Dans une histoire, nous passons par plusieurs moments clés, encore appelés noeuds ou charnières dramatiques. Parmi eux, trois sont essentiels : le premier permet de nouer l’intrigue, le deuxième, de propulser l’action dans sa résolution, sans oublier le troisième, celui au milieu de l’histoire, qui va relancer l’action. Il en existe d’autres que j’ai recensés ici. […].
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Dans une histoire, nous passons par plusieurs moments clés, encore appelés noeuds ou charnières dramatiques. Parmi eux, trois sont essentiels : le premier permet de nouer l’intrigue, le deuxième, de propulser l’action dans sa résolution, sans oublier le troisième, celui au milieu de l’histoire, qui va relancer l’action. Il en existe d’autres que j’ai recensés ici. En tout, 7 moments clés de votre scénario sont à soigner pour réussir votre récit.
Afin de terminer ce cycle de cours en beauté, je vous propose aujourd’hui de nous intéresser aux noeuds dramatiques de vos histoires. Pour rappel, le noeud dramatique est un événement qui fait rebondir l’action. (Il y en a des majeurs et des mineurs). Une histoire se développe donc de noeud dramatique en noeud dramatique.
Qu’est-ce qu’un noeud dramatique ?
C’est un OBSTACLE qui peut être :
- un coup de théâtre,
- une scène obligatoire,
- un renversement de situation,
- et même, un événement parfaitement prévisible.
Découvrez ici lesquels sont les plus efficaces et à quel moment ?
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Retrouvez dans l’ordre de rédaction, les 7 charnières dramatiques essentielles de tout scénario :
- L’INCIDENT DÉCLENCHEUR
- Astuce : le hasard, ou encore ce qu’on appelle un Deus ex machina, un événement tombé du ciel sans lien avec le personnage, est très bien accepté par le spectateur pour commencer une histoire. Sans doute parce qu’il fait partie naturellement des prémisses de tout récit : dans la vie les histoires commencent parfois naturellement ainsi.
- LE CLIMAX
- LE POINT DE NON RETOUR
- Dans le film Thelma et Louise par exemple : le point de non retour est le braquage qu’elles exécutent, alors qu’elles sont déjà accusées de meurtres et activement recherchées par la police.
- LA CHUTE
- Exemple : C’est le cas de beaucoup de films qui mettent en scène des monstres, des aliens, des catastrophes… On croît l’animal mort (réponse dramatique 1). En fait, non. Et c’est reparti pour un tour. Nouvel affrontement, nouveau climax, nouvelle réponse dramatique.
- LA CRISE
- acte 1 : celui qui ne pensait plus qu’à l’argent
- acte 2 : va découvrir à ses dépens
- acte 3 : que l’amour était plus important.
- Astuce : A l’instar des propositions thématiques et dramatiques, il y a une seule crise principale et autant de crises secondaires que vous voulez. L’important c’est qu’elles travaillent toutes pour la première.
- LA CONFRONTATION
- LES SCÈNES OBLIGATOIRES
L’incident déclencheur est la première charnière dramatique.
Il nous fait passer dans le deuxième acte. Il lance l’action et l’objectif du personnage. L’incident déclencheur peut être un incident anodin, une situation conflictuelle, en tous les cas quelque chose qui bouleverse la vie du personnage.
Le climax, situé à la fin du deuxième acte, est le noeud dramatique le plus important. C’est le point culminant d’une histoire, l’obstacle le plus haut, le plus difficile, mais c’est surtout celui qui donne la réponse dramatique posée au début du récit.
Il est souvent associé à du spectaculaire, à un affrontement avec la mort. C’est le moment où le personnage principal assume pleinement ses choix et celui où le spectateur comprend tous les tenants et les aboutissants de l’histoire.
Vous retrouvez ici la seconde charnière dramatique majeure, celle qui propulse l’histoire dans sa phase finale en introduisant la dernière situation dramatique qui fixe une fois pour toute l’état des personnages.
