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Talons aiguilles et Lignes de vie déçoivent sur France 2

Coeur Océan, Chante et Foudre n’ont pas été reconduits pour une nouvelle saison. La case jeunesse en 26 x 26’de France 2 n’est cependant pas suspendue et deux nouvelles séries viennent d’être mises à l’antenne.

  1. L’une par Scarlett, ancienne production de Coeur Océan qui a su reséduire la chaîne avec Talons aiguilles et bottes de pailles, dont le concept est jugé « proche de Cœur océan, mais plus adulte » (Première) et qui raconte l’histoire de quatre jeunes femmes qui héritent d’une ferme alors que tout les sépare.
  2. La deuxième Lignes de vie est produite par Télé Images Productions, ancienne production de Chante, et suivra les aventures de deux amies d’enfance, Chloé et Justine, l’une, ambitieuse journaliste célibataire, l’autre, femme au foyer épanouie qui voient leur vie basculer avec la réapparition de leur amour de jeunesse (beaucoup de crépage de chignon en vue).

Bref des low concepts centrés sur des femmes comme je l’évoquais dans un billet dédié le syndrome de la fiction française.
Pour en savoir plus sur la différence entre un low et un high concept, je vous renvoie au cours Le high concept, ou comment vendre son premier scénario à un producteur.

Alors, sommes-nous repartis pour 5 saisons ?

Ça n’a pas bien commencé :

  • Lignes de vie, diffusé depuis le 2 juillet à 9h55, a intéressé près de 350 000 curieux, soit 9,4% de part de marché. À la même époque l’année dernière, le retour de Chante ! avait su captiver l’attention de plus de 400 000 fidèles, soit 9,8% du public.
  • À partir de 10h20, Talons aiguilles et bottes de paille a réuni pas tout à fait 300 000 téléspectateurs, soit 7,3% du public. De même, l’année dernière dans la même case horaire, le retour de Foudre avait séduit plus de 400 000 curieux, soit 9,5% de pda. Encore pire que la première…

France 2 continue donc sur sa pente descendante avec des performances en retrait sur un an et est battue par la rediffusion de Secret Story sur TF1, suivie par un peu plus de 400 000 fans et 10,5% de pda.Les seuls qui n’étaient pas retombés sur leurs pattes dans l’histoire, les producteurs de Foudre : Terrence Films et ALP qui n’avaient pas resigné de séries longues en 26′ avec la chaîne, à moins qu’ils n’aient réussi à obtenir une autre case, se sont peut-être ainsi évités un déboire d’audience !Et d’ailleurs, ça n’a pas loupé !

  • Etant donné des audiences en chute libre, Thierry Sorel vient d’annoncer que France 2 ne renouvellera pas pour une seconde saison les deux séries estivales. Les faibles scores d’audience ont montré qu’elles n’avaient pas su passionner les téléspectateurs. D’ailleurs, la chaîne abandonne cette case matinale pour l’été 2013, pas de seconde chance donc !
  • C’est à se demander si France 2 ne s’est pas trompée de cible en annulant purement et simplement Foudre, Chante ! et Coeur océan au profit de fictions destinées à un public plus adulte et plus féminin.
  • La dernière saison de Coeur océan s’était d’ailleurs déportée sur cette cible ce qui avait signé son arrêt de mort en perdant son jeune public qui ne se reconnaissait plus dans la série. France 2 justifie comme elle peut la baisse d’audiences par la forte concurrence de ses rivales, jugeant que le public de ces cases préfère regarder les chaînes jeunesse.

Après Clash (produit d’ailleurs par Scarlett, la même production que Talons aiguille), la fiction ciblant les jeunes adultes est définitivement enterrée sur France 2 alors que la chaîne a réaffirmé son envie de rajeunir et d’élargir son public. La rentrée ne s’annonce pas glorieuse. En accusant l’audience sans se remettre en question, il n’y a pas donc pas de raisons que la chaîne inverse la tendance baissière qu’ont pris toutes ses fictions depuis deux ans. À croire qu’à se prendre plusieurs fois le mur, elle en redemande. Nous n’avons donc pas fini de commenter ses échecs. Qu’en pensez-vous ? Crédits Lignes de vie : Série réalisée par Adeline Darraux, Jeanne Biras et Emmanuelle Duberge, écrite par Cristina Arellano, Aurélie Belko, Camille de Castelnau, Sylvie Coquart, Séverine Jacquet, Yves Ramonet, Agathe Robilliard et Stéphanie Tchou-Cotta, produite par Philippe Alessandri et Arnaud Figaret (Télé Images Productions – Zodiak Media)Crédits Talons aiguilles et bottes de paille : Série créée par Iris Ducorps, Marco Rivard et Emmanuel Bézier, produite par Scarlett production

Rentrée audiovisuelle: 5 tendances à suivre de la fiction française

C’est la rentrée ! Il manque toujours 100 M€ à FTV pour boucler son budget, TF1 est toujours accro aux Experts, M6 reste sur ses émissions de coaching, la TNT continue de tailler des croupières aux chaînes hertziennes mais n’investit pas en création originale, etc. Pourtant, si l’on regarde bien, il se pourrait que 2013 soit effectivement l’année du changement de notre fiction nationale.

