Dans cette vidéo, apprenez à rédiger le plus court des documents qui a une valeur marchande dans la profession !
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Le 1 du 1-2-3
À la fin de ce didacticiel vous serez déjà capable de réussir votre pitch pour vendre un scénario à un producteur, en créant votre concept de fiction à l’aide d’une technique que j’ai appelée le « 1-2-3 ». Si vous êtes acheteur et non vendeur sur le marché de la fiction, cette vidéo vous permettra de reconnaître un bon pitch.
Le tabou central
Dans cette vidéo, apprenez à définir un tabou central pour structurer efficacement votre comédie.
Faire rire et structurer la comédie avec un tabou central
Bonjour à tous ! Dans notre précédent cours sur la comédie, nous avons compris comment faire rire mécaniquement, mais néanmoins ponctuellement, avec la surprise. Cette semaine, je vous propose d’utiliser une autre technique imparable pour faire rire, qui structurera cette fois l’ensemble de votre récit : l’exploitation d’un tabou central.
Pour faire rire avec un tabou dans la comédie, nous avons appris que :
- N’en déplaise à Cédric, qui explique l’importance de l’identification secondaire dans notre Kit de démarrage pour écrire un film, la comédie est le seul genre qui impose de faire l’inverse, c.-à-d. établir une mise à distance avec le personnage principal. Il est bien évident que pour rire d’un personnage (qui, par exemple, s’explose par terre comme une m… : SCHLABAM !), et bien nous ne devons pas souffrir avec lui. On ne rit jamais avec, mais de quelqu’un ;
- Cette mise à distance est d’autant plus nécessaire que la mécanique du rire est intrinsèquement un moyen de défense chez l’homme, qui écarte ainsi l’angoisse de vérités dérangeantes ;
- C’est pourquoi, si la vérité n’est jamais bonne à dire, ce proverbe ne s’applique pas à la comédie. Pour établir le 1-2-3 de votre histoire, il est au contraire extrêmement important d’identifier un tabou central qui structurera le récit sous un angle comique. Je parle d’une vérité dérangeante (sur un trait de caractère ou une tendance de notre société), que vous n’imagineriez pas balancer dans un dîner sans déclencher un débat houleux ou contrevenir à la bienséance, mais dont le caractère honteux va justement déclencher un rire cathartique au cours de votre récit. Par exemple :
– La structure de Very bad trip (The hangover) affirme — attention tabou ! — que les hommes d’aujourd’hui sont castrés par leurs femmes, ce qu’ils trouvent tout à fait normal ;
– La structure de Case départ affirme — attention tabou ! — qu’en France, soi-disant un « pays de racistes » , « être noir est l’excuse permanente (…) pour ne pas chercher du travail ou encore payer son ticket de bus » (extrait du pitch officiel).
J’espère que cette vidéo sur la comédie vous aura donné envie d’exprimer une vision personnelle et acerbe sur notre société pour nous faire rire avec un tabou innovant. Il va de soi que votre thème central devra être camouflé dans votre 1-2-3, sinon vous risquez de choquer votre lecteur au lieu de le faire rire ! Mais testons-le en direct : serez-vous capable de me choquer dans les commentaires de ce cours avec vos propositions thématiques ? Peut-être vous livrerai-je aussi le tabou que j’ai choisi pour la comédie que je suis en train d’écrire 😉
Merci de votre attention et à bientôt ! Le prochain cours portera sur le personnage comique et les 8 archétypes de la comédie.
Julie Salmon
Créer une série, 3
Dans cette vidéo vous apprendrez à définir une licence dans votre bible de série pour lui donner une valeur commerciale !
Comment créer une licence originale pour la vendre dans la bible de la série
Bonjour à tous ! Pour créer une série TV, la bible doit contenir selon moi un dernier élément, le genre cinéma auquel elle s’affilie… mais sous une forme particulière : la licence de la série tv, qui constitue sa véritable valeur ajoutée — en travaillant de cette façon, les droits de remake de l’une de mes séries ont ainsi été négociés par l’agence américaine C.A.A. (voir Satellifax du 15/05/2008).
