtemps adopté une ligne éditoriale officielle qui consiste à présenter une image positive de l’armée, à améliorer la perception du public de l’armée et du Département de la Défense, ainsi qu’à soutenir l’effort de recrutement et de mobilisation des forces armées.

La coopération entre le Pentagone et Hollywood se présente au public sous trois formes :

  1. « The Courtesy Cooperation » (coopération courtoise) : assistance technique et accès à des stock-shots ;
  2. « The Limited Cooperation » (coopération matérielle) : mise à disposition de quelques sites et d’un nombre restreint de personnel de l’armée ;
  3. « The Full Coopération » (coopération totale) : mise à disposition d’un contingent et de matériel. C’est ainsi que le film Top Gun (1986) a été financé conjointement par la Paramount et le Pentagone, ce dernier intervenant pour modifier le scénario, par exemple en transformant le personnage féminin en une simple civile, au motif que la marine interdit les relations amoureuses avec les femmes enrôlées. (Cliquez ici pour découvrir notre d’analyse du scénario de Top Gun en podcast). Une autre modification apportée à Goldeneye (1995) est documentée2 et ne manque pas de saveur : un personnage de traître, membre de la marine américaine, est devenu membre de la marine française… Air Force One (1997), Armageddon (1998) et Pearl Harbour (2001) sont d’autres exemples de films approuvés par le Pentagone.

La CIA impose également sa marque sur bon nombre de films (que ce soit en fournissant des consultants aux auteurs et aux producteurs ou en corrigeant les scénarios) mais elle le fait de façon plus discrète. Dans les conventions de collaboration par exemple, la CIA n’apparaît jamais au générique du film. Seule la présence d’un membre de la CIA aux avant-premières constitue un indice de collaboration aux yeux du profane.

Des films et séries tels que The Agency, NCIS, 24H ou encore Homeland, porte le storytelling de l’agence qui a collaboré à leurs réalisations.

Doutes sur l’efficacité de la stratégie de la Mission Cinéma

Dès novembre 2015, le groupe de veille et d’analyse « Malraux » de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice a soulevé des préoccupations concernant le soft power américain, dans un rapport de 52 pages intitulé Influence culturelle d’Hollywood. Bien que la chronologie des événements suggère que la lettre de mission de cette étude sur « les possibilités d’une stratégie d’influence culturelle française de riposte » avait pour objectif de préparer la future Mission Cinéma, il est remarquable que peu de choses des six propositions du groupe Malraux se retrouvent dans la stratégie finale française.

La recommandation la plus importante du rapport, « Utiliser le storytelling pour promouvoir la France » semblait pertinente, car tout communicant doit baser son message sur des valeurs fortes et identifiables pour se démarquer (voir notre cours vidéo sur les techniques de storytelling). Cependant, les thèmes abordés précédemment, qui semblent chers à notre Mission Cinéma, sont totalement interchangeables avec ceux des autres pays de l’OTAN.

« Orienter les films vers l’international » était également un conseil judicieux, car une communication limitée à la France n’a qu’un intérêt limité pour ceux qui souhaitent accroître l’influence culturelle de notre pays. Pourtant, la simple comparaison des ressources disponibles et des moyens mis en œuvre laisse craindre un impact purement cosmétique de la Mission Cinéma.

Et si la véritable cible de la communication française était simplement ses propres citoyens ?

Tout va très bien, Madame la Marquise…

[1] Source : magazine « Fortune », cité dans Influence culturelle d’Hollywood (2015, Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice)
[2] Top Gun versus Sergeant Bilko ? No contest, says the Pentagon (The Guardian, 2001)

Fiction française : entre mythe et réalité, où en est-on vraiment ?

Cocorico ou cocoricouac ? Si l’on en croit les médias, la fiction française est sauvée du péril américain et conquiert le monde. Mais, bien que nos performances s’améliorent sur le marché français et à l’international depuis 2008 (qui avait chuté de 20%) on est encore loin du compte. À une époque où la production de fiction explose dans le monde entier, relativisons les succès claironnés et analysons de plus près ce que les chiffres nous disent. Car pour engager les mesures nécessaires à la croissance de notre industrie et de notre créativité, nous avons besoin de savoir quelle est la place de la fiction française en Europe et dans le monde. Information difficile à trouver cette année auprès des organismes d’observation de l’audiovisuel. Heureusement, les auteurs savent aussi compter… À vos tableaux Excel !

Que disent souvent les médias ?