Quand Hollywood tourne en boucle sur ses remakes et adaptations en cascade de ses franchises de superhéros, Spiderman, ou encore Batman,… en France, nous continuons gentiment sur notre tendance nationale favorite : du film d’auteur inexportable et des séries non addictives… pourtant, en sourdine, comme si l’on faisait semblant que rien ne change, des tendances nouvelles sont en train de voir le jour au pays du Fromage. Analysons cela de plus près en quelques points :

  1. Les nouveautés qui s’installent : la fiction daytime low cost
    • Le test de la scripted réalité : tout le monde s’y met. TF1 avait donné le la avec Au nom de la vérité produit par Arthur qui séduit près de 25% de ménagères (dépassant Motus) et lance maintenant Mon histoire vraie (produit par Elephant & cie, la société de production d’E. Chain), sur un format de 13 minutes. En bref, de la fiction quotidienne bas de gamme qui parle du quotidien un peu sordide des Français. France 2 s’y était déjà mise avec Le jour où tout a basculé, florilège de bêtisier et c’est maintenant France 3 qui s’y colle avec Si près de chez vous (produite par 909 production pour France 3 et 13ème Rue) dans un format de 26′ dédié aux faits divers. Bien évidemment, ça marche : non seulement le coût de production est dérisoire et en plus, cela permet de remplir les grilles de façon quotidienne tout en rediffusant sur la TNT. Tout le monde est semble-t-il gagnant. Quid du téléspectateur ? La ménagère s’y retrouve aussi par rapport aux soaps US ou français qui ne prennent pas. On pense à l’échec de Talons aiguilles et bottes de Paille et Lignes de vie, fictions incapables d’assurer cette transfiguration du quotidien. Il semble donc que la fiction du réel ait de l’avenir, surtout pour des chaînes incapables de reproduire le modèle gagnant de PBLV.