Pour créer une bible de série TV, nous avons appris que :
- Le genre cinéma d’un scénario est déterminé par la tâche du protagoniste principal ;
- Pour écrire une série TV, la licence est le nom que l’on donne à la tâche récurrente de son (ou ses) héros dans les épisodes. Cette tâche doit être la plus originale possible, car c’est elle qui va singulariser la série ;
- C’est pourquoi la licence d’une série TV américaine est volontairement exposée au spectateur dans son générique d’ouverture, d’une façon plus (Dexter) ou moins (C.S.I.) subtile :
- Ainsi, Clyde Philips, le showrunner de la première, nous explique sur la page Facebook de High Concept le sens des bulles dans la cafetière du générique du début :
« Elles représentent l’émotion qui nait en Dexter quand il se force à s’immerger dans la vie. »
- Même le choix de la musique n’est pas anodin : le « who are you ? » des Experts nous annonce clairement le genre du whodunit, tandis que Monk constate amèrement que « it’s a jungle out there »…
- Quand je créé une série TV, je m’efforce ainsi d’en écrire la licence dans ma pré-bible, en imaginant ce que sera mon générique d’ouverture.
Et vous, qu’auriez-vous aimé avoir créé comme série TV ? Sauriez-vous nous expliquer la licence de votre série fétiche à partir de son générique ? Comment intégrer thème et note d’intention dans le pitch pour vendre votre projet ? C’est le sujet de la prochaine vidéo. À bientôt !
Exemple de bible d’une série policière
Apprenez à créer et à pitcher votre série comme un PRO à l’aide de cet exemple vidéo.
Généalogie du projet :
– 2004 : option d’un an sur les droits (Scarlett production)
– 2005 : projet lauréat du Fonds d’aide à l’innovation audiovisuelle (CNC), reprise d’option (Scarlett production)
– 2006 : commande du pilote et des arches narratives (Scarlett production/France 3) puis reprise de l’écriture par Michaël Souhaité et Doa ;
– 2008 : projet abandonné par France 3 pour raisons éditoriales, droits de remake négociés par l’agence américaine C.A.A.
– 2011 : les auteurs redeviennent titulaires des droits de leur projet.
Un flic en prison, bible pour une série policière de 52 min. – date du draft : 2005 (lauréat du Fond d’aide à l’innovation du CNC) – auteurs : Frédéric Azemar & Cédric Salmon – développé par : Scarlett Productions & France TV – titulaires actuels des droits : les auteurs.
Comment créer une bible de série tv : exemple de scénario
Bonjour à tous. En cherchant des bibles de séries pro à vous communiquer, j’ai réalisé hier que les droits de celle-ci nous sont revenus, à mon co-auteur et moi, il y a quelques jours. J’espère que cet exemple vous aidera à comprendre comment créer une bible de série. Vous trouverez ci-dessous une brève vidéo reprenant le pitch oral qui avait convaincu la production de signer ce projet à l’époque.
Sommaire de la bible de cette série :
1) Le concept (une page)
2) Le ton du pilote (trois pages)
3) La mécanique de la série (deux pages)
4) Les personnages (six pages)
5) La première saison (trois pages)
6) Quelques intrigues possibles pour d’autres saisons (deux pages)
Le concept (extrait)
Des crimes en prison, un flic derrière les barreaux.
Ulysse Charpentier est un bon flic. Mais il suffit d’une journée pour que sa vie bascule. Quand sa femme prend une balle et tombe dans le coma, Ulysse perd son sang-froid : il tue l’innocent qu’il croit responsable et se retrouve derrière les barreaux pour cinq ans.
Le commissaire d’Ulysse passe un deal avec lui : contre une réduction de sa peine et la possibilité de récupérer sa carte de police, l’ex-flic devient un indic derrière les barreaux pour aider la PJ à lutter contre la criminalité en prison. Mâtons de mèche avec les bandits, vengeances des criminels au sein de la prison, crimes organisés par des parrains censés être hors d’état de nuire, abus de l’administration pénitentiaire… Ulysse a beaucoup à faire.
A chaque mission, notre héros endosse une nouvelle identité avec un casier judiciaire fictif qui lui permet de mener à bien son enquête au sein de l’une des 186 prisons françaises.
Au cours de son Odyssée, Ulysse est sur la piste du véritable responsable du coma de sa femme. Dans sa cellule, il ressasse indéfiniment la journée qui a changé sa vie. Au fil des indices, le déroulement de cette journée se fait de plus en plus précis. Ulysse se rapproche de la vérité. Et si le responsable était son propre père ?
