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ScriptDoctor.frBlog du scriptdoctorgenre narratif ‒ littéraire ou cinématographique

genre narratif ‒ littéraire ou cinématographique

Ecrire le genre horreur : focus sur le personnage du zombie

Du film culte (« La nuit des morts-vivants » et « Zombie » de George A.Romero), aux blockbusters (de l’excellent « World War Z » de Marc Forster au beaucoup moins bon « Resident Evil » de Paul Anderson…) sans oublier « 28 jours plus tard » du talentueux Danny Boyle et bien sûr l’incontournable série télévisée « The walking Dead » tirée de la non moins formidable B.D éponyme de Robert Kirkman et Tony Moore…

Pour ne citer qu’eux, ces créatures nous fascinent plus encore que tout autre vampires, loups-garous ou autres monstres horrifiques qui ont pourtant également contribué à grand nombre de succès cinématographiques. Pourquoi les scénarios intégrant ces créatures fonctionnent-ils si bien au sein du genre horreur ?

Le zombie : une passerelle entre la vie et la mort.

Le mort-vivant en tant que tel se présente comme une alternative possible à notre phobie la plus extrême, celle dont personne ne peut échapper : la mort !

Ces créatures l’ont, d’une certaine façon, vaincue et même, s’il est vrai que revenir de l’au-delà sans pouvoir articuler deux mots et n’avoir pour seul et unique objectif que de se nourrir de chair humaine (ou tout au moins animale) n’est pas forcément la meilleure vision offerte de la vie éternelle, elle aurait tendance à nous rassurer et surtout nous fasciner puisque l’homme passe sa vie à tenter de vaincre cette créature omniprésente et sans pitié qu’est la grande faucheuse. Les morts-vivants reviennent de l’au-delà ! Comment ? Pourquoi ? Dans quel but ? (à compter qu’il y ait un)…

Tout autant de questions auxquelles ces œuvres tentent de répondre sans vraiment trouver d’explications plausibles. Mais en voulons-nous vraiment une ?

Le zombie : un exutoire face à nos fantasmes morbides inavouables.

« L’homme est un loup pour l’homme ». Les films de Zombie ont tous pour scènes inhérentes ces moments de carnages ou les humains assouvissent leurs instincts primaires en massacrant grand nombre de morts vivants l’esprit en paix puisqu’il s’agit de sauver leurs vies, d’une part et d’autre part, car ces créatures ne sont officiellement plus des êtres vivants.

Rappelez-vous cette séquence dans « Zombie » (« Dawn of the Dead ») ou un pseudo régiment, fusils en bandoulières, part en troupe « défendre l’humanité » et se livre à un carnage organisé de putréfiés au sein de la campagne. Ne vous évoque-t-elle pas cette autre scène de partie de chasse de « La règle du jeu » de Jean Renoir qui voulait ainsi souligner les affres de l’oisiveté d’une certaine aristocratie de l’époque.

Romero en fait de même dans « Zombie » en remplaçant les lapins par des morts-vivants. L’alibi est identique : l’homme à défaut de réguler la nature et l’écologie, tue pour sauver l’humanité et y trouve une extrême jouissance tout comme (hélas ?) le spectateur.

C’est ce côté « obscur » de notre nature qui est notamment mis en évidence dans « The walking Dead ». Les monstres ne sont finalement pas ceux que l’on croit. Livrés à eux-mêmes et dans l’obligation de reconstruire une société les instincts les plus sombres des hommes resurgissent : meurtres, viols, cannibalisme, torture, soumissions physiques et psychologiques…. Les morts-vivants sont finalement relégués au second plan et deviennent en quelque sorte spectateurs de notre barbarie.

Le zombie : le miroir de nos faiblesses et erreurs passées.

Fondement même du genre horreur ou le protagoniste paie ses actions négatives antérieures, le mort-vivant nous confronte à nos failles. Toujours dans « Dawn of the Dead » souvenez-vous de cette scène où l’on découvre des milliers de zombies errant autour d’un centre commercial comme si certaines habitudes passées demeuraient toujours en eux : « C’est une sorte d’instinct, un souvenir de ce qu’ils faisaient avant. C’était un lieu important dans leurs vies. » En plus d’une féroce critique du consumérisme, Romero pointe du doigt l’insignifiance de nos vies et nous renvoie à nos doutes, hontes et faiblesses : nous vivons tels des zombies la majorité de nos journées.

Au travers de tout ceci, on voit donc que le Zombie est à la fois un cas d’école et une exception du genre horreur tel qu’il est enseigné le plus souvent et notamment chez  High concept :

  • Il pousse l’homme dans ses retranchements et soulève des questions existentielles comme la nature de la mort (peut-elle être empêchée, détournée, repoussée…  ?), les côtés obscurs de l’être humain et ses grandes peurs, l’émancipation du passé…
  • Le GHOST (épreuve que le protagoniste n’a pas réussi à surmonter dans son passé et qui revient le hanter), élément essentiel et indispensable du genre horreur en général n’est ici que secondaire voir même souvent inexistant.
  • L’antagoniste véritable (le monstre) n’est pas le Zombie (qui reste un protagoniste faible, stupide et sans désir ni besoin véritable si ce n’est celui de se nourrir)  mais l’être humain lui-même dont les penchants pervers sont mis en exergue via la situation qu’il subit ou ses expériences passées (une forme de ghost ?).
  • Enfin, et c’est peut-être l’élément le plus paradoxal du genre horreur/Zombie, certaines erreurs rédhibitoires en général fonctionnent ici parfaitement : enchaînement des scènes gores, l’intrigue souvent simpliste et assez répétitive, l’arène réduite voir même un espace confiné laissant peu de latitude au héros pour réagir (souvenez-vous de la cave de « la nuit des morts-vivants »)….

Pour tout savoir sur l’écriture du genre horreur, n’hésitez pas à vous reporter à la masterclass vidéo dédiée écrire et vendre les genres fantastique et horreur.

L’horreur, le nouveau genre roi des scénaristes… français ?

Quoi qu’il en soit, le mort-vivant reste une source inépuisable de situations et d’idées pour le scénariste amateur du genre horreur. C’est tout d’abord une créature « contemporaine », ou du moins qui a vu sa notoriété exploser il y a seulement cinquante ans, même s’il est vrai que son « existence » remonte aux temps ancestraux du peuple haïtien et de ses croyances vaudou, il est plus facile pour l’auteur de relier et d’associer ces créatures à nos « démons » sociétaires actuels.