  2. Tous sur le format court : la plus grande percée 2012 en termes de volume de production.
    • Des programmes fidélisant : Sur M6, en trois ans, Scènes de ménage a doublé son audience et caracole maintenant à plus de 5 millions de fans quotidiens avec un record à 6 millions en janvier dernier. C’est le programme le plus puissant sur les moins de 50 ans sur sa case horaire. Les autres chaînes ne sont pas en reste. Avec Nos chers voisins, TF1 a surfé sur les 7 millions de téléspectateurs quotidiens pendant l’absence estivale de Scènes de ménage et a choisi de lui consacrer une case horaire récurrente à la rentrée. De même, En Famille, la remplaçante sur M6 de sa grande soeur star a fait en moyenne des performances à 2,5 millions de téléspectateurs, ce qui a conduit la chaîne à la renouveler pour une saison 2. Arte va lancer Silex and the city et s’appuie déjà sur La minute vieille, succès d’audience surtout sur le web. France 2 opte pour un programme court quotidien centré sur Anne Roumanoff, intitulé sagement Roumanoff et les garçons, soit 7′ d’humour sous forme de sketchs, imitations et parodies avant le 20h. TF1 continuera d’ailleurs de miser sur Après le 20h, c’est Canteloup. Enfin, la TNT n’est pas en reste : elle s’intéresse à la fiction aux moyens légers en rediffusant les formats courts des grandes soeurs, comme NT1 avec Que du bonheur et qui va mettre à l’antenne VDM dérivée du site Vie de merde.fr et produite par Jean-Marc Dumontet (le producteur de Nicolas Canteloup). Bref, là aussi, une fiction humoristique, courte, industrialisée, peu chère et enfin exportable. Serait-ce la nouvelle équation mathématique d’une fiction nationale enfin rentable ? M’est d’avis que ce genre de formats va fleurir en 2013 : pas cher, il permet des innovations tout en limitant la prise de risque et surtout de communiquer de façon positive.
  3. De l’innovation pure : webséries et séries transmédia débarquent
    • l’essor de la web série : Canal+ s’y met en grand à l’occasion du lancement de la saison 4 d’Engrenages avec Inside Engrenages qui sera visible sur le site de la chaîne. Le principe est de se prendre pour un webreporter en immersion interactive. Mais, il n’y a pas que ça, Arte s’insère dans le dispositif de The Spiral, une série policière coproduite par 7 chaînes et diffusée dans 9 pays. Les internautes doivent investiguer sur le vol de tableaux dans des musées européens. Beaucoup d’autres ont éclos et parsèment le web. France TV à travers son action sur les nouvelles écritures en coproduit pas moins de quatre à la rentrée et France 4 lancera à l’automne une plateforme dédiée aux web-fictions. En somme de la fiction expérimentale financée à dose homéopathique qui pourrait trouver son public. À suivre donc de façon précise.
  4. La mort des grandes sagas estivales :
    • Quand la passion ne paie plus : d’échecs d’audience en échecs, les sagas ne font plus recettes. France 2 a goûté cet été à l’amère déception d’Inquisitio, France 3 n’a pas mieux fait avec Jeu de dames, qui après un démarrage satisfaisant s’est écroulée sur la fin, comme d’habitude. TF1 qui n’avait pas pris de risques cette année sur une production en propre s’est tout de même crashé avec Smash ainsi qu’Arte avec The Kennedys. Je n’y reviens pas mais même les feuilletons quotidiens Lignes de vie (45 épisodes de 26′) et Talons aiguilles et bottes de paille (26 épisodes de 26′) ont été à la limite de l’accident industriel au vu des audiences. On s’en doutait mais sur une fiction qualitative, le modèle français de production (cher et peu rentable) n’est plus adapté et ne s’est pas encore renouvelé pour proposer des sujets innovants et surtout bien traités. Car sans parler des accidents étrangers, les sagas françaises ont toutes le même syndrome : après un élan de curiosité, elles génèrent chez le téléspectateur de la déception sur le long cours quand il s’agit de maintenir les intrigues et faire vivre des personnages attachants. Pourtant, face au succès éclatant de la septième saison de L’amour est dans le pré, il semble que les Français aiment encore qu’on leur parle d’amour. À méditer.
  5. 2013 ou l’année des coproductions internationales :
    • Un nouveau modèle économique pour être rentable : tout le monde en fait, tout le monde en veut, la copro internationale est la solution aux problèmes structurels de production de la fiction française. TF1 s’y met joyeusement avec Jo, la série construite autour de Jean Reno. Série créée par René Balcer (le showrunner de New York Police Judiciaire et New York Section Criminelle), Malina Detcheva et Franck Ollivier, elle met en scène un grand flic charismatique (low concept centré autour d’une star) qui traitera d’enquêtes au coeur de Paris avec son équipe.
      Pour en savoir plus sur la différence entre un low et un high concept, je vous renvoie au cours Le high concept, ou comment vendre son premier scénario à un producteur.
      À part Canal+ qui en fait son modèle économique de référence, les autres chaînes tentent le coup et le coût sur des projets stars à forte notoriété. Qu’en diront les audiences ? Si cela marche avec Canal+ qui ne complexe plus à l’idée d’aller chercher des savoirs faire étrangers sur une niche qualitative, je ne suis pas sûre que tous les autres projets fonctionnent de la même manière dans des chaînes peu habituées à partager leur leadership. À voir.

Que retenir ? Sur ces cinq premières tendances de la rentrée, nous voyons bien que les groupes audiovisuels sont au taquet pour capter et fidéliser leurs téléspectateurs. L’ère de la TV captive semble être enfin terminée, ce qui laisse augurer malgré la crise, une bonne nouvelle. Nous verrons ces prochains jours d’autres tendances intéressantes à décrypter sur les nouveautés annoncées par nos chaînes préférées. D’ici là, n’hésitez pas à partager avec nous vos ressentis sur ces premières annonces.

Hommage à Tony Scott: grand réalisateur doué pour nous divertir

Comme beaucoup, j’ai été surprise et triste d’apprendre la mort de Tony Scott, surtout dans ces circonstances bizarres et brutales. C’est alors que j’ai réalisé à quel point ce grand cinéaste, peut-être trop dans l’ombre de son frère pour le grand public, a contribué à mon univers créatif.


J’ai vu et revu la plupart de ses films et j’attendais chaque année son nouvel opus en me régalant d’avance. Les nécro ne manquent pas pour rappeler ses plus grands films, des plus populaires au plus intimistes, je vous mets quelques liens sur les plus documentées, mais j’ai pensé qu’une synthèse de plusieurs interviews pourraient nous donner une bonne idée de sa façon de voir le cinéma.

