Le thème (ou ligne directrice thématique) doit être au coeur de toute histoire comme une épée qui transpercerait un scénario de bout en bout. En m’inspirant de différents blogs US dont ceux de Chuck Wendig ou de William Martell, j’ai trouvé intéressant de partager avec vous une série de réflexions sur un sujet vaste qu’on […].
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Le thème (ou ligne directrice thématique) doit être au coeur de toute histoire comme une épée qui transpercerait un scénario de bout en bout. En m’inspirant de différents blogs US dont ceux de Chuck Wendig ou de William Martell, j’ai trouvé intéressant de partager avec vous une série de réflexions sur un sujet vaste qu’on ne développe pas souvent en France : l’histoire vue par l’axe thématique.
Qu’est-ce que le thème ?
C’est avant tout ce qui fait tenir les différents éléments de l’histoire ensemble, comme un ciment au coeur de la structure. Ces différents éléments sont différents selon les genres, les types d’histoires racontées, mais le thème peut rester le même. C’est aussi ce que les spectateurs retiennent souvent d’une histoire. D’ailleurs, lorsque le thème manque d’universalité, ou de densité, le succès public est en général plus faible. Le public a toujours besoin d’un thème auquel se raccrocher.
Alors, pourquoi a-t-on besoin d’un thème ? Une histoire a toujours besoin d’un liant et le thème est le meilleur moyen de créer un lien avec le public. Le thème c’est aussi ce qui permet de faire que la structure s’efface devant l’histoire, que le public ne ressente pas les rebondissements parfois artificiels nécessaires à tout déroulé en 1-2-3
Retrouvez les moyens de construire une structure en 1-2-3 et savoir la pitcher avec notre offre de service d’accompagnement de l’écriture : préparation au pitch surtout sur des structures types comme le mystère, cf. notre vidéo masterclass dédiée Atelier d’écriture d’une série de genre policier.
D’une part, le thème est ce qui réunit les différentes composantes d’une histoire en un tout harmonieux, d’autre part, c’est le moyen de mêler la structure et les personnages d’une façon naturelle pour le public.
Quelques exemples d’utilisation du thème
- Un thème peut être porté par un personnage grâce à sa trajectoire, son objectif, sa faille, etc.
Retrouvez ces notions dans la masterclass consacrée aux différents axes de création d’une série tv — les 4 éléments nécessaires à votre concept.
- Un thème peut être porté par une ligne narrative qu’elle soit principale ou secondaire, qu’elle porte sur un mystère ouvert ou fermé, qu’elle soit liée à un type de genre narratif ou à un autre, etc.
- Un thème peut être reflété par un motif narratif : le motif s’exprime à travers la répétition de scènes ou de comportements de personnages sur un sujet donné. On peut prendre l’exemple d’un personnage qui tousserait à chaque fois qu’il ment, ce qui une fois découvert par l’enquêteur pourrait constituer la preuve irréfutable de sa culpabilité (le fameux ah !ah dont la masterclass dédiée sur écrire et vendre le policier se fait écho).
- Enfin, le thème peut être porté par le ton, sorte d’indicateur original qui reflète le style de la fiction proposée.
Il y a probablement d’autres éléments qui peuvent inspirer le thème d’une histoire. La liste n’est pas exhaustive et convoque tant des éléments internes qu’externes à l’histoire.
Comment se servir du thème dans un scénario ?
- La façon la plus simple est de sélectionner deux ou trois idées, sujets ou thématiques qui vous intéressent (l’amour contrarié d’un personnage pour un autre à cause d’une religion, la lutte des classes dans l’univers professionnel, l’importance de l’apparence dans la société, etc.) et de relier ces sujets à toutes les scènes ou chapitres de votre histoire d’une façon ou d’une autre.
- La façon la plus complexe est d’injecter le thème de façon graduelle ou dosée en fonction des scènes, des personnages et du rythme interne de l’histoire. Une scène le rappellera de façon subtile alors qu’une autre l’exploitera clairement.
- Il peut s’agir aussi de choisir un axe thématique dominant par rapport à un autre et de les exploiter à différents moments alternés de l’histoire. Bien évidemment, le climax (notion concrètement abordée par la masterclass drama comment écrire le film d’auteur) devra être porté par le thème principal.
Astuce : le thème doit reboucler avec l’intrigue. L’exempe de ah !ah ! ci-dessus sera particulièrement pertinent si le thème principal de l’histoire policière est un jugement sur le mensonge dans la société.
Cette dernière méthode n’est pas la plus facile, et beaucoup de scénaristes ne savent pas consciemment de quel thème ils parlent dans leur histoire. C’est une fois le tout réalisé qu’ils s’aperçoivent souvent de ce dont ils ont vraiment voulu parler. C’est tout le mystère de la vision d’auteur.
Que retenir de ces réflexions sur le thème ?
- Peut-on se passer du thème et créer tout de même une histoire efficace ? Bien évidemment qu’il existe des films, des séries sans thématiques évidentes, mais force est de constater qu’un chef d’oeuvre, ou une très bonne histoire a toujours une thématique universelle visible, car le thème est comme l’âme d’une personne. C’est ce qui transpire et qui nous touche personnellement, qui fait que nous nous attachons à un personnage en dehors des rebondissements purs et simples qu’il peut subir. C’est pourquoi la vision d’auteur est toujours nécessaire à la création, sinon qu’est-ce qui différencierait une série policière d’une autre ?
Le thème permet de faire passer au public des émotions, un point de vue sur le monde qu’il partage ou pas, et qui peut évoluer au cours de l’histoire. Un thème peut être discuté, amélioré, mais s’il change trop radicalement, cela peut ruiner l’histoire car le spectateur ne voit plus le rapport entre les différents éléments de l’histoire et pire peut ne plus se sentir impliqué.
- Quel est l’avantage de se servir du thème dans la construction d’une histoire ?
Le thème est une façon de faire du tri dans une histoire. Il vous aide à prioriser les différents éléments les uns par rapport aux autres, et vous donne parfois des moyens de renforcer l’objectif du personnage, ou sa faille.Exemple : dans Homeland, l’enquêtrice principale de la CIA chargée du dossier est persuadée que le soldat US qui a été retrouvé vivant a été retourné contre son pays et est un terroriste. Elle doit enquêter pour discerner le vrai du faux alors qu’elle est elle-même atteinte d’une psychose paranoïaque, et qu’à force d’observer le soldat en question, elle est tombée amoureuse de lui. Ici, les complications trouvées sont en directe résonnance avec le thème de la série sur les zones plus ou moins floues de la vérité dans un monde qui ne peut pas être vu en noir et blanc.
En conclusion, plus le thème sera puissant, fort, en résonnance avec l’histoire et les personnages, plus le public aura l’impression que vous savez ce que vous faîtes. Il est aussi la preuve de votre maîtrise de la structure que vous ne ferez jamais passer en force.
Le thème est enfin ce qui permet de vous guider dans l’architecture de votre histoire, il est votre objectif en tant qu’auteur. Je vous invite à partager avec nous vos reflexions sur ce thème, c’est le cas de le dire…
Kim
Bonjour,
John Truby donne définit le thème de façon très différente puisqu’il détermine pour lui le point de vue moral de l’auteur. Qu’en pensez-vous ?
Julie SALMON
Bonjour Kim, le thème est en réalité la question posée par l’auteur à laquelle il répond avec le climax. En fonction de la fin de son récit, l’auteur a donc fait d’un questionnement thématique, un point de vue… Soit son thème au sens élargi.