« La nuit des morts-vivants » à l’époque de sa sortie et même si Romero a toujours nié avoir eu cette intention, fut unanimement reconnue par les critiques comme un pamphlet contre le racisme. Les zombies sont le miroir des phobies qui gangrènent notre société contemporaine : la peur de l’autre, la fin du monde, le terrorisme et la radicalisation religieuse…

Comment ne pas comparer ces foules de migrants prêtes à tout pour passer les frontières aux hordes de morts-vivants de « World War Z » s’amassant frénétiquement pour franchir le mur de protection construit autour de Jérusalem ? Du S.D.F que personne ne regarde plus, au terroriste sans conscience au volant d’un camion ou harnaché d’une ceinture d’explosifs, sans oublier le salarié « connecté » à sa tâche huit heures durant, le constat est cruel et sans appel : nous sommes tous des zombies !

A bientôt pour un autre article et pour tous ceux et celles qui souhaiteraient creuser un peu plus le sujet, vous avez la masterclass dédiée à l’écriture de l’horreur et des articles gratuits de notre blog, comme celui sur le film d’horreur, comment créer un monstre qui fait peur.
Bonne lecture et n’hésitez pas à poster vos commentaires pour échanger avec la communauté HC.

Jusqu’à la garde : un film d’auteur français où on ne s’ennuie pas, c’est possible ?

Autant le dire tout de suite, le pitch, bien fidèle à ce genre de film, ne me tentait pas. Je ne vais pas au cinéma pour voir un fait divers sordide, j’y vais pour rêver, c’est d’ailleurs pour cela que je suis passionné de cinéma. Et puis les drames où l’on ne sourit pas, c’est comme les comédies où il n’y a pas de drame, ça m’emmerde.

Dans ce film, l’auteur nous livre une situation qui a lieu tous les jours dans notre pays : une femme essaye de protéger sa famille de son ex-mari violent. Rien d’exceptionnel.

Ajoutez à cela que tous les ingrédients chiants d’un film d’auteur français y sont présents : des plans interminables, des longs silences, l’absence de musique… Bref, il n’y avait aucune chance que j’en ressorte conquis.

Une leçon de cinéma avec une structure au carré

Pas si facile d’écrire un drama de nos jours, mais soulevons le capot de cette magnifique berline :

  • Un protagoniste principal : la mère.
  • Un second protagoniste : le fils.
  • Un antagoniste : le père.
  • Un déclencheur : le père obtient du juge la garde partagée du fils un week-end sur deux.
  • L’objectif et l’enjeu du protagoniste sont simples : se protéger du père, sans quoi il pourra frapper la mère et le fils à nouveau.
  • Comment ? (Voici l’annonce du plan, ce que nous appelons la tâche chez High concept) : en lui cachant l’endroit où ils habitent grâce aux mensonges du fils.
  • La crise arrive au moment où le père retrouve leur véritable adresse.
  • Le climax est efficace : le père force leur porte avec un fusil de chasse.
  • Le thème est la violence conjugale traité sur un mode thriller.
  • Le genre structurant est le drama (un genre particulièrement rémunérateur quand on sait bien l’utiliser, voir notre analyse de Flight).

La fiche technique du film est ainsi simple et claire. Bien que peu « originale », l’histoire est bien construite, ce qui la démarque déjà dans la sphère des drames d’auteur à la française.

Xavier Legrand (l’auteur-réalisateur)

Une caméra subjective pour explorer les codes du réel

L’auteur ne nous propose pas de voir le quotidien de cette famille déchirée, il nous offre la possibilité de nous y immiscer. On vit avec eux, on respire avec eux et on se retient de respirer avec eux.

Comment fait-il ? Il ne triche pas. Ici tout fait vrai, c’est la clé. Les personnages sont vrais. Il n’y a pas de méchants, pas de gentils, juste des gens qui souffrent. On devine qu’il a vu tout ce qu’il décrit. Il a fait un travail honnête. Il ne se moque pas de nous, il nous donne sa vision certes, mais une vision sincère, brute, pas ornée d’artifices. Ce film n’est pas prétentieux. On se sent respecté.

L’auteur dirige la caméra pour éviter d’avoir à diriger le spectateur. Tel un témoin invisible, elle s’invite dans l’intimité des personnages, mais avec discrétion, sans se faire remarquer, en regardant en dessous de la porte, lorsque l’aînée de la famille découvre qu’elle est enceinte, ou pardessus la baignoire, lorsque la femme et l’enfant se protège pour éviter un coup de fusil.

Ici, pas de plans trop rapprochés quand ils mangent des pâtes, on ne viole pas l’intimité des personnages, on est juste avec eux.

Une gestion de l’émotion

Des plans silencieux certes, mais parce que le silence en dit plus que tous les mots. Des plans longs certes, mais dans lesquels le temps est suspendu, pour laisser l’émotion s’installer, sans la forcer avec de la musique.

Le plan où le fils pleure de peur, dans la voiture de son père, ne doit pas être pollué par des mots. Le plan où il attend, allongé dans les bras de sa mère, en espérant que le père ne monte pas chez eux, ne doit pas être plus court.

Denis Ménochet (l’antagoniste)

Une maîtrise de la forme

Tout est juste : une structure solide, une réalisation sincère, le constat est simple, il n’y a aucune fausse note. Et pas seulement parce qu’il n’y a pas de musique.

Conclusion de l’expérience, le genre ne vaut que si l’histoire est bien construire. Xavier Legrand m’a permis de prendre conscience d’une chose : l’art c’est la maîtrise de la forme. Et quand on ne maîtrise pas parfaitement cette forme, on ne fait pas une œuvre d’art.

Maintenant, je n’ai plus le droit de dire que je n’aime pas les drames d’auteur français, juste que j’en vois rarement des bien faits. Qu’en pensez-vous ?

Ecrire un drama : de la bonne utilisation du Deus ex machina dans les Petits ruisseaux

Le genre drama a pour ambition d’observer un personnage dans son bocal : un quotidien à l’arène limitée. En effet, l’histoire se veut une étude psychologique qui pose la question suivante : Pourquoi ne peut-on pas être heureux ici-bas ?
Pour tout savoir sur le genre drama et la façon d’écrire des films d’auteur percutants, bankables, bref, des petits chefs d’oeuvre comme le cinéma français sait en produire, je vous conseille l’excellente masterclass dédiée au genre le plus prisé en France : Ecrire et vendre le genre drama avec des techniques fiables et efficaces.

Les petits ruisseaux, une structure de drama originale


Dans « Les petits ruisseaux » (film de Pascal Rabaté, tiré de la BD éponyme) le bocal, c’est Maizé, petit bourg de Maine et Loire. La vie d’Émile y est pétrifiée depuis la mort de sa femme, il ne fait qu’y survivre, tandis que son ami Edmond profite de la vie et vit une sexualité assumée. Le mal-être d’Émile s’intensifie avec la mort d’Edmond.