C’est un point qui entraine le protagoniste dans une situation insoluble, une impossibilité de revenir en arrière. Il est généralement situé dans la deuxième partie de l’acte deux.
Lorsque l’on finit sur un coup de théâtre, c’est ce qu’on appelle la chute. Un procédé beaucoup utilisé dans les courts métrages.
Dans un long métrage on peut aussi introduire un coup de théâtre à la fin de l’histoire, juste au début du troisième acte et qui annonce une autre réponse dramatique opposée à celle annoncée à la fin du deuxième acte.
La crise est le point de rupture qui fait basculer définitivement l’action vers sa résolution. A partir de ce point, les choses ne sont plus comme avant.
La crise est annoncée dans le premier acte, se développe dans le deuxième et se résout dans le dernier :
La crise atteint généralement son paroxysme vers la fin du deuxième acte pour mordre légèrement sur le troisième.
Tout ce que nous mettons en place dans un scénario se fait en fonction de cette crise qui aboutit inévitablement à une confrontation entre les deux entités opposés du drame. Le héros, déchiré, acculé, tiraillé entre des forces opposés est obligé de faire un choix qui va mettre le feu aux poudres. Dans toutes les grandes tragédies, c’est ce dilemme qui est le point de crise.
« Chaque film pose une situation de conflit qui débouche sur une crise suivie d’une confrontation doublée d’une scène obligatoire atteignant un climax. »
Cette scène de confrontation ou les deux puissances opposées se font face pour s’affronter est cependant déjà en elle-même une scène obligatoire (voir ci-dessous). Après elle, les buts sont atteints, les deux propositions sont résolues, la question dramatique posée au début du récit a trouvé sa réponse, on peut baisser le rideau.
Beaucoup de scénaristes américains vous diront que la scène obligatoire est la scène la plus importante du film, celle pour laquelle les gens sont venus voir le film et qu’il ne faut surtout pas la rater.
Si elle est à la hauteur, le public vous pardonnera tout le reste.
On peut avoir plusieurs scènes obligatoires lorsque plusieurs personnages racontent chacun leur histoire. Ces scènes racontent à peu près la même chose mais seulement d’un point de vue différent.
Si votre narration repose sur des effets d’ironie dramatiques (de suspens), c’est à dire sur des informations que le spectateur connaît mais pas le protagoniste, cela implique aussi des scènes obligatoires : des scènes où le héros prend connaissance de ces informations. Il y a donc autant de ces scènes obligatoires qu’il y a d’ironie dramatique dans votre récit.
En structurant vos récits grâce aux charnières dramatiques de base citées ici, vous éviterez l’écueil de beaucoup de scénario, un ventre mou et un manque de cohérence dramatique et thématique. Ces passages obligés permettent aussi de vérifier que l’on ne s’est pas égaré en cours de route. Qu’en pensez-vous ?
Ce cycle de cours est maintenant terminé. En attendant le prochain, n’hésitez pas à le reprendre depuis le début :
- cours n°1 : Créer une histoire, une note sur l’intention,
- cours n°2 : Créer du conflit : le secret pour écrire un scénario,
- cours n°3 : Créer un personnage inoubliable,
- cours n°4 : 5 questions pour créer un personnage,
- cours n°5 : Choisir le mythe pour structurer,
- cours n°6 : Concevoir une structure dramatique de récit originale,
- cours n°7 : Réussir l’exposition d’un récit grâce aux personnages,
- cours n°8 : Comment réussir sa scène d’ouverture ?,
- cours n°9 : 10 règles pour bien débuter un récit,
- cours n°10 : Comment écrire sa continuité dialoguée,
- cours n°11 : Écrire un scénario en commençant par la fin.
N’hésitez pas à profiter de ce dernier billet pour partager sur le blog vos propres techniques ou idées pour réussir vos scénarios.
Bonne semaine créative et à très bientôt sur le blog des créateurs de fictions !
Thierry Ardiller
il n'y a pas plus dur que de faire des scènes genre "je suis ton père"…une seule, à ce jour, est restée dans les mémoires 🙂