Tony Scott l’a répété plusieurs fois, il aimait faire des films

Ayant eu toujours le choix, il a pu tout au long de ses trente ans de carrière réfléchir très précautionneusement à ceux dans lesquels il allait s’investir corps et âme. Souvent réduit à son esthétique clippée venue de ses années de pubard, Tony Scott nous lègue une filmographie riche et dense. Même si beaucoup de ses films ont été calibrés comme des blockbusters, ils n’en restent pas moins des films d’un auteur avec une certaine vision du monde et des convictions profondes sur l’humanité et beaucoup de high concepts.
Pour vous exercer à trouver vous aussi des high concepts, n’hésitez pas à vous reporter au chapitre dédié et à commencer par le cours sur le high concept, voie royale pour vendre un scénario.
Grand amateur du divertissement, il est l’un des rares à avoir mêlé les deux sans se mélanger les pinceaux avec un savoir-faire précieux dont voici quelques recettes qu’il a bien voulues partager avec nous :

  1. Un amour inconditionnel pour les vrais héros : « what always leads me in terms of my movies are characters. »Tony Scott l’a beaucoup répété, il a toujours travaillé avec ce qu’il appelait des « role models » pour ses auteurs. Ce sont des gens du monde réel qui donnent de la densité au personnage. Avec un script en main, il n’en changeait pas la structure, mais il utilisait ses recherches et sa documentation pour le guider et filmer au plus juste une réalité sous-jacente. Ses héros ont tous existé, que cela ait été officiel ou pas. Il s’est toujours inspiré de vraies personnes. C’est de ce jeu permanent entre fiction et réalité que seul permet le cinéma, que Tony Scott a tiré l’essentiel de ses motivations à faire des films. Grâce à ses personnages, il a pu explorer des mondes qui lui étaient fermés tout en étant très bien payé pour. L’un des rares peut-être à faire partie du système hollywoodien et à y trouver du fun. Quand on pense que Jerry Bruckheimer l’a supplié par trois fois de faire Top Gun !
  2. Un respect mutuel avec ses acteurs : « there is a shorthand, but there’s a terrible, old-fashioned word called ‘respect’ »À la fin de sa carrière, Tony Scott avait fait de Denzel Washington, l’un de ses acteurs préférés. Lorsqu’il s’exprimait sur cette relation de respect et d’amitié, il mettait en avant une collaboration ancrée sur une vision commune du cinéma. Tony Scott avait l’obsession de son personnage principal, tout comme Denzel Washington. Il a su tirer de l’acteur des personnalités différentes pour USS Alabama (Crimson tide), Man On Fire, Déjà vu, L’attaque du métro 123 et le dernier en date Unstoppable. C’est comme ça qu’il voyait la direction d’acteurs, en allant chercher dans la personnalité de ses acteurs ce qui pouvait correspondre à son personnage. D’après Tony Scott, Denzel Washington a la rare qualité de pouvoir aller chercher différents aspects de sa personnalité pour communiquer ce qui lui est demandé, sans même avoir besoin de parler.
  3. Une caméra toujours en action : « maybe I move it more than I should, but that’s the nature of the way I am. »La caméra est censée retransmettre de l’énergie pour Tony Scott. C’est ce qui rend son cinéma aussi excitant. Pour lui, c’est aussi ce qui densifie l’axe dramatique. Il utilise le champ visuel pour faire monter la sauce, d’où une multitude de caméras pour faire quelques prises. C’est d’ailleurs ce que les acteurs aiment chez lui à son propre aveu. Cette utilisation saturée de l’image est aussi ce qui fait son plaisir en tant que réalisateur et ce qui l’a poussé à choisir un film plutôt qu’un autre. Pour L’attaque du métro 123, l’essentiel du film se passait dans une conversation téléphonique entre deux personnages. Son challenge était de la rendre aussi tendue que possible, tant au niveau de l’écriture, qu’au niveau du jeu d’acteurs. Une double exigence qui lui a toujours permis d’obtenir un résultat à l’écran. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles, il a souvent choisi des lieux emblématiques pour tourner ses films. Mettre ses acteurs dans un environnement réel, México pour Man on Fire ou dans une cabine de train pour Unstoppable, a toujours donné à son avis plus de force à ses films.
  4. Un homme inspiré : « I’m a plagiarist —I always look back at other movies and I steal, but I steal well, and I reinvent. »Dans ses films, Tony Scott a souvent fait de ses arènes (approfondissez cette notion avec le cours écrire une série tv, les quatre ingrédients d’une bonne bible de série), de véritables personnages.
    Dans L’attaque du métro 123, Tony Scott avoue par exemple s’être beaucoup inspiré de Koyaanisqatsi, un film de Godfrey Reggio produit par Francis Ford Coppola. Il voulait faire un portrait de New York qui puisse être différent de tout ce qu’on avait déjà vu. En s’inspirant du documentaire, Tony Scott a ainsi travaillé sur les ellipses temporelles pour être capable de nous faire ressentir la pression et l’angoisse que peut générer New York et ce, dès le générique de début.