Le pitch : ÉMILE, veuf et petit retraité de Maine et Loire, voit sa vie sans surprise ébranlée quand il apprend par hasard que son copain de pêche Edmond continue à avoir une vie amoureuse trépidante, puis quand celui-ci est emporté par une crise cardiaque. Émile rencontre Lucie, la dernière maîtresse d’Edmond et, animé de désirs renaissants, entreprend de la séduire. Tout se passe pour le mieux mais Émile recule au moment crucial, terrassé par le souvenir de son épouse défunte et de son ami tout juste enterré. Décidé à en finir avec la vie, Émile part pour un dernier pèlerinage sur les lieux de son enfance…

Un double objectif dramatique

Si chaque genre est une variation du « 1-2-3© » (les trois fondamentaux de la dramaturgie théorisés par High concept  — cliquez ici pour savoir comment employer les 1-2-3 des 18 genres hollywoodiens), le drama est la seule structure qui donne à ses protagonistes deux objectifs dramatiques, pour donner l’illusion de la complexité du réel. Mettant en scène un personnage imparfait, marqué par le péché originel, cette structure vise à démontrer la difficulté de discerner ce qui est bon ou mauvais pour nous autres, pauvres mortels.

Effectivement, la révélation de la vie amoureuse secrète d’Edmond, puis son décès, arment dans l’histoire deux objectifs pour Émile :

  • un objectif conscient, désapprouvé par le spectateur : faire l’amour avec Lucie (le lecteur n’est pas sûr que ce soit la meilleure idée; Émile se met à désirer les femmes de ses amis…)
  • un objectif inconscient, approuvé par le spectateur : faire le deuil de sa femme en retrouvant l’amour véritable d’une femme qui lui convienne.

Émile va devoir régler son problème avec la sexualité, et son problème avec la mort. L’intrigue est lancée.

Rendre visuel un problème psychologique

Le 2 du 1-2-3© est une fonction dramatique destinée à éviter le ventre mou du film. Le principe est de trouver une tâche générale, visuelle, qu’Émile va devoir réaliser durant les deux tiers du récit, pour tenter d’atteindre son objectif conscient, puis atteindre son objectif inconscient.

Émile, fuyant Lucie, saute dans l’inconnu à la découverte d’un nouveau monde. Suite à un quiproquo, il se croit mort et arrive rapidement dans un paradis terrestre hippie. Au contact de ses nouveaux amis, il va retrouver la joie de vivre au présent, faire son deuil et dépasser le tabou de la sexualité au 3° âge (thème du film). Il retrouve ainsi le courage de déclarer sa flamme à Lucie. Alors qu’il va se coucher en fantasmant ses retrouvailles avec Lucie, Émile reçoit la visite de Léna qui lui offre une nuit d’amour. À l’aube, il quitte le monde enchanteur où il a passé ces 3 jours de résurrection, pour retourner dans le monde réel; l’entrée puis la sortie dans ce monde ayant fait vivre à Émile l’expérience de la mort.

Un Deus ex machina

Habituellement dans un drama, le personnage n’atteint pas son objectif conscient au climax, mais plutôt son objectif inconscient (lire le billet de ma collègue Julie Salmon pour en savoir plus sur cette ironie dramatique générale). C’est bien le cas dans Les petits Ruisseaux. Émile ne séduira pas Lucie mais fera le deuil de sa femme, grâce à un beau Deus ex machina déguisé habilement par l’auteur.

C’est un événement de nature divine qui vient clôturer le récit, quand le plan de séduction d’Émile est contrarié par un accident de voiture… qui nous fait craindre sa mort mais lui montre en réalité que Lucie n’est pas la femme qu’il lui faut (tout en lui en présentant une autre, qui lui conviendra mieux). Émile est maintenant cloué sur un lit d’hôpital et va utiliser ses nouvelles compétences pour conquérir le cœur de… Lyse.

Pourquoi ne peut-on pas être heureux ici-bas ? Le genre drama répond à cette question ainsi : nous avons toujours le choix de suivre la bonne voie, qui nous conduira à la bienveillance divine. Le Deus ex machina est ici parfaitement justifié et nous rappelle la justesse du proverbe : « aide-toi, le ciel t’aidera ». Quant à Lucie, Léna, Lyse, elles sont aussi une forme de trinité. Toutes trois « Elle », elles lui ont été nécessaires pour trouver celle qui manquait tant à sa vie, comme le « L » de sa liberté d’agir retrouvée.

Pour en savoir plus sur la création de structures originales, n’hésitez pas à vous reporter à la masterclass dédiée : au High concept et comment trouver un concept fort !

A bientôt sur le blog 🙂

Ecrire le conte : analyse du château ambulant

Le château ambulant est un film qui se regarde avec plaisir. Les spectateurs sont d’abord séduits par l’univers de l’œuvre qui propose un dépaysement total, aussi bien géographique, temporel que culturel. Parmi les stratégies adoptées pour « kidnapper » le spectateur, l’univers visuel du Studio Ghibli reste inégalé, magique, poétique. En tout cas, moi je suis quasiment conquise à tous les coups ! La technique d’animation utilisée pour faire mouvoir le château au look steampunk relève d’une belle prouesse.

Structure du récit film Le château ambulant

Analysons la structure de cette œuvre selon la méthode 1-2-3© de High concept (formation socle, pack 10 formations).

Le 1 du 1-2-3© du Château ambulant

SOPHIE, une chapelière qui a peu confiance en elle, souffre de ne pas bénéficier d’une beauté sophistiquée. Elle vit dans une ville qui se prépare à une guerre imminente. Accostée lourdement par un soldat, dont SOPHIE a du mal à se défaire, un beau et charismatique magicien au nom de HAURU lui vient en aide. La SORCIÈRE DES LANDES, témoin de la scène et follement amoureuse du magicien, s’en prend à la pauvre SOPHIE et par jalousie lui jette un maléfice. La jeune fille est alors transformée en vieille femme, ridée, cheveux gris, voûtée. Prisonnière d’une malédiction dont elle ne peut pas parler, elle décide de s’éloigner de la ville à cause de sa nouvelle apparence.

Avec le personnage de SOPHIE, une vieille femme au cœur d’enfant, Miyazaki aborde les thèmes de la jeunesse et de la vieillesse avec brio.

N’importe quel collègue scénariste sait qu’un récit est, fondamentalement, la poursuite d’un objectif par un personnage. Toutefois, il est parfois malaisé de désigner cet objectif dans les œuvres subtiles telles que Le château ambulant. Au premier abord, le déclencheur du récit parait être la malédiction lancée contre la pauvre SOPHIE. La bande annonce américaine du film (ci-dessus) insiste d’ailleurs lourdement sur cet événement.