Le ton du pilote (extrait)
« La où je suis, les hommes partagent le même secret. Vous refuserez sûrement de l’entendre : on croit maîtriser sa vie, mais chaque jour est une partie de poker. Votre travail, votre femme, vos enfants, votre maison, vous pouvez tout perdre en une journée.
Moi, Ulysse Charpentier, j’en suis la preuve vivante. Ce genre de journée commence comme les autres. Mon premier souvenir ? Un café dégueulasse avec Ange Charpentier, mon père, dans les couloirs du Quai des Orfèvres, à 4H45 du mat’. Mon père, comme ça il paie pas de mine : chauve, joufflu, un physique de bureaucrate. Mais c’est un des meilleurs flics de la P.J., du moins quand il était plus jeune. Et puis c’est mon père.
C’est la première fois qu’on travaille ensemble. Comme quoi, les descentes de police inter-services, ça peut avoir du bon. Notre objectif ? Prendre en flag’ Massat, un trafiquant de drogue notoire. Cette ordure prévoit de mettre sur le marché une véritable saloperie, un truc qui va ravager les lycées.
C’est le commissaire Omar Cotton, le supérieur direct de mon père, qui supervise l’opération. Un grand black en cuir et santiags, serein comme un pasteur malgré l’effervescence. Un peu spécial, paraît-il… du genre mystique, qui croit en Dieu et qui prend son job de flic pour une croisade. Chacun son truc. En tout cas il est efficace, et c’est tout ce que je lui demande.
Le flag’ est un véritable fiasco. L’acheteur et ses hommes de main parviennent à s’enfuir. Le vendeur lui, cet enfoiré de Massat, est introuvable. Les collègues s’apprêtent à plier bagages, mais les truands, moi je les connais, et je décide de suivre ma propre piste avant de rentrer. Bon, c’est pas que je sois génial, mais je suis méthodique, c’est ça mon point fort. Pour ça, on trouve que je suis plutôt un bon flic.
Je ne tarde donc pas à retrouver Massat. Bien sûr, je dois lutter. Ce mec est tout sauf un enfant de cœur. Mais moi non plus. Avec mon 1m85 et ma droite d’ancien boxeur, je prends très vite le dessus, et je lui passe les menottes.
Normalement, les mecs que je coffre se calment vite fait. Ils comprennent qu’il ne faut pas trop me faire chier. Mais lui, Massat, se fout de ma gueule. Il me sort que pour lui la prison n’est qu’un hôtel de luxe, qu’il pourra continuer son business sans problème, ce genre de conneries. A sa sortie de prison, il sera encore plus riche et moi, un flicaillon de merde toujours au smic. Dans ces cas-là, j’ai dû mal à me contrôler. Là, ni une ni deux, je me jette sur lui et je lui refais sérieusement le portrait… Massat jure de se venger, mais je m’en tape. J’ai fait mon job, le trafiquant sera bientôt sous les verrous.
Je rentre chez moi vers 10h30 pour prendre le petit-déjeuner avec ma femme Patricia et ma fille Ludivine. Je sais bien que c’est pas évident pour elles de vivre avec un flic, alors j’essaie d’être à la maison le plus souvent possible. C’est surtout pour ma fille : à dix ans, on a besoin de la présence d’un père. Comme d’habitude, Patricia ne dit pas grand-chose à table. Elle me regarde ouvrir mon courrier. Une lettre d’un avocat…
Cette salope demande le divorce ! Après tout ce que j’ai fait pour elle ! Putain, cette maison je l’ai quasiment bâtie de mes propres mains… Et est-ce qu’elle pense à l’avenir de la petite ? Si elle part, c’est simple, je la tue.
J’ai à peine le temps de regretter ce que je viens de dire que les vitres volent en éclat. On nous canarde. Reprendre mon calme, vite. De la méthode. Un flic avant tout. Se mettre à couvert. Renverser la table. Mon flingue. On me retient. Patricia, en pleurs… Je lui file mon portable pour appeler les collègues et je fonce. Les prendre de revers. Porte du jardin. Trois racailles dans une BM volée. Je les contourne et je les abats un à un. Je ne pensais pas que la vengeance de Massat serait si rapide…
De retour chez moi, une vision d’horreur : le corps de ma femme inanimé, baignant dans son propre sang. Je ne parviens pas à la ranimer. Pas le temps d’attendre une ambulance, je l’emmène à l’hôpital en trombe avec ma caisse, toutes sirènes hurlantes. Ce sont des larmes sur mes joues ?