  5. Un rapport compliqué à son frère : « If Ridley and I worked together on the set we’d kill each other. »Tony Scott expliquait que son frère et lui avaient débuté ensemble à Hollywood il y a plus de 45 ans et que leur fraternité avait été plutôt une force qu’une faiblesse. Tony Scott voyait dans leur relation comme un bras droit et un bras gauche d’une même personne. Ils ont construit par ailleurs leur société de production ensemble (Scott Free Productions) ainsi qu’une société de distribution (RSA). Dans leur relation, Tony Scott se voyait comme le travailleur du quotidien, tandis qu’il voyait son frère comme le plus agité des deux, toujours à être à l’avant du bateau. Il savait qu’on lui reprochait beaucoup sa forme plutôt que le contenu, alors que son frère avait droit à tous les honneurs pour ses films à la mouvance plus classique comme Alien, le huitième passager, Blade Runner ou Gladiator. Dans une interview, Tony Scott espérait que ses films entreraient un jour dans les rangs des classiques de cinéma. L’avenir lui donnera surement raison.
  6. Un style spécifique fait de techniques de montage alterné, chronologies bousculées et de ralentis appuyés : « everything in the way I shoot the movie is dictated by the world when I touch it. »Domino est un bon exemple de son style si particulier. Tony Scott disait que son film ressemblait à un disque rayé et que sa façon de filmer lui était directement inspirée par ses recherches. En peignant des chasseurs de prime cocaïnés jusqu’à l’os, drogués à la métamphétamine, il avait voulu explorer et filmer cette dimension du monde qu’il explorait. Il n’était pas vraiment satisfait du résultat pourtant, regrettant de s’être laissé emporté par son sujet en empêchant le film de respirer.
  7. Une des têtes de turc des critiques : « we were criticized, we being the Brits coming over, because we were out of advertising —Alan parker, Hugh Hudson, Adrian Lyne, my brother— we were criticized about style over content. »Ses premières années à Hollywood ont été difficiles dans les années 1980. Après Top Gun, sur lequel les critiques ont beaucoup tapé, insistant sur son côté homo refoulé, Tony Scott a beaucoup travaillé avec Jerry Bruckheimer qui cherchait une nouvelle façon de faire du cinéma. Ils ont fait six films ensemble (Top Gun, Le Flic de Beverly Hills II, Days of thunder (Jours de tonnerre), USS Alabama, Ennemy of the state (Ennemi d’état), Déjà-vu), car Bruckheimer a toujours apprécié ses choix artistiques malgré une presse horrible envers lui. Depuis, Scott a appris à ne plus lire aucune critique.
  8. Une noirceur au fond de chaque personnage : « there’s always a dark side to my characters. »Peut-être que ce dernier élément peut expliquer sa fin tragique en elle-même. Tony Scott disait que tous ses personnages avaient un squelette dans le placard et c’est ce qu’il aimait chez eux. Que ce soit le personnage de Bruce Willis dans le Dernier samaritain, ou encore Denzel Washington dans tous leurs films communs. La peur était selon Scott dans tous ses films. Il relatait que la chose la plus effrayante qu’il faisait chaque matin était de se lever pour faire des films. Il était toujours réveillé une heure ou deux avant son réveil par l’appréhension. C’est cette peur qui le motivait et qu’il avait même fini par apprécier. Alpiniste dans ses loisirs, quand il avait terminé un film, il pouvait faire quelques ascensions pour ressentir à nouveau cette peur, celle d’être suspendu dans le vide. Cette peur du vide est tangible, matérielle, elle est ou n’est pas, vous ne pouvez pas la ressentir à moitié. L’autre peur est plus insidieuse, abstraite et plus effrayante encore.

Peut-être cette dernière peur l’a emporté. Personne ne saura jamais. Il nous reste ses films et quelques témoignages. Tony Scott se disait chanceux d’avoir toujours pu choisir ses films et d’avoir eu l’opportunité d’en faire dans de bonnes conditions. Même s’il pouvait regretter de ne pas les avoir réussis tous autant qu’il espérait, il n’en aurait pas retiré un seul de sa filmographie. Les témoignages d’Hollywood montrent à quel point il était apprécié, tant par sa personnalité douce et respectueuse que pour ses choix innovants et son esthétique si particulière. À 68 ans, il lui restait encore certainement de beaux films à faire, il en a décidé autrement. Je garde pour ma part une préférence pour True Romance, son premier film hollywoodien The hunger (Les prédateurs) et l’un des films préférés de Cédric, Spy Game, à voir de toute urgence si ce n’est pas déjà le cas.

Total Recall: Philip K. Dick à la moulinette hollywoodienne

Il y a peu, nous fêtions l’anniversaire des trente ans de la mort de Philip K. Dick dont Hollywwod a pillé et continue de piller l’oeuvre. S’il n’a pas toujours été crédité sur les films qu’il a inspirés comme The Truman Show de Peter Weir en 1998, ou encore Matrix, la trilogie des frères Wachowski en 1999, Hollywood n’hésite plus maintenant à l’ajouter au pitch de vente pour attirer un public de fans.