Mais un plan essentiel de cette bande annonce est à prendre en considération avant, au moment précis où la voix du narrateur nous promet un conte épique (epic tale) : celui de la rencontre entre SOPHIE et HAURU, le chevalier servant de cette histoire, qui est la cause de tout. Car si Le château ambulant est un conte fantastique, il possède surtout une structure cachée d’histoire d’amour, beaucoup plus hollywoodienne qu’il n’y paraît [1].

L’objectif de SOPHIE est d’être aimée du prince charmant, telle une bonne vieille Cendrillon, et la subtilité du récit réside dans le fait que SOPHIE l’ignore un temps (ironie dramatique).

Le 2 du 1-2-3© du Château ambulant

Les choses se compliquent quand, grâce à un ÉPOUVANTAIL visiblement maudit lui aussi, SOPHIE croise la route du château (ambulant) de HAURU et s’invite dans sa drôle de maison faite de bric et de broc. Elle y rencontre CALCIFER le démon du feu. Ce dernier, qui fait bouger le château, se dit être exploité par HAURU à cause d’un sortilège dont il est prisonnier. CALCIFER comprend que SOPHIE est victime elle aussi d’une malédiction et passe un marché avec elle : si SOPHIE découvre le secret qui lie HAURU à CALCIFER, ce dernier à son tour la libérera de sa malédiction.

SOPHIE s’auto proclame femme de ménage de la maison et parvient à faire accepter sa présence auprès de HAURU duquel elle tombe progressivement amoureuse. Elle nettoie, fait la lessive et les courses tout en découvrant les spécificités du fameux château qui a une porte permettant de communiquer avec des villes différentes. Ses sentiments et sa confiance retrouvée lui permettent de retrouver, par moments, sa véritable apparence.

HAURU, qui se dit être un froussard en se cachant de la SORCIÈRE DES LANDES et en endossant plusieurs identités pour éviter de prendre part à la guerre, envoie SOPHIE auprès de SULLIMAN, la conseillère royale qui cherche à l’enrôler dans leur armée. SOPHIE se fait passer pour la mère de HAURU. La SORCIÈRE DES LANDES, également présente, est privée de pouvoirs et rendue inoffensive et sénile, mais SULLIMAN, sous ses airs de conseiller d’une grande sagesse et aux traits doux, s’avère être un personnage terrible qui tient à ce qu’on lui obéisse. L’entrevue tourne court, SOPHIE et HAURU se retrouvent poursuivis par la garde royale.

SULLIMAN parvient à retrouver le château et tente de le détruire pendant l’absence de HAURU qui a pris conscience de l’importance de SOPHIE pour lui. Il prend part à la guerre pour la protéger.
Miyazaki nous parle très vite d’un pacte entre CALCIFER et HAURU (si SOPHIE parvient à le défaire, elle en sera également bénéficiaire et retrouvera son apparence).

Cependant dans le cœur du récit, à aucun moment SOPHIE ne cherche à libérer CALCIFER et HAURU de leur malédiction et encore moins à se libérer de la sienne.

En effet, si sa tâche n’est pas déclinée en rapport avec la partie fantastique du récit, elle est toute entière consacrée à l’histoire d’amour cachée. Quoi de plus dramatique que de côtoyer l’être aimé, mais en tant que simple femme de ménage et sous des traits hideux ? La thématique des transformations et faux semblants, véritable fil rouge thématique du film est, à mon sens, remarquablement tissé. On assiste à une véritable valse incessante d’identités de tous les personnages.

Il est aussi intéressant de constater que l’antagoniste change. La terrible SORCIÈRE DES LANDES, qui déclenche la malédiction de SOPHIE et qui lance l’histoire, est rapidement désamorcée. C’est un autre personnage, SULLIMAN, qui reprend ce rôle d’antagoniste externe. Là encore, si ce choix peut dérouter, il est tout à fait justifié si l’on considère que dans une histoire d’amour, l’antagoniste principal est surtout l’être aimé.

Le 3 du 1-2-3© du Château ambulant

Contre toutes attentes, après la destruction du château, SOPHIE trouve un passage qui lui permet de remonter le temps et ainsi assister à la naissance du pacte entre CALCIFER, démon venu sur terre telle une étoile filante, et HAURU, jeune. L’enfant offre son cœur au démon et le second reste prisonnier de celui-ci. SOPHIE a maintenant les clés pour les libérer tous les deux et leur crie de l’attendre dans le futur.

Revenue au temps présent, HAURU métamorphosé en oiseau au regard vide l’attend. SOPHIE n’a plus peur, l’embrasse et lui demande de l’amener auprès de CALCIFER. Ce dernier renferme en son foyer le cœur de HAURU qu’elle s’empresse de lui remettre dans son corps, libérant ainsi les deux « partenaires ». Elle libère également l’ÉPOUVANTAIL d’un baiser. Ce dernier se transforme en un jeune prince, victime lui aussi d’une malédiction. Il s’empresse de rentrer chez lui pour faire arrêter la guerre causée par sa disparition. SULLIMAN témoin de ce dénouement heureux, décide elle aussi de mettre fin à cette guerre. Le château reconstitué vole à présent. HAURU et SOPHIE vivent leur amour au grand jour.

FIN.

Dans la dernière partie du film, SOPHIE découvre enfin la clé du pacte entre le magicien et le démon et, par cette trajectoire personnelle, elle retrouve enfin son apparence de jeune fille (même si elle garde les cheveux gris, trace de sa malédiction).

Comme à son habitude, Miyazaki met en avant des personnages féminins sensibles et forts à la fois [2]. Ses héroïnes jouissent de la pureté d’âme de leur jeunesse et sont en pleine quête d’accomplissement. Le fait qu’elles ne soient pas dotées, comme SOPHIE, d’attraits sexuels particuliers, est une qualité supplémentaire qui nous permet de nous identifier plus facilement à ces personnages. Une histoire d’amour étant celle d’un couple, HAURU possède également une trajectoire intéressante : un temps lâche, il se virilise durant le récit en partant à la guerre, par amour pour SOPHIE.

Quand les attributs traditionnels du chevalier servant et de la jeune princesse sont retrouvés, SOPHIE et HAURU peuvent s’aimer. Même SULLIMAN finit amadouée par cette fin heureuse, participant elle aussi à ce happy end, fort anglo-saxon, qui nous rappelle que Hayao Miyazaki adapte ici Howl’s Moving Castle, un roman anglais de Diana Wynne Jones.

Si vous aussi, vous souhaitez pouvoir comprendre en détail et écrire un conte ou un mythe avec efficacité et rapidité, n’hésitez à investir dans notre masterclass dédiée à l’écriture du conte et du mythe.

Ce choix est peut-être une composante du succès occidental du film du « Disney japonais ». Qu’en pensez-vous ?