A l’hôpital, le verdict tombe : Patricia est dans le coma et les médecins sont pessimistes. Mon père est le premier à me rejoindre. Il ne peut que me promettre qu’il usera de son influence pour être chargé de l’enquête. Mais pour moi, le coupable est déjà tout trouvé, c’est cet enfoiré de Massat. Je confie ma fille à mon père et je m’éclipse avant que les uniformes ne viennent m’interroger sur la fusillade…
Ma carte de flic et un billet de 50 suffisent pour ouvrir la cellule de Massat. Seul à seul, j’exige qu’il reconnaisse la vérité, qu’il soit jugé et condamné pour ce qu’il a fait. S’il refuse, il passera un sale quart d’heure.
Ce pourri nie tout en bloc. A l’entendre, il est blanc comme neige. Je sors mon flingue pour lui faire peur. Et là, le coup part. Massat s’écroule.
Je sais que je ne sortirai plus de tôle.
Après ça, les événements s’enchaînent très vite. A mon procès, j’en prends pour 5 ans. Mes parents se voient confier la garde de Ludivine. On me retire ma carte de flic. Ma maison est vendue. La seule chose que je garde avec moi c’est mon alliance, et je ne sais même pas si elle vaut encore quoi que ce soit. Voilà donc comment j’ai perdu ma partie de poker.
Quand on a été flic et qu’on se retrouve avec ceux qu’on a combattus, quelle ironie ! On s’en veut presque d’avoir fait du si bon boulot. Il me faut des mois et de nombreuses bastons pour imposer le respect et me faire accepter des détenus. Maintenant je suis un des leurs… ou presque. Un flic reste un flic, même en prison. Un jour, je repère un homme de main de l’acheteur qui s’était enfui avec la came de Massat. Lui ne me reconnaît pas et j’en profite pour sympathiser. C’est l’occasion de pouvoir remonter jusqu’à son boss et d’arrêter ce dealer avant qu’une autre de ses saloperies ne tue des gamins innocents.
Je mets mon père au courant. Avec mes infos, le commissaire Cotton va pouvoir coincer le dealer. C’est Raphaëlle, la coéquipière de mon père, qui fait le lien entre la P.J. et moi en se faisant passer pour ma petite amie au parloir. Jolie môme mais encore un peu jeune dans le métier. La petite a l’air d’en pincer pour moi, mais moi je n’ai pas le cœur à ça. J’aime ma femme et personne n’est capable de me dire si elle sortira du coma.
L’enquête est périlleuse, je manque de me faire démasquer, mais mon père récupère la drogue et met les dealers sous les verrous. Devant le succès de l’opération, le commissaire Cotton décide de jouer à nouveau le trio gagnant. Je suis son indic en prison, Ange et Raphaëlle sont les enquêteurs à l’extérieur. Pour les risques que je prends, Cotton tente de négocier une réduction de ma peine. Mieux, il se bat pour que je récupère ma carte de flic à ma sortie de tôle. En attendant, il me tient au courant des avancées de l’enquête officielle menée par mon père sur les circonstances du coma de Patricia.
Transféré de prison en prison au gré des enquêtes, j’endosse une nouvelle identité à chaque fois ainsi qu’un casier judiciaire adapté. Officiellement, j’ai déjà commis des meurtres, des braquages, des viols, tout un tas d’atrocités. C’est mon voyage initiatique pour revenir chez moi et reconstruire mon foyer. C’est mon odyssée. »
Cédric Salmon
Guide de survie du scénariste à Cannes
Est-il possible de trouver un producteur au festival de Cannes ?
À cette question, la Guilde française des scénaristes répond « non » : il n’est pas à l’ordre du jour du syndicat des auteurs d’organiser un accueil officiel de ses adhérents au festival de Cannes, pourtant le plus gros marché professionnel du film de la planète. Si vous savez regarder, vous y croiserez pourtant beaucoup de scénaristes professionnels, venus sur leurs propres deniers. Un investissement financier non négligeable qui laisse penser qu’il est probablement possible de faire des rencontres professionnelles intéressantes, si ce n’est trouver un producteur à Cannes.
Alors pourquoi les scénaristes ne sont-ils pas soutenus dans cette démarche par leur propre syndicat ?