Forte progression des ventes de fictions françaises qui ont augmenté de 28% pour atteindre 64 M€. (CNC-TVFI – Bilan 2017 – 6 sept 2018)

Mais… quel est le montant des ventes de nos concurrents et quelle est la balance importation/exportation ?

Les fictions françaises sur le podium. Le palmarès d’audience met en lumière l’intérêt grandissant du public français pour la fiction nationale aux dépens notamment des fictions américaines qui ont longtemps occupé ce classement. (CSA, 14 Septembre 2018)

Mais… le public des fictions françaises a plus de 60 ans et plus de 80% des Français de moins de 35 ans affirmaient toujours préférer les productions américaines…

La France est devenue le 3ème exportateur de programmes en « volume » de titres derrière les États-Unis et le Royaume-Uni, gagnant ainsi une place. (Le Mag TVFI – 25 avril 2017)

Mais… la quantité de titres masque le faible volume d’heures produites en France où les diffuseurs privilégient encore les unitaires, alors que ce sont les séries comportant de nombreux d’épisodes qui se vendent bien à l’international.

Quels sont les pays qui produisent le plus ?

Si l’on compare avec nos proches voisins européens, la France produit peu d’heures de fiction et peu de séries françaises sont exportées mondialement dans un marché qui ne cesse de croître.

Le volume d’heures vendues de fictions françaises a augmenté mais le prix de vente a baissé. Par exemple, la 1ère saison des « Revenants » ne s’est vendue que 80K€ au Royaume-Uni. Un prix de vente relativement faible comparé aux 1,4 M€ nécessaires pour produire chaque épisode. (INA 2014)

Selon une partie des distributeurs interrogés par l’INA, cette tendance masque un phénomène croisé d’accroissement du nombre d’actes de vente et de baisse des prix unitaires liés à la multiplication des acheteurs. Ce qui n’est apparemment pas le cas pour la Corée dont la série Descendants a été vendue 250 K$ par épisode à la Chine et 100K$ par épisode au Japon (The Korea Herald/Asia news network – 2 avril 2016). Quant à la série turque Noor, elle a rapporté à elle seule 130M$ à la Turquie en une année.

Performances à l’export

L’étude 2014 de Médiamétrie-Eurodata TV Worldwide sur les grandes tendances de la télévision mondiale montre que le volume horaire le plus important de séries importées dans le monde étaient turques : 36 %, devant les États-Unis : 32 % et la Corée : 13 %.

 Quant aux ventes de fictions en 2016, elles se sont élevées à :

  • USA : 1 Md$ (fr.statista.com 2017)
  • Turquie : 350 M$ (Variety 3/04/2017)
  • Corée du Sud : 155 M$ (financial times.com)
  • France : 58 M$ (CNC 2017)

Quels moyens créatifs et financiers mettons-nous en œuvre pour produire plus, produire mieux et pour exporter ? 

D’après l’étude Économie-production-audiovisuelle-2016-2017 du CSA, le volume de programmes produits n’a pas progressé de façon significative depuis 2013 alors que les recettes d’exportations ont augmenté. Ce qui semble montrer que la croissance des recettes d’exportations de programmes français est plus portée par le savoir-faire des distributeurs et par une amélioration de la qualité des programmes que par une augmentation de l’offre.

Ce pourquoi le CNC a décidé de renforcer ses aides à l’export auprès des producteurs.

Mais QUID du volume de production ? Si le talent des auteurs et des distributeurs a donné de bons résultats, on ne peut pas en dire autant des performances de nos diffuseurs.

Dans son Bilan 2014 sur l’exportation des séries françaises, l’INA faisait déjà ce constat : « Tous les acteurs de la profession s’accordent sur une chose pour que les fictions françaises décollent vraiment à l’étranger : le contenu devra toujours primer sur les techniques de production ». Et Mathieu Béjot de TV France International recommande : « Les séries françaises devront être encore plus audacieuses et diversifiées pour s’imposer à l’étranger ». 

Or, voici la réponse d’un décideur de France Télévisions « tout frais démoulé d’une école de commerce » à la présentation d’un projet de Joël Houssin (auteur de 70 romans, nouvelles et BD, 2 LM, 14 fictions TV unitaires, 4 séries TV dont 25 épisodes, de 52 à 90’) :

« Votre projet est passionnant et complexe. Magnifique vraiment. Si c’était un vin, ce serait un Pétrus. Mais le Kiravi aussi, c’est du vin et notre public ne fait pas la différence. J’ai pris un plaisir rare à vous lire. »

À mon humble avis, si l’on veut faire rayonner la fiction française, on doit aussi devenir capable de produire plus et mieux, pour cela il est urgent d’entreprendre une réforme de fond sur le fonctionnement du trio auteurs-producteurs-diffuseurs, de sorte que :

  • Les diffuseurs arrêtent de dicter aux auteurs ce qu’ils doivent écrire et permettent aux producteurs de s’investir sur plusieurs saisons.
  • Les producteurs disposent d’un minimum de trésorerie et de fonds propres.
  • Les auteurs soient formés à l’écriture industrielle afin d’être capables de produire rapidement un grand nombre d’épisodes.