  • Note HC sur le marché japonais
  • [1] Contrairement à l’Inde dont le cinéma est hermétique à la narration occidentale (et donc souvent déroutant pour nous), le Japon est fortement influencé par Hollywood depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Dès les années 60, le Japon figure dans le top 15 export markets du magasine Variety, qui représente 80% des recettes extérieures des majors, et figure à la première place à partir de 1984. La prolifération des chaînes satellites et l’arrivée massive de la vidéo au Japon à cette date est un appel d’air aux productions américaines, dont les diffusions sont peu onéreuses. En 1985 par exemple, le marché le plus important de [abbr title= »United International Pictures »]UIP[/abbr] est bel et bien le marché japonais. ⇡
  • [2] Le public des salles japonaises est surtout féminin, principalement composé d’adolescentes et de jeunes femmes. ⇡
  • Source : MINGENT, Nolwenn. CNRS éditions.
  •  

Black list : 6 tendances scénario à Hollywood

La black list 2013 contient 72 scénarios de long métrage sélectionnés par plus de 250 professionnels. L’association, dont le blog officiel (Go into the story) est tenu par Scott Myers, compte aujourd’hui plus de 2200 membres (agents, cadres des studios, scénaristes, producteurs, lecteurs, etc.) et représente une bonne indication des tendances à Hollywood car elle reçoit près de 12000 scénarios chaque année ! Je conseille également à tous les scénaristes le black board, modéré par Shaula Evans, qui permet aux professionnels de l’association et à d’autres d’échanger sur le plus beau métier du monde… et ses difficultés.

La liste 2012 incluait Transcendance écrit par Jack Paglen dont voici le trailer :

Rodham, écrit par Young II Kim, faisait également partie de l’avant dernier cru. Ce projet suscite de grandes attentes et raconte le biopic des jeunes années d’Hilary Rodham Clinton, alors qu’elle était une jeune avocate de l’Arkansas pendant le scandale du Watergate. James Ponsoldt est attaché à la réalisation et Carey Mulligan a été approchée pour jouer la jeune Hilary.
Un de mes billets de 2012 éventait quelques autres pitchs : Marché du film : à quand les spec scripts français ? En 2011, la liste incluait Django Unchained et Saving M. Banks. Trois des cinq derniers films vainqueurs des Oscars faisaient partie de la Black List, comme l’étaient également sept des douze derniers scénarios oscarisés.

Selon THR, 68 % de la récolte de chaque année trouve un producteur, tandis que 33 % des projets obtiennent un financement.

Quelles sont les tendances de 2013, c’est à dire des films que vous verrez peut-être en 2014 et 2015 ?

  1. Le retour en force du Biopic
  2. Sur les 72 scénarios retenus, 20 sont basés sur des faits réels ou des biographies. Steven Spielberg et M. Rogers (animateur et producteur TV US) font d’ailleurs l’objet chacun de deux scénarios :

    • (13 votes) The Mayor of Shark City de Nick Creature et Michael Sweeney. Quand un tournage difficile se transforme en cauchemar vivant, un jeune réalisateur ambitieux doit faire face à ses plus grandes craintes pour transformer une production en difficulté dans le plus grand film de tous les temps. Non loin de Cap Code pendant l’été 1974, c’est l’histoire inédite des coulisses du tournage du film JAWS.
    • (10 votes) The Shark Is Not Working de Richard Cordiner. Lorsque son heure arrive enfin de percer à Hollywood, un jeune cinéaste idéaliste, Steven Spielberg, risque d’échouer à terminer son film JAWS quand son requin mécanique de 25 pieds cesse de fonctionner.
    • (12 votes) A Beautiful Day in the Neighborhood d’Alexis C. Jolly. Situé dans les années 1950 à Manhattan, Fred Rogers, un jeune homme naïf travaillant pour la chaîne NBC devient le célèbre animateur de l’émission pour enfants de son quartier, le PBS show.
    • (10 votes) I’m Proud of You de Noah Harpster et Micah Fizerman-Blue. D’après le roman autobiographique éponyme de Tim Madigan. Un journaliste qui enquête sur le rôle de la télévision dans la tragédie de Columbine, interviewe le présentateur TV M. Roger. Alors qu’une amitié se développe entre eux, le journaliste se retrouve confronté à ses propres problèmes à la maison.

  3. Explorer les coulisses
    • Un autre spec se concentre sur les coulisses d’un des plus célèbres programmes spatiaux : (19 votes) The Golden Record d’Aaron et Jordan Kandell. L’histoire vraie de Carl Sagan qui est tombé amoureux alors qu’il devait mener à bien la mission la plus sauvage de l’histoire de la NASA : graver un disque d’or pour encapsuler l’expérience de la vie humaine à destination de potentiels extraterrestres.
    • un spec raconte les coulisses de l’écriture d’Alice au Pays des Merveilles : (15 votes) Queen of Hearts de Stephanie Shannon. Un professeur d’Oxford, Charles Dogson (Lewis Carroll) raconte de belles histoires à la fille du doyen, Alice, et à ses soeurs, tout en tombant amoureux de leur mère.
    • Un autre spec se concentre sur John McEnroe : (17 votes) Superbrat d’Eric Slovin et Leo Allen. La vie du capricieux champion de tennis John McEnroe est aspirée dans une dangereuse et ridicule procédure judiciaire pendant le tournoi de Wimbledon 1980.
    • Un autre explore la vie de Chris Kyle : (8 votes) American Sniper de Jason Dean Hall. D’après l’autobiographie éponyme de Chris Kyle. L’histoire du plus meurtrier des snipers de l’Armée US.
    • Un dernier pour l’exemple relate un pan de la vie de Stanley Kubrick : (13 votes) 1969 : A Space Odyssey or How Kubrick Learned to Stop Worrying and Land on the Moon de Stephany Folsom. Suite aux difficultés que rencontre le programme Apollo et aux menaces de guerre nucléaire avec les Soviétiques, une jeune attachée de presse conspire avec le Bureau des Affaires publiques de la NASA pour mettre en scène un faux alunissage au cas où Armstrong et Aldren échoueraient, le but étant de susciter l’enthousiasme du public pour aider les US à gagner la guerre froide. Mais l’attachée de presse est vite confrontée à un défi encore plus grand : filmer le faux atterrissage lunaire avec le capricieux Stanley Kubrick.