Cette tendance n’est pas nouvelle au pays des Blocks Busters, toujours plus friand de sécuriser le démarrage de ses grosses productions par des références qui plaisent au public. Auteur oublié, quasi esotérique jusqu’à sa mort en 1982, Philip K. Dick est devenu aujourd’hui une icône de la science-fiction. Il est donc logique qu’Hollywood, après s’être largement inspirée de ses nouvelles et de son univers pendant des années sans payer un centime de droits aux héritiers, lui fasse maintenant la révérence.

  1. Les chiffres parlent pour eux-mêmes :
    • Total Recall Mémoires Programmées de Len Wiseman avec Colin Farell, est la onzième adaptation de son oeuvre au cinéma (des films dont il est crédité bien sûr). Philip K. Dick. est perçu aujourd’hui comme l’auteur phare de Blade Runner de Ridley Scott en 1982 (tiré du roman Do Androids Dream of Electric Sheep ?) et de Minority Report de Steven Spielberg en 2002 (d’après la nouvelle éponyme The Minority Report).
    • Manquant d’inspiration, Hollywood tourne en boucle sur des remakes de remakes dont la liste est toujours plus impressionnante. L’industrie a besoin d’essence et quoi de mieux que la production d’un auteur de SF que le monde semble redécouvrir et dont la vie pathétique a donné naissance à un univers foisonnant. Stratégie de remakes ou d’adaptations plus ou moins fidèles sont dans les startings blocks : pas loin de cinq ou six projets sont d’ores et déjà en préparation.
    • 2013 sera surement l’année Philip K. Dick : Ubik de Michel Gondry ou encore Blade Runner 2 envisagé par Ridley Scott devraient émerveiller les fans. Et le trésor est encore plein : Philip K. Dick a écrit une cinquantaine de romans et plus d’une centaine de nouvelles qui en font l’un des auteurs de science-fiction les plus importants du vingtième siècle comme le rappelle si justement un article du Monde qui recense sa contribution à notre domaine culturel : Philip K. Dick, un prophète à Hollywood.
  2. Après, il n’est pas sûr qu’Hollywood préserve vraiment l’esprit de l’auteur !

  3. Philip K. Dick à la moulinette hollywoodienne :En témoigne l’échec actuel du remake de Total Recall au Box Office américain qui peinera à faire ses 50 M$ de recettes sur le territoire américain et qui ne rentabilisera donc qu’avec difficulté ses 125M$ de budget. Les spectateurs sont-ils lassés des remakes ?
    • On pourrait le croire à première vue : comment égaler en effet le Total Recall de Paul Verhoeven sorti en 1990 (adaptation de We Can Remember it for You Wholesale) ? Le film au 65 M$ de budget avait été un large succès au box-office, devenu culte pour tous les fans de SF dont je fais partie.
    • Mais à la vue du dernier remake, on peut se demander ce que sont devenus les éléments clés du roman. Si l’adaptation est un sport difficile, devant faire des choix par essence, tout en respectant l’esprit (ce qu’avait réussi à garder le film de Paul Verhoeven), il semble que celui de Len Wiseman ait volontairement coupé dans les thématiques les plus importantes du livre. Qu’est devenue la colonie originellement appelée New Asia ? Pour des raisons qui n’ont rien à voir avec l’artistique et d’après un article paru sur un blog américain dédié au cinéma et à l’univers des médias américains appelé : Cinema Blend : a guide to the Total Recall you didn’t see, le Studio a délibérément changé le méchant pour sauver ses exportations vers la Chine et les autres marchés asiatiques qui auraient pu s’offusquer de se voir dans un mauvais rôle, ce que confime le réalisateur d’une façon polie quand il dit : « it was one of the concerns of the studio about being so specific about… it was slanting too much to where we were saying that was the entire culture, and it’s not. ».
    • Je n’ai pas pu juger par moi-même, mais, aux lumières de ces premières indications, le remake ici n’est pas le problème. Cette deuxième adaptation a été altérée pour convenir à des problématiques purement financières et marketing, ce qui est toujours une mauvaise façon de procéder. Le film n’avait, à mon humble avis, pas besoin de ça pour se vendre. En effet, même si les Chinois ne connaissent pas Philip K. Dick, ils sont tout de même sensibles à la qualité d’un scénario, non ?

Que retenir : s’il est fort à parier que le nouvel opus de Total Recall ne sera pas à la hauteur de son auteur d’origine, nous pouvons nous consoler avec l’ensemble des autres productions inspirées de Philip K. Dick que nous pouvons lire ou voir à volonté. Je ne résiste pas à vous faire une petite liste pour les vacances en attendant d’autres adaptations plus réussies. À voir :

  • Inception de Christopher Nolan, dont vous pouvez vous procurer maintenant le Shooting Script.
  • Dark City d’Alex Proyas, 1998.
  • Existenz de David Cronenberg, 1999.
  • Ouvre les yeux (Abre los Ojos) d’Alejandro Amenabar, 1999 et son remake US Vanilla Sky de Cameron Crowe, 2002.
  • Paycheck de John Woo, 2003.
  • L’agence de George Nolfi, 2011 (tiré de la nouvelle The adjustment team).