Et vous, qu’en pensez-vous ?

Auteurs, producteurs, diffuseurs : le triplé gnangnan

États des lieux. Selon les rapports du CSA et les retours des producteurs sur la situation française, il ressort souvent :

(…) un déficit d’industrialisation des programmes de stock qui rend difficile la production de plus de 8 épisodes de séries TV ; sous-financement du développement ; question des charges sociales et contraintes liées aux conventions collectives qui régissent le secteur ; faiblesse du marché français en matière de distribution internationale.

(CSA, janvier 2016)

Nous rencontrons un vrai problème de fonctionnement du trio auteur-producteur-diffuseur, ce dernier détenant tous les pouvoirs dans un cercle non-vertueux :

  • Des auteurs en qui on ne fait pas confiance manquent de technique et de savoir-faire industriel, n’arrivent pas à s’imposer et sont censurés.
  • Des producteurs qui ne mettent pas d’argent propre mais se servent sur la vache en n’octroyant pas suffisamment de budget aux postes importants.
  • Des diffuseurs dirigistes qui ont des audiences faibles, sont timorés et ne veulent pas s’engager sur des séries longues.

On ne résout pas les problèmes car on évite les questions qui fâchent en cherchant un coupable :

  • Les auteurs accusent les chaînes de dirigisme, de formatage, de censure, et reprochent aux producteurs d’être trop pingres.
  • Les chaînes accusent les auteurs d’être mauvais, se plaignent de porter 100% du financement et de n’avoir qu’une faible part de recettes.
  • Les producteurs reprochent aux chaînes leur manque d’engagement et de visibilité sur le long terme qui ne leur permet ni de faire des économies d’échelle ni d’industrialiser la production des fictions en embauchant auteurs, acteurs et techniciens sur plusieurs années.

Dans un univers mondialisé et industrialisé, nous continuons à écrire et réaliser nos séries de façon précaire et non industrielle, comme des prototypes. Est-ce qu’en France on confondrait « industrialisation de la fiction » et « pouvoir » ?

« En passant d’un film unique de deux heures à 13 ou 26 épisodes à réaliser dans la saison, l’industrie cinématographique a compris que personne de pourrait mieux assurer l’identité et la cohérence stylistique d’un récit aussi long et complexe, que son propre créateur… Cela a pu se faire car le show-business américain est une culture productiviste centrée sur la recherche du succès et le respect du talent, pour la simple et bonne raison que c’est de là dont vient la qualité du produit, et donc le profit. »


(Neil Landau, showrunner américain)

À mon avis, les problèmes de la fiction française ne seront pas réglés tant que :

  • Les diffuseurs ne permettront pas aux producteurs de s’investir sur plusieurs années pour faire les investissements nécessaires, dicteront aux auteurs ce qu’ils doivent écrire ou confondront intérêt privé et intérêt collectif.
  • Les producteurs n’auront pas un minimum de trésorerie et de fonds propres pour bien financer et mettre l’argent où il faut.
  • Les auteurs ne seront pas formés à l’écriture de la récurrence.

Et vous, qu’en pensez-vous ?

Être scénariste aux usa : le rêve américain ?

« Les droits des auteurs français et américains : quelles différences pour les scénaristes ? » Telle était la question posée à Jérôme Pacouret, docteur en sociologie [1], à l’une des tables rondes organisées par le SCA (Scénaristes de Cinéma Associés) au CNC [2].

Dans le droit d’auteur français

L’œuvre est propriété initiale de son auteur. Tous les autres droits en découlent : droits moraux (incessibles) et droits patrimoniaux (cessibles) : droits de représentation, reproduction, adaptation… que l’auteur cède ensuite au producteur contre rémunération. Même un employeur n’est pas automatiquement titulaire des droits sur une œuvre réalisée pour lui. Un contrat doit explicitement prévoir la cession de ses droits par l’auteur : c’est le code de la propriété intellectuelle qui régit les rapports de l’auteur au producteur. 

Sous le régime du copyright (« droit de copie »)

Ce droit peut être initialement détenu par l’auteur mais aussi par le producteur ou l’éditeur de l’œuvre. Si l’œuvre a été créée par un employé dans le cadre de ses fonctions, c’est l’employeur qui est seul titulaire du copyright, idem pour les œuvres de commande (works made for hire). Il s’agit d’un droit d’exploitant lié à l’œuvre elle-même dont l’investisseur rémunère des auteurs pour qu’elle voie le jour : c’est le code du travail qui régit les rapports de l’auteur au producteur.

Au-delà de l’image d’Épinal opposant 2 cultures : l’une qui serait « humaniste », l’autre « mercantile », l’histoire nous apprend que les différences entre les deux modèles ne sont pas dues à des différences philosophiques mais sont le résultat de combats syndicaux de haute lutte entre auteurs et producteurs.

Petit tour d’horizon du Copyright

Si les auteurs français sont familiarisés avec les avantages et les chausse-trappes des contrats français, ils le sont un peu moins avec celles des contrats « américains ». 

1) Définition de l’auteur de film sous le copyright

La loi du copyright ne différencie pas les divers auteurs de film comme en France (où scénaristes, metteurs en scène, réalisateurs, compositeurs, auteurs de l’œuvre adaptée sont les co-auteurs présumés de l’oeuvre). Par contre elle repose sur deux distinctions :

– Works made for hire (scénarios de commande) : La Société qui commande le scénario a le statut d’auteur et de propriétaire de l’oeuvre.

– Spec scripts (scénarios spéculatifs) : Le scénariste écrit un scénario original de sa propre initiative puis cède ses droits au producteur qui les acquiert (comme en France dans le mécanisme de transfert des droits à une société de production)… la différence étant que le producteur devient de ce fait propriétaire de l’œuvre.

2) Rémunération

Le copyright autorise une cession de droit pour une somme fixe. La loi n’oblige pas à ce qu’il y ait une rémunération proportionnelle… mais tout se négocie (y compris rémunération proportionnelle et calendrier de paiement) et des scénaristes et réalisateurs puissants ont pu négocier des pourcentages intéressants. 

3) Non codification d’un droit moral

Dans le copyright, pas de reconnaissance automatique de la paternité de l’œuvre, de respect de l’intégrité de l’œuvre, de repentir, ni de final cut (montage final de l’œuvre partagé entre scénariste, réalisateur et producteur en France).

– Basic agreements : Ce sont des conventions collectives négociées individuellement entre guildes (WGA Writers Guild of America, DGA : Directors Guild of America, etc.) et t certaines sociétés cinématographiques. Pour en bénéficier les auteurs doivent avoir adhéré à la guilde mais n’ont pas le droit de travailler en dehors de ces accords ni avec des sociétés non signataires des accords de la guilde. Ce syndicat est utile pour les scénaristes chevronnés qui peuvent se permettre de choisir leurs producteurs mais pas pour les nouveaux entrants qui ne pourraient pas suffisamment travailler.

NB : En 2000 environ 50% des contrats ont été négociés au sein de la guilde.

Les guildes gèrent :

  • Les mentions au générique
  • Les droits économiques dont rémunérations minimales et residuals
  • Le respect des règles dans les contrats, conflits et arbitrages
  • Les charges et protections sociales (santé, vieillesse)
  • La perception des droits comme la SACD (qui, elle, n’est pas un syndicat).

– Mentions au générique :

  • Les crédits des scénaristes sont limités à 2 noms car si l’on mettait trop de noms cela dévaloriserait le métier de scénariste.
  • Exemple d’impératif pour prétendre être cité au générique : l’auteur de la V1 doit avoir écrit 33% du scénario. S’il est intervenu a posteriori il doit en avoir écrit 50%.
  • La société de production soumet à la Guilde son pourcentage et si des auteurs membres de la Guilde s’y opposent la Guilde arbitre.
  • Les accords collectifs prévoient un ajustement de la rémunération des auteurs en fonction de la place de leur nom au générique.