    D’autres specs traitent les moments clés de la vie de David Foster Wallace, d’Oscar Wilde, de Bill Watterson (le créateur de Calvin et Hobbes), etc. Mais finie l’époque des biopics qui traitent la vie du personnage du berceau à la tombe. Aujourd’hui, les auteurs préfèrent se concentrer sur un moment important comme pour Le Discours d’un roi ou même Saving M. Banks (qui se focalise sur la rencontre de W. Disney et P.L. Travers, au moment où il veut adapter Mary Poppins (écrit par Kelly Marcel et Sue Smith) dont voici la bande annonce française :

  4. Les affaires d’espionnage et les complots d’État retrouvent de l’intérêt
  5. Sur les 72 scénarios retenus, une dizaine de specs évoque sous différents genres, cette même thématique :

    • (44 votes) Section 6 d’Aaron Berg. Une exploration des Services secrets et des services de renseignements anglais, et plus particulièrement de la Section 6, plus connue sous le nom du MI6.
    • (20 votes) The Independent d’Evan Parter. Quand, pour la première fois dans l’histoire US, un candidat indépendant a des réelles chances de remporter l’élection présidentielle, un jeune journaliste idéaliste met à jour une conspiration qui place le sort de l’élection, et du pays, entre ses mains.
    • (16 votes) The Civilian de Rachel Long et Brian Pittman. Après s’être fait voler son identité par un agent secret undercover, un médecin US doit assumer la mission dangereuse de ce dernier afin de blanchir son nom.
    • (10 votes) The Company Man d’Andrew Cypiot. Un agent de la CIA, Edwin Wilson, doit aller derrière les lignes ennemies pour sécuriser un contrat d’armement et faire du renseignement pour la CIA juste après la guerre froide. Il a une ascension fulgurante jusqu’à ce que la politique de la CIA change et qu’il soit viré sans ménagement. Il décide de poursuivre ses activités pour devenir un apatride dans le viseur du bureau du Procureur qui en fait l’ennemi public numéro 1.
    • (9 votes) Randle Is Benign de Damien Ober. Nous suivons une femme dans les années 80 qui travaille dans une entreprise de type IBM, à la pointe de la recherche sur l’intelligence artificielle. Lorsque son projet (nommé RANDLE) atteint un jalon important indiquant qu’elle a peut-être effectivement construit une Intelligence Artificielle qui fonctionne, son projet est repoussé sans raisons aux calendes grecques par le mystérieux PDG de l’entreprise. Alors qu’elle s’acharne sur l’agenda de l’entreprise, elle apprend qu’il y a peut-être un lien entre son projet et la tentative d’assassinat sur Ronald Reagan de 1981.
    • (9 votes) The Crown de Max Hurwitz. En échange d’une peine de prison plus légère, un jeune hacker accepte de travailler pour le FBI afin de trouver et voler un super virus informatique en infiltrant une équipe de pirates qui ne se doute de rien.
    • (8 votes) Inquest de Josh Simon. Après la mort de la princesse Diana, un enquêteur réticent est engagé pour déterminer si sa mort était préméditée. Dans son enquête, il commence à découvrir un complot qui compromet sa propre sécurité.
    • (8 votes) Time & Temperature de Nick Santora. D’après une histoire vraie. Dale Julin (un animateur de seconde zone de la Matinale de Fresno) tombe sur le plus grand scoop de sa carrière — bien qu’il n’ait jamais été un vrai journaliste pendant plus de la moitié de sa vie— et risque sa sécurité et son mariage pour révéler qu’une petite bombe atomique a explosé dans la vallée centrale de la Californie au cours de la guerre de Corée, un secret qui a été caché pendant des décennies.
    • (6 votes) Bury the Lead de Justin Kremer. Un journaliste désespéré d’attirer l’attention concocte une histoire incroyable qui se retrouve ironiquement vraie, le propulsant dans un monde souterrain dangereux fait d’assassinats et de chaos.

  6. Vous avez dit cancer et autres catastrophes de la vie ?
  7. Quoi de mieux qu’un enjeu de vie ou de mort pour muscler un drama. Voici une petite sélection des pitchs qui utilisent cette thématique :

    • (39 votes) Frisco de Simon Stephenson. Une pédiatre allergologue de quarante ans, spécialisée dans les noisettes, en plein divorce, apprend des leçons de vie d’un de ses malades de 15 ans en phase terminale lorsqu’elle annule un voyage d’affaires pour une conférence à San Francisco où elle était censée se rendre pendant le WE.
    • (27 votes) A Monster Calls de Patrick Ness. Un adolescent flanqué d’une mère célibataire en phase terminale d’un cancer, commence à avoir des visions d’un monstre arboré, qui lui dit des vérités sur la vie en lui racontant trois histoires, qui l’aident paradoxalement à faire face à ses émotions durant l’agonie de sa mère.
    • (22 votes) Shovel Buddies de Jason Mark Hellerman. Pendant vingt quatre heures, quatre amies adolescentes tentent de compléter la « Shovel List » (une liste de gens et choses qu’on peut faire avec une pelle) laissée à leur intention par leur meilleur ami avant qu’il ne meure de sa leucémie.
    • (6 votes) The Remains de Meaghan Oppenheimer. Trois anciens amis d’enfance avec une histoire compliquée se retrouvent pour répandre les cendres de leur ami récemment décédé.
    • (8 votes) Cake de Patrick Tobin. Une femme qui souffre de douleurs chroniques depuis l’accident de voiture qui a coûté la vie de son enfant, trouve la volonté d’aller là où on ne l’attendait pas.
    • (8 votes) Elsewhere de Mikki Daughtry et Tobias Iaconis. Après la mort de sa petite amie lors d’un accident de voiture, un homme finit par trouver sa véritable âme soeur. Il se réveille alors d’un coma et apprend que sa vie parfaite n’était qu’un rêve, il devient déterminer à le faire devenir vrai.
    • (7 votes) Make a Wish de Zach Frankel. Un ado de 14 ans en phase terminale d’un cancer a une dernière chance de perdre sa virginité quand il convainc malgré ses réticences une star du foot de l’aider à draguer.
    • (6 votes) Free Byrd de Jon Boyer. Après que les médecins lui ait prédit une démence rapide, un retraité quinquagénaire ancien cascadeur motocycliste veut effectuer un dernier saut.

  8. La vengeance comme objectif dramatique
  9. À la mode cette année, plusieurs specs utilisent cette thématique pour motiver leurs personnages.