La liste n’est pas exhaustive mais, nous donne de quoi être dans l’univers de Philip K. Dick pendant la fin de l’été. Bonne lecture et bons films.
Pour vous exercer à trouver des high concepts comme Philip K. Dick, n’hésitez pas à vous reporter au chapitre dédié et à commencer par le cours sur le high concept, voie royale pour vendre un scénario.
Pour les fans, je me permets de mettre un lien vers le site officiel de Philip K. Dick créé et géré par ses enfants.

Écrire un court-métrage: le rôle prépondérant de la structure

Comment écrire un court-métrage pour propulser votre carrière ? Voici quelques conseils tirés de l’expérience de Dan Gurskis, dont l’ouvrage The Short Screenplay : Your Short Film from Concept to Production est une mine de conseils pédagogiques et une source d’inspiration que je vous propose de commenter ici en l’associant à mon expérience personnelle.


En effet, même s’il s’inscrit dans une économie spécifique avec très peu de moyens, le court-métrage peut vous permettre comme à Cédric, avec La muse de Monsieur Botibol de constituer une véritable carte de visite professionnelle pour démarcher des producteurs.

  1. Avant toute chose, sachez déterminer le format de votre court-métrage : De votre séquence d’ouverture à votre générique, un court-métrage est avant tout un film d’un certain nombre de minutes. Lié à l’histoire du cinéma, il a permis à Charlie Chaplin, Buster Keaton, ou encore aux Frères Lumières de proposer du divertissement sur un moment court. Mais que veut dire exactement court dans court-métrage ? Dan Gurskis a identifié quatre types de court-métrage :

    • Le court-court : entre deux et quatre minutes. Construit sur une seule action dramatique (un déclencheur) et toujours une résolution simple (un trois la plupart du temps). Cette durée convient particulièrement si vous écrivez un court-métrage comique. En comédie, on appelle ça un gag avec une amorce et une chute. (Retrouvez l’explication de la base de la mécanique du rire en cliquant ici). Il s’agit concrètement d’une ou deux scènes de quelques pages.
    • Le court conventionnel : 7 à 12 minutes. Cette durée vous permet d’explorer une action dramatique, un 1-2-3 si vous préférez avec une tâche. Même si vous ne pouvez suivre qu’une seule action dramatique (un personnage avec un objectif subit un déclencheur et doit trouver une résolution à son problème), cette longueur vous permet d’utiliser un ou deux rebondissements. Il s’agit concrètement d’un document qui contient entre cinq et huit scènes (une quinzaine de pages selon le genre choisi).
    • Le court-moyen métrage : de 20 à 25 minutes. Cette longueur vous permet d’explorer une action dramatique complexe avec de multiples retournements de situation. Il peut contenir une intrigue principale (celle du protagoniste) et des intrigues secondaires (c’est le format par excellence de la sitcom). Il s’agit d’un document de douze à quinze scènes majeures d’une vingtaine de pages (ou plus si vous êtes en comédie où le rythme est plus rapide).
    • Le long-court métrage : trente minutes ou plus. Il s’agit d’un mini film en soi, construit sur un 1-2-3 développé, une intrigue principale et des intrigues secondaires avec de multiples retournements de situations. Il contient entre vingt et trente scènes au maximum pour un document d’une trentaine de pages.

    Entre ces différentes catégories, il existe bien sûr d’énormes différences de structure même si parfois les durées sont proches. La durée maximale d’un court-court est de quatre minutes, tandis que la durée minimale d’un court-métrage conventionnel est de sept minutes. Entre les deux, une différence de structure à connaître pour ne pas vous rater.

  2. Dans un court-métrage, pensez toujours en termes d’économie dramatique : La plupart des court-métrages sont fondés sur une économie d’expression artistique : les scènes doivent être emblématiques parce qu’il n’y a tout simplement pas assez de temps pour développer des nuances et tout montrer. Cette limitation est la source de votre challenge dramaturgique : vous n’avez qu’une seule chance pour convaincre, ça passe ou ça casse. Voici quelques conseils pour vous aider à casser la baraque :
    • Restez centré : votre unité dramatique doit être claire et précise. Un protagoniste, un déclencheur, un plan, un ou plusieurs obstacles (plus votre conflit sera clair et évident, plus vous maintiendrez une tension, plus votre intrigue sera efficace) et une résolution. Ne tentez pas de résumer la vie de votre personnage ou de le caractériser en nuances par une longue exposition, allez droit au but avec le maximum de conflits possibles.