À la décharge du syndicat, il est vrai que le marché français du scénario est depuis trente ans un marché de la commande et non de l’offre (seulement 6% de nos films en salle ont été écrits par un scénariste seul et seulement 20% de nos productions TV annuelles sont des créations originales), mais on pourrait attendre de l’organisme qui est censé défendre « les intérêts des scénaristes français » qu’il se batte pour mettre en valeur les projets innovants, écrits en spéculation (les « specs »), au lieu de favoriser les scénaristes de commande, qui dépendent de fait des producteurs pour écrire des projets souvent très formatés ; un cercle vicieux qui perpétue le manque d’innovation.
Ce manque de soutien aux nouveaux entrants et à la création originale se constate aussi dans les critères d’adhésion de la Guilde des scénaristes, qui valorisent la commande :
- Les contrats d’option (conçus précisément pour rémunérer la prise de risque) ne comptent pas ;
- Les contrats de commande doivent eux, représenter a minima 90 minutes par auteur unique ;
- Le CV d’un nouvel entrant doit être approuvé par le conseil d’administration (c’est-à-dire qu’il doit être coopté, de fait) ;
- Les jeunes diplômés de la prestigieuse Fémis ne sont acceptés que sous condition : ils ont trois ans pour valider les critères de commande ci-dessus. C’est également le cas pour les diplômés du CEEA, pourtant seuls titulaires du titre professionnel de scénariste à leur sortie de l’école.
- Quant aux diplômés des autres écoles de cinéma ou de formations en scénario reconnues (par le CNC, dans ses critères d’admission par exemple), ils ne sont pas acceptés par la Guilde.
Dans ce contexte, chez High concept nous désespérions –comme beaucoup– de voir émerger un véritable marché du scénario original en France : à quand les spec scripts français ? Il faudrait que les auteurs puissent rencontrer les producteurs à Cannes dans une dynamique professionnelle, pour vendre leurs projets originaux sans avoir besoin d’un réseau préexistant ou d’un gros CV : l’histoire et rien que l’histoire !
Vous vous dites surement que nous avons fini par fumer la moquette de nos bureaux… Pourtant ce lieu, le Pavillon des scénaristes, existe enfin. Non pas grâce à nos organisations professionnelles, mais à l’initiative privée de deux collègues scénaristes, qui soutiennent seuls la création originale française au festival de Cannes.
Autant vous dire que nous nous sommes empressés de les rencontrer…
Vers un marché du spec français : la Maison des Scénaristes
La Maison des Scénaristes est une association 1901 créée par nos collègues Sarah Gurevick et Nicolas Zappi. L’objectif est de permettre aux scénaristes de trouver des partenaires à Cannes pour financer leurs films. Et en quatre ans d’existence, Sarah et Nicolas ont fait mieux que toutes nos institutions réunies :
- 150 auteurs ont été sélectionnés pour proposer leur projets à des producteurs
- 40 cessions de droits ont été signées
- Parmi ces contrats, 10 courts-métrages et 1 long métrage ont déjà été réalisés.
Un score qui donne le vertige : à titre de comparaison, le Fonds d’aide à l’innovation du CNC n’a sélectionné en fiction, lui, que 200 projets en dix ans. Et un seul a été porté à l’écran. Comment est-ce possible ?
- EXT. TERRASSE – JOUR
- NICOLAS ZAPPI et SARAH GUREVICK déjeunent avec HIGH CONCEPT. C’est une jolie blonde enceinte de 5 mois parfaitement assortie à cet italien, qui ressemble à David Cronenberg.
- HIGH CONCEPT
- Comment ça, vous ne dépendez pas de la Guilde ?!!!
- NICOLAS
- Non, la Maison des Scénaristes n’est aucunement liée à la Guilde des scénaristes, qui a refusé d’y participer.
- SARAH
- Ils refusent même de relayer notre appel à projets. Bon, nous ne perdons pas espoir de les séduire un jour…
- NICOLAS
- De toutes façons, c’était impensable qu’il n’y ait pas de présence officielle des scénaristes francophones à Cannes ! Sarah et moi avons pris cette initiative pour combler ce manque que nous ne comprenions pas. Nous souhaitions également organiser des master classes avec des scénaristes présents en compétition. Cette année, nous avons la joie de recevoir Chris Sparling, le scénariste de Gus Van Sant par exemple.
- HIGH CONCEPT
- Mais… qui paie pour le Pavillon des scénaristes ?
- SARAH
- Nos 200 adhérents. Pour 30€ annuel, ils bénéficient tous d’une lecture professionnelle de leurs projets. Les sélectionnés seront invités à rencontrer les producteurs à Cannes.
- NICOLAS
- N’oublions pas nos partenaires ! La WGA Ouest*, la SACD — merci à Gérard Krawczyck et à toute l’équipe de la SACD d’ailleurs, pour son soutien indéfectible depuis le début.
- HIGH CONCEPT
- Et le CNC ?
- NICOLAS
- Il relaie notre appel à projets et autorise l’apposition de son logo au Pavillon.
- SARAH
- C’est déjà bien.
- *WGA: Guilde américaine des scénaristes.
- FONDU ENCHAÎNÉ :
- RETOUR SUR :
- HIGH CONCEPT
- Pourquoi autant de réticence des institutionnels ?
- SARAH
- Nous jugeons les scénarios sur leur contenu et non pas sur les CV des auteurs. Pas de barrière à l’entrée chez nous. C’est la raison pour laquelle nous faisons peur.
- NICOLAS
- Par exemple, cette année, deux jeunes auteurs formées à l’école Besson vont venir présenter leur comédie à des producteurs connus, alors qu’elles sont toujours étudiantes.
- SARAH
- Il faut quand même préciser que 90% de nos scénaristes sélectionnés sont des pros. Mais cela n’empêche pas les inconnus de pouvoir émerger grâce à nous. L’année dernière, une jeune étudiante roumaine a signé son premier long avec Legend Films.
- NICOLAS
- C’était en fait sa thèse de fin d’études ! La chance est donnée à tous les scénarios. Nous travaillons sérieusement avec une double lecture des projets. Une troisième lecture est même faite pour les projets sélectionnés pour Cannes.
- HIGH CONCEPT
- Qui sont vos lecteurs ?
- NICOLAS
- La première lecture, la plus sélective, est faite par des scénaristes professionnels à travers des collectifs d’écriture. Une seconde lecture est ensuite organisée sur les scénarios sélectionnés.
- HIGH CONCEPT
- Et comme nous vous l’enseignons avec la méthode High concept, chez vous aussi un scénario se vend grâce au pitch…
- SARAH
- Oui ! Notre originalité est de proposer dans notre processus de sélection, un pitch vidéo. Ce pitch permet à l’auteur de s’entraîner à pitcher son projet. Les pitchs vidéos sélectionnés sont envoyés directement aux producteurs, souvent débordés, qui veulent vite avoir accès au contenu. Cette façon de faire est une façon de susciter un appel à l’envie. Les réactions ont été enthousiastes des deux côtés : à la fois des auteurs qui bénéficient des conseils de l’équipe pour réaliser leurs pitchs et à la fois des producteurs qui gagnent en temps et en efficacité.
- NICOLAS
- Pour vous donner une idée, sur plus de 350 projets reçus cette année, nous permettront à 30 auteurs de venir pitcher leurs projets sur notre pavillon à Cannes qui accueille cette année plus d’une soixantaine de producteurs venus participer à nos rencontres et faire leur marché.
- HIGH CONCEPT
- Quel avenir pour la Maison des Scénaristes ?
- SARAH
- C’est surement la dernière année que nous fonctionnons sous la forme d’une association, car pour l’instant, les subventions et les cotisations ne suffisent plus pour couvrir nos frais. Nous pouvions compter sur 6000€ de cotisations et 6000€ de subventions de la SACD, mais les autres fonds privés qui permettaient de boucler le budget de 20000€ sont de plus en plus difficiles à recueillir.
- NICOLAS
- Dur à croire pour certains, mais c’est vrai : Sarah et moi, comme tous les membres de l’équipe, sommes complètement bénévoles. Aucun centime n’est dépensé pour nos frais personnnels. Nous ne gagnons rien dans cette affaire alors que cela nous prend un temps monstre pendant 6 mois de l’année.
- FONDU AU NOIR.
Chers collègues, la Maison des Scénaristes vous donne rendez-vous cette année à Cannes pour des tables rondes, des master classes et des rencontres auteurs-producteurs. Passez les voir de notre part ! :o) À noter également, la présence du SNAC, le syndicat national des auteurs compositeurs, qui proposera des tables rondes destinée au public du festival.
Et si comme nous, vous souhaitez les aider, l’association cherche des partenaires pour aider à maintenir le Pavillon l’année prochaine : n’hésitez pas à contacter la Maison des Scénaristes directement.