    • (24 votes) Sovereign de Geoff Tock et Greg Weidman. Un homme va dans l’espace pour détruire un vaisseau qui semble être responsable de la mort de sa femme.
    • (20 votes) Pox Americana de Frank John Hughes. Pendant le Far West, un groupe de soldats partent en mission pour massacrer une tribu pacifique en représailles d’une précédente attaque faite par une autre tribu en accord avec des blancs, seulement pour se retrouver aux mains d’une maladie dévastatrice.
    • (14 votes) Broken Cove de Declan O’Dwyer. Après qu’il a retrouvé son frère brutalement assassiné, un homme qui veut à tout prix se venger, retourne dans son village de pêcheurs Irlandais décrépit avec pour seule arme, une liste mystérieuse de noms que son frère a laissé derrière lui.
    • (15 votes) Burn Site de Doug Simon. Après avoir perdu sa belle-fille suite à un assassinat, un beau-père remue son passé sombre et violent pour retrouver son assassin.
    • (14 votes) Gay Kid and Fat Chick de Bo Burnham. Deux anciens lycéens marginaux deviennent des justiciers costumés afin de se venger des élèves qui les avaient martyrisés au lycée.
    • (13 votes) Where Angels Die d’Alexander Felix. Un ouvrier blanc dur à cuire des bidonvilles de Détroit mène une vendetta personnelle violente et dangereuse quand il décide de protéger une femme (et sa petite fille) de son petit-ami récemment incarcéré et infecté par le sida après qu’il a massacré brutalement un club de strip minable dans un accès de rage.
    • (7 votes) Dig d’Adam Barker. Après que leur méchant beau-père a kidnappé ses filles, SOL, un montagnard dur à cuire, décide de franchir les Appalaches pour chercher vengeance.

  10. Les bons mystères font toujours recette
  11. Constante éternelle, les intrigues à mystères surnaturels ou pas, sont toujours un bon hameçon pour intriguer les lecteurs en recherche de nouveautés.

    • (19 votes) Faults de Riley Stearns. Un expert des mouvements sectaires est engagé par un père et une mère pour kidnapper et déprogrammer leur fille enrôlée dans une secte. Il ne tarde pas à soupçonner les parents d’être plus destructeurs que le culte dont il doit émanciper la jeune fille.
    • (13 votes) Autopsy of Jane Doe de Richard Naing et Ian Goldberg. Dans la morgue d’une petite ville, un duo de coroners père et fils doivent faire leur enquête sur la mort d’une belle et jeune mystérieuse inconnue. Quand ils tentent de comprendre comment elle est morte et qui elle est, ils découvrent des indices de plus en plus bizarre, qui détiennent la clé de secrets terrifiants.
    • (12 votes) Ink and Bone de Zak Olkewicz. Quand une jeune éditrice se rend au domicile d’un écrivain d’horreur afin qu’il lui remette la fin de son manuscrit, elle constate que l’auteur est pris en otage par ses propres créations.
    • (10 votes) Seed de Christina Hodson. Après une fausse-couche dévastatrice, une jeune femme et son fiancé voyagent en Italie où elle rencontre sa belle famille pour la première fois. Mais sa récente douleur se transforme en choc quand un médecin local lui apprend qu’elle est toujours enceinte. Alors que son fiancé et sa famille semblent enchantés par la nouvelle, elle commence à soupçonner que leurs vrais motifs sont sinistres.
    • (9 votes) Tchaikovsky’s Requiem de Jonathan Stokes. Alors qu’il doit se préparer pour interpréter la symphonie finale de Tchaikovsky, un chef d’orchestre enquête sur la mort apparemment non naturelle du grand compositeur seulement pour découvrir les mystères de l’homme lui-même.
    • (8 votes) Clarity de Ryan Belenzon, Jeffrey Gelber. Et si le monde se réveillait demain en ayant la preuve scientifique de l’au-delà.
    • (8 votes) Revelation de Hernany Perla. La psychiatre du pénitencier parle à un condamné à mort sur ​​le point d’être exécuté qui prétend être le seul à pouvoir empêcher la fin du monde. Comme elle commence à enquêter sur les prévisions, la psy découvre que ces dernières sont étrangement précises et que le condamné pourrait bien être une figure centrale dans les événements à venir.
    • (8 votes) Capsule d’Ian Shorr. La vie d’un jeune homme est bouleversée quand il commence mystérieusement à recevoir des capsules métalliques contenant des messages de lui-même qui viennent du futur.

  12. Mes petits préférés : les comédies
  13. D’après le créateur de la liste, le secret pour réussir un bon spec script est :

    « Produce a good story well told with emotional content and real people, and you’ve got a darn good chance of the industry taking notice. »

    En faible nombre par rapport aux années précédentes, les comédies proposées en 2013 sont pour la plupart des low concepts, ceci expliquant peut-être cela…

    • (46 votes) Holland, Michigan d’Andrew Sodroski (le grand gagnant de la dernière édition). Quand une femme mariée traditionnelle du Midwest soupçonne son mari d’infidélité, elle engage un détective privé amateur pour éclaircir l’affaire.
    • (18 votes) Sweetheart de Jack Stanley. Une jeune tueuse tente d’échapper à son milieu seulement pour se retrouver dans un plus grand danger après une réunion d’anciens du lycée et un coup d’un soir.
    • (11 votes) The Killing Floor de Bac Delorme et Stephen Clarke. Quand un vétéran de la guerre ouvrier d’un abattoir et son ami découvrent une petite fortune en héroïne cachée à l’intérieur d’une vache, ils intriguent pour garder leur trouvaille et encaisser l’argent afin de sauver la maison du grand-père des méchants qui veulent y installer leur trafic.
    • (8 votes) Fully Wrecked de Jake Morse et Scott Wolman. Une voiture parlante des années 80 est remise en service pour faire équipe avec le fils de son ancien partenaire et conducteur, un flic embrouillé qui cherche à gagner ses galons.
    • (8 votes) The Politician de Matthew Bass et Theodore Bressman. Un gouverneur déchu et son complice sous-doué prennent ​​la fuite alors qu’ils ont aux fesses le FBI, des US Marshals, et un gang de trafiquants de drogue endurcis.
    • (6 votes) Beauty Queen d’Annie Neal. Une femme mariée malheureuse en ménage et sa meilleure amie partent sur les routes vers Las Vegas pour participer au concours de Miss Married America.

Quand on se trouve à l’extérieur du métier, on a l’impression de voir sans arrêt de nouveaux films, de nouvelles séries, etc. ce qui fait penser qu’il suffit parfois d’écrire une histoire pour réussir à percer. Or, une fois dans le cénacle, vous réalisez que c’est bien plus compliqué que ça, c’est pour cela que très peu de projets obtiennent leur billet pour entrer en production. Pour maximiser ses chances, il faut donc rendre son histoire la meilleure possible. En lisant les différents pitchs proposés, vous vous ferez ainsi une idée de ce qui a pu séduire les producteurs hollywoodiens tout en constatant que le niveau de l’industrie baisse un peu cette année. Beaucoup de pitchs me semblent ainsi faibles ou déjà faits… Et vous, qu’en pensez-vous ?
P.S.: le saviez-vous ? La Black list a été baptisée ainsi par Franklin Léonard parce qu’il est afro-américain…

White House Down VS La chute de la Maison Blanche : deux films, un même pitch…

En Mars de l’année dernière, Sony Pictures et Millennium Films ont acheté chacun un spec script décrit comme « Die Hard à la Maison Blanche ». Ils ont abouti respectivement à White house down et Olympus has fallen (La chute de la Maison Blanche en VF), sortis à trois mois d’écart. Verdict ? Deux bons nanars qui ne marqueront pas l’histoire du cinéma. Explication.