    • Cadrez le champ de l’action : compressez l’action sur un minimum de temps. L’intrigue d’un court-métrage est toujours resserrée dans le temps (évitez les périodes longues pour caractériser votre action). Plus vous augmenterez la tension dramatique, plus l’énergie sera concentrée, plus vous serez efficace. N’hésitez pas à vous aider d’une horloge ou d’un compte-à-rebours (les Américains appellent cela un Time Lock) pour assortir la compression temporelle d’un enjeu visuel. Votre personnage doit agir sous une durée de temps précise sinon… il risque de… La tension et l’objectif vous aideront ainsi à mieux structurer.
    • Limitez le nombre de personnages : vous n’avez tout simplement pas le temps de connecter votre audience à un trop grand nombre de personnages. Établissez un contrat clair avec votre spectateur sur un ou deux personnages maximum. Dès que vous en dépassez trois, cela ne sent généralement pas bon.
    • Montrez au lieu de dire, les Américains appellent cela Show don’t tell : dans un temps réduit, vous devez absolument maîtriser l’art d’être visuel, de raconter une histoire en images plutôt que par de longs dialogues qui ne feraient que ralentir votre récit.
    • Milkez au maximum votre histoire : étant donné le temps court dont vous disposez, ne perdez pas de temps à poser de nouveaux éléments toutes les cinq minutes mais réutilisez chaque partie de votre courte exposition dans chacun des éléments que vous voulez exposer. Demandez-vous toujours si vous ne pouvez pas réutiliser soit une caractérisation de personnage, soit une action, car dans un court-métrage, même le plus petit détail compte.
  3. Travaillez toujours votre concept avant d’écrire votre court-métrage : Si l’on peut penser qu’un court-métrage s’écrit plus vite qu’un long, il ne faut surtout pas négliger sa construction conceptuelle qui seule, peut vous permettre de ne pas disperser vos talents. Le court-métrage requiert de la précision et il est important d’avoir clairement en tête votre concept avant d’aborder la continuité dialoguée.
    • Ne vous servez pas d’effets spéciaux pour masquer les trous de votre structure : contrairement à un long-métrage, le court-métrage s’inscrit toujours dans une économie artisanale. Évitez les effets et concentrez-vous sur l’histoire que vous voulez raconter, car, qui que vous soyez, vous ne ferez jamais StarWars en dix minutes.

    • Travaillez votre concept avec une ligne narrative claire : évitez les multiples sous-intrigues qui ne servent pas directement l’intrigue principale. Si vous arrivez à construire une intrigue principale digne d’intérêt, cela vous servira amplement à peupler le court temps dont vous disposez et à concentrer vos spectateurs sur votre personnage principal.
    • Tentez au maximum de proposer un high concept : le film court ne supporte pas bien la dispersion. N’oubliez pas d’ailleurs que vous êtes en concurrence avec des milliers d’autres court-métrages. Si vous voulez sortir du lot, votre narration doit être la plus claire possible, la plus dramatisée possible et la plus originale possible. Un high concept vous propulsera immédiatement en tête de la liste et s’il est bien réalisé, vous permettra surement de vous démarquer.
  4. En conclusion, voici une liste d’erreurs de débutant à éviter : Afin de donner à votre court-métrage les meilleures chances de se démarquer, vous devez être original : il ne s’agit pas de réinventer la dramaturgie mais de vous appuyer sur elle pour construire une histoire personnelle qui vous ressemble et qui parle au plus grand nombre. Dans cette optique, quelques lots communs sont à éviter, tant sur les rebondissements les plus souvent usités que sur les types de personnages :
    • La mort comme résolution finale (qu’elle soit accidentelle, résultant d’un meurtre ou d’un suicide, etc.) : faire mourir votre personnage à la fin de votre court-métrage n’est pas forcément une bonne idée. Non seulement, cet élément dramatique est très souvent usité, mais il est pauvre de sens la plupart du temps. Plus votre personnage sera actif et aura à subir des obstacles, plus vous créerez de l’empathie. Sa mort prématurée ne pourrait que vous couper du spectateur, déjà habitué à ce genre de résolutions anticipées des conflits par ailleurs.
    • La menace par arme à feu : comme la mort, montrer un personnage avec un pistolet pointé sur lui est un lieu commun du court-métrage. Vous pouvez trouver mieux pour challenger votre personnage.
    • Trop de serial killer tue le serial killer : attention à l’utilisation de cette thématique, mille fois traitée ces dernières années. Si vous n’arrivez pas avec un axe complètement innovant sur le sujet, mieux vaut l’éviter.
    • Faire une parodie : bien sûr, cela a donné par le passé d’excellent petits films amusants, mais la mode est passée et il vous sera difficile d’exprimer un point de vue très original par ce prisme sans tomber dans la caricature, ou les clichés du genre. Trouvez-vous plutôt une voie personnelle pour exprimer votre point de vue sur le monde.
    • Ce n’était qu’un rêve : il est parfois tentant d’amorcer la chute d’une histoire en s’aidant du rêve ou du fantasme. