En France, les trois acteurs de la fiction : auteur, producteur, diffuseur, réclament des réformes… pour conforter leur seule position. Comment sortir de cet immobilisme ?.
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États des lieux. Selon les rapports du CSA et les retours des producteurs sur la situation française, il ressort souvent :
(…) un déficit d’industrialisation des programmes de stock qui rend difficile la production de plus de 8 épisodes de séries TV ; sous-financement du développement ; question des charges sociales et contraintes liées aux conventions collectives qui régissent le secteur ; faiblesse du marché français en matière de distribution internationale.
(CSA, janvier 2016)
Nous rencontrons un vrai problème de fonctionnement du trio auteur-producteur-diffuseur, ce dernier détenant tous les pouvoirs dans un cercle non-vertueux :
- Des auteurs en qui on ne fait pas confiance manquent de technique et de savoir-faire industriel, n’arrivent pas à s’imposer et sont censurés.
- Des producteurs qui ne mettent pas d’argent propre mais se servent sur la vache en n’octroyant pas suffisamment de budget aux postes importants.
- Des diffuseurs dirigistes qui ont des audiences faibles, sont timorés et ne veulent pas s’engager sur des séries longues.
On ne résout pas les problèmes car on évite les questions qui fâchent en cherchant un coupable :
- Les auteurs accusent les chaînes de dirigisme, de formatage, de censure, et reprochent aux producteurs d’être trop pingres.
- Les chaînes accusent les auteurs d’être mauvais, se plaignent de porter 100% du financement et de n’avoir qu’une faible part de recettes.
- Les producteurs reprochent aux chaînes leur manque d’engagement et de visibilité sur le long terme qui ne leur permet ni de faire des économies d’échelle ni d’industrialiser la production des fictions en embauchant auteurs, acteurs et techniciens sur plusieurs années.
Dans un univers mondialisé et industrialisé, nous continuons à écrire et réaliser nos séries de façon précaire et non industrielle, comme des prototypes. Est-ce qu’en France on confondrait « industrialisation de la fiction » et « pouvoir » ?
« En passant d’un film unique de deux heures à 13 ou 26 épisodes à réaliser dans la saison, l’industrie cinématographique a compris que personne de pourrait mieux assurer l’identité et la cohérence stylistique d’un récit aussi long et complexe, que son propre créateur… Cela a pu se faire car le show-business américain est une culture productiviste centrée sur la recherche du succès et le respect du talent, pour la simple et bonne raison que c’est de là dont vient la qualité du produit, et donc le profit. »
(Neil Landau, showrunner américain)
À mon avis, les problèmes de la fiction française ne seront pas réglés tant que :
- Les diffuseurs ne permettront pas aux producteurs de s’investir sur plusieurs années pour faire les investissements nécessaires, dicteront aux auteurs ce qu’ils doivent écrire ou confondront intérêt privé et intérêt collectif.
- Les producteurs n’auront pas un minimum de trésorerie et de fonds propres pour bien financer et mettre l’argent où il faut.
- Les auteurs ne seront pas formés à l’écriture de la récurrence.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
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