Pitch contre pitch

  • Olympus Has Fallen

    Tagline : « When our flag falls our nation will rise ».
    Pitch : Quand la Maison Blanche est prise d’assaut, MIKE BANNING, un ancien membre de la garde présidentielle mis au placard pour avoir laissé mourir la première dame dans un accident de voiture, tente de racheter sa faute et de sauver le Président et son fils en réussissant à se faire prendre au piège à l’intérieur de la Maison Blanche assiégée, dans le sillage de l’attaque des TERRORISTES NORD CORÉENS.
    Le film est réalisé par Antoine Fuqua qui est surtout connu pour l’excellent Training Day (2001) et le très très bon Finest of Brooklyn (L’élite de Brooklyn) (2010).
  • White House Down

    Tagline : « It will start like any other day ».
    Pitch : JOHN CALE, policier au Capitole, vient de rater son entretien d’embauche pour intégrer le service de ses rêves : la garde présidentielle. Ne voulant pas décevoir sa fille, c’est donc en tant que simple touriste qu’il l’emmène faire une visite de la Maison Blanche… devenant ainsi le seul à pouvoir sauver le président, sa fille et le pays lorsque le complexe est soudainement pris d’assaut par un groupe paramilitaire à la solde D’UN LOBBY DE FABRICANTS D’ARMES qui souhaite relancer la guerre au moyen-orient.
    Le film est réalisé par le maître du blockbuster, Roland Emmerich, dont la filmographie comprend un de mes films préférés, Stargate (1994) et le très bon film catastrophe The Day After Tomorrow (Le jour d’après, 2004).

Rendons à Die Hard…

  • Les utilisateurs de notre méthode le savent, le film d’action est un genre subtil (seule masterclass dédiée sur le marché français) qui ne se fonde pas sur la toute puissance de son héros, mais au contraire sur l’échec inévitable de ce dernier à s’opposer à un opposant tout puissant (« à vaincre sans péril on triomphe sans gloire » écrivait Corneille). Étant donné que ce genre est un aveu d’impuissance, il est transcendé quand le méchant exprime les peurs de nos contemporains (cf. mes précédents conseils pour écrire un bon méchant).
    C’est le cas dans Die Hard par exemple, la référence encore inégalée en matière d’action en huis-clos. Prêtez attention à la présentation du méchant, HANS GRUBER, dans la bande-annonce originale :

    Depuis l’entreprise japonaise qui vole les parts de marché des sociétés américaines sur leur propre territoire (et accessoirement l’ex-femme au foyer du héros) jusqu’au faux-terroriste activiste qui n’a de cause que celle l’argent, tout le film exprime en fait la peur, bien réelle à l’orée des années 90, d’un capitalisme amoral et mondialisé.
  • Tel est le paradoxe de notre métier : inventer, imaginer et aussi tromper, bien sûr, pour mieux divertir… mais également pour dire une vérité sur notre monde. Or les méchants de Olympus(…) et de White House down n’incarnent aucune peur, aucune réalité. Ce sont des Diablos ex-machina, des pantins déconnectés des dangers du monde moderne dans lequel nous vivons.
    Pour l’un, on ne sait s’il faut rire ou pleurer quand la Maison Blanche est assaillie par des terroristes nord-coréens dont le but est d’éliminer les (rares) troupes américaines présentes dans la péninsule coréenne afin de permettre à la guerre civile de mettre fin au conflit entre le Nord et le Sud (sic). La motivation supplémentaire du chef des terroristes est de faire exploser des ogives nucléaires dans leurs silos afin de faire de l’Amérique une friche irradiée. Au nom de quelle idéologie ou vengeance ? Mystère…
    Pour l’autre, le lobby militaro-industriel US (que nous ne verrons jamais) veut, lui, lancer ces mêmes ogives nucléaires sur l’Iran afin de déclencher une guerre : on apprend ainsi que le terrorisme du Moyen-Orient est une invention de l’état profond pour vendre des armes…)

La fin du règne des blockbusters

  • Deux films, un même pitch ; la chose n’est pas nouvelle à Hollywood. En 1998, Deep impact avait rapporté 350 M$ face au plus lucratif encore Armageddon, qui raflait 600 M$. Plus récemment, on se souvient de deux Blanche-Neige, celle pointant chez Universal ayant rapporté le double de sa compatriote (qui culminait déjà à près de 170 M$). Ou encore de No Strings Attached (Sex friends) qui sortait en 2011 à 6 mois d’écart de Friends With Benefits (Sexe entre amis), chacun rapportant tout de même la somme respectable de 145 M$.
    Dans un récap’ intéressant, Screen Rant recense ces « copycat movies ». En général, celui qui sort en second s’en sort moins bien que le premier, tout simplement parce qu’un high concept ne peut pas être fait deux fois (cf. notre cours vidéo pour comprendre et écrire un high concept).
    En France aussi, le cas n’est pas rare : on pense aux deux remakes de la Guerre des boutons, aux biopics sur Coco Chanel ou encore à ceux sur Yves St Laurent. Si les sommes en jeu ne sont pas comparables à celles citées plus haut, ces films ont en général une belle carrière à l’international.
  • Cependant, il est intéressant de noter que nous assistons peut-être à la fin des blockbusters de ce type car leurs rentrées (pourtant en croissance) ne suffisent plus à rentabiliser des budgets qui explosent ! À force de perdre de l’argent, les studios hollywoodiens vont devoir faire face à la réalité économique.Concernant nos deux films d’action, la comparaison qui fait le plus sens est à mon avis celle du week-end d’ouverture au Box Office US. Tandis que le premier sorti, Olympus, récoltait 30,4 M$ le premier week-end, White House down a réalisé une performance inférieure de 20%, malgré un budget deux fois plus important (160M$, sans compter le poste marketing), et il ne sera pas en mesure de dépasser les 75M$. Il se rattrapera surement à l’international (où la notoriété d’Emmerich est forte) mais il restera bien en deçà des 98M$ récoltés par Olympus, réalisé par Fuqua pour 80M$ (125M$ avec le marketing)… Or ce dernier ne se rentabilisera pas non plus, de toutes façons !

Dans ce contexte et dans un monde où les consommateurs ont énormément de choix, parieriez-vous sur le fait qu’ils aillent voir deux fois le même film ? Moi pas… Qu’en pensez-vous ?

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