– Rémunérations minimales de la WGA en dessous desquelles un auteur syndiqué n’a pas le droit de travailler :  pas d’indexation sur le budget mais sur les tranches (pour les montants pratiqués en France : voir l’excellent rapport du CNC-SACD d’avril 2019)

Petit budget (moins de 5M$)

  • Scénario original avec traitement : 76 000$ par scénariste
  • Adaptation : 67 000$
  • Histoire originale sans scénario : 33 000$
  • V1 scénario : 28 000$
  • Réécriture: 24 000$
  • Polissage : 12 000$

Gros budget (plus de 5M$)

  • Scénario original avec traitement : 143 000$ par scénariste
  • Adaptation : 124 000$
  • Histoire originale sans scénario : 54 000$

Calendrier de paiement

  • Mimimum 5 000 $ ou 10% de la rémunération totale dès l’embauche.
  • Délais de règlement : Sommes versées entre 48h après la remise du travail demandé et 2 semaines maxi après livraison scénario.

Ces sommes paraissent importantes mais une grande partie disparaît très vite dans :

  • La rémunération de l’agent
  • L’adhésion à la Guilde
  • Cotisations sociales (la Guilde fait office de caisse de sécurité sociales, retraite etc.)

– Residuals : rémunérations proportionnelles sur l’exploitation.

  • Sommes supplémentaires non liées à l’amortissement.
  • Enveloppe globale à partager entre tous les scénaristes.
  • Ne concerne pas la diffusion des films dans les salles.
  • Concerne les exploitations suivantes :
    • TV gratuite ou payante, câble et nouveaux medias dont streaming : 1,2% des revenus bruts du distributeur
    • VIDÉO : 1,5% des recettes brutes de la société de production vidéo et 1,8% au-delà d’1M$,
    • VOD : 0,36% des recettes brutes distributeur jusqu’à 50000 unités puis 0,65% au-delà).

– Droits créatifs : alors qu’en France le final cut est partagé entre scénariste, réalisateur et producteur, Aux États-Unis il est détenu par le producteur ou le distributeur. Cependant, la guilde a réussi à obtenir certains droits créatifs pour les réalisateurs et les scénaristes.

  • Director’s cut : dans les années 60 les réalisateurs américains ont obtenu le droit de proposer leur propre montage à la société de production (qui est libre d’en disposer comme elle le souhaite !).

NB : La Guilde ne peut légalement pas obtenir le final cut car alors le lien de subordination au producteur disparaîtrait, elle sortirait de fait du cadre du droit du travail et toute la convention tomberait.  

  • Intervention du scénariste sur le tournage : l’auteur du scénario original peut être consulté pour l’embauche du scénariste le remplaçant, être présent à certaines réunions avec réalisateur et producteur, être associé à l’embauche du réalisateur, être invité à la première (si la société de production l’accepte), visiter le tournage (au gré du réalisateur), être mentionné dans le dossier de presse (mais rien n’oblige le journaliste à le faire…).

Un peu d’histoire

La création des droits d’auteurs cinématographiques vient des années 1910

Elle est liée à 2 types de litiges de plus en plus fréquents traités dans les tribunaux aux États-Unis comme en France :

  • Copies et vente par les sociétés de production cinématographiques des films de leurs concurrents.
  • Adaptations sauvages de livres ou de pièces de théâtre qui ont provoqué une réaction vive des auteurs, écrivains, dramaturges et sociétés de droits d’auteur (SACD et Authors Guild…) en France, Europe et États-Unis.

La solution apportée par la convention de Berne en 1908 fut d’intégrer le cinéma aux œuvres artistiques protégées par le droit de propriété artistique et donc, leur associer un auteur. Cette construction fut commune aux États-Unis et en Europe. Mais la convention de Berne ne précise pas quels sont les auteurs de film. Dans les années 20 quand ont commencé à se différencier les métiers de scénariste, réalisateur et producteur, ces 3 groupes ont chacun revendiqué le statut de seul auteur et propriétaire du film et les droits du film. Ces revendications ont été portées soit par des associations soit nouvelles soit anciennes (SACD). La question n’ayant jamais été tranchée au niveau international, il revient aux états de définir qui est auteur. Ainsi ces luttes ont abouti à des lois différentes. L’aspect le plus emblématique de ces différences est le droit moral, inexistant dans le modèle du copyright. Pourtant, il ne s’agit pas du reflet d’une philosophie mais d’une victoire du lobby des producteurs, très puissant tout au long du XX° siècle aux États-Unis, qui a réussi à s’y opposer malgré les demandes répétées des auteurs.                                                                                            

Conclusion

Ce n’est pas la différence entre le droit du copyright et le droit d’auteur français qui rend « puissant ou misérable » c’est la reconnaissance du scénariste dans son métier, tout particulièrement aux États-Unis où les droits dépendent beaucoup de la notoriété de l’auteur et de sa guilde, des films à petit ou gros budget qu’il a écrits, des petites ou grandes sociétés de production avec qui il a travaillé. Ici et ailleurs, c’est au niveau des contrats que tout se négocie.

Notes [1] : Jérôme Pacouret est docteur en sociologie (EHESS), associé au CESPP, postdoctorant à l’IRMECCEN (Université Paris 4) et auteur de la préface du livre édité par le SCA : « Scénaristes de Cinéma : un auto-portrait ».

[2] : Au CNC, les 11 et 12 avril 2019.

High concept au Festival de la Fiction TV de La Rochelle

Le Festival de la Fiction TV de La Rochelle va fêter son anniversaire. C’est désormais un rendez-vous majeur de la création audiovisuelle française et européenne où sont attendus 35 000 spectateurs et 2 200 professionnels.

Plus d’une cinquantaine de programmes, séries ou films, seront projetés en avant-première. En parallèle, les œuvres de la sélection officielle seront départagées par un jury de professionnels du monde de la télévision.

Manque de diversité

Yves Bigot, responsable du comité de sélection et directeur général de TV5 Monde, observe et déplore néanmoins un « manque de diversité » de la production française :

« Au moment où l’on s’interroge sur leurs missions, les grandes chaînes qui ont désormais complètement intégré les diversités sociales, ne devraient-elles pas aussi encourager les producteurs à donner une vision de la société française – qui se norme en s’évaluant face aux différents comportements représentés -, plus variée qu’un univers anxiogène d’assassinats, d’enlèvements, de maladies terminales et de couples infernaux ? »

En effet, sur la soixantaine d’œuvres soumises au comité : 83% traitent de meurtres, d’assassinats, d’enlèvements et de disparition d’enfants, de couples dysfonctionnels, d’affaires de familles et de maladie.

Ce tropisme éditorial intervient alors même que les chaînes de télévision traditionnelles ont perdu le public des 15 – 40 ans et que la fracture se creuse avec les nouveaux médias, qu’il s’agisse de YouTube (dont un premier programme spécifique sera présent au Festival) ou de Netflix, pour ne citer que les plus emblématiques.

Une réforme nécessaire

Ce constat (qui n’est hélas pas nouveau) d’une absence de renouveau de la fiction française a déjà eu l’occasion d’être souligné ici même, sur le blog High Concept. Couplé à la déstabilisation provoquée par l’arrivée massive des plateformes internationales, il rend d’autant plus nécessaire la réflexion sur la réforme à venir du secteur audiovisuel sur un ensemble de problématiques :

  • gouvernance des chaînes,
  • mode de nomination des PDG,
  • refonte du financement,
  • avenir du CSA,
  • chronologie des médias,
  • régulation du marché publicitaire,
  • relations producteurs-diffuseurs,
  • périmètre de France Télévisions,
  • transposition de la directive SMA,
  • etc…

« Réforme de l’audiovisuel : quelles orientations et quelles conséquences pour les acteurs publics et privés de la création ? » sera en effet le Grand débat de l’édition 2018 du Festival TV de La Rochelle, introduit par Françoise Nyssen, Ministre de la Culture, en présence de tous les diffuseurs.

Horizon francophone : la montée en puissance de l’Afrique

Parmi les autres débats proposés lors du Festival, il y aura notamment celui sur la problématique « Francophonie : comment dynamiser et développer la coproduction de fictions francophones ? » en écho à la création d’un nouveau prix de la meilleure Fiction Francophone Étrangère.

A rebours de ce que peut inspirer la production française et sur une note plus positive, la direction du Festival a tenu à mentionner la présence des séries Invisibles (Côte d’Ivoire), Oasis (Togo) et River Hôtel (Congo) parmi les 7 fictions francophones étrangères, soulignant en cela une vitalité et une montée en puissance du continent africain.

Si ces œuvres peuvent encore manifester un décalage avec les meilleures productions européennes, elles suggèrent une évolution qualitative très encourageante.

Vers un renouveau ?

Reste à espérer que le Festival tiendra toutes ses promesses.

Verdict avec la Cérémonie de Remise des Prix, le samedi 15 septembre ! Au sein de High Concept, nous porterons une attention spéciale au Grand débat. Alors que l’analyse de la crise économique de la fiction française ou bien de ses raisons prétendument culturelles conserve toute son actualité, que nous réserve la future réforme de l’audiovisuel ?

Assisterons-nous à des échanges toniques, à un vrai franc-parler des participants, à des prises de positions courageuses de nature à favoriser un renouveau salutaire… ? Espérons le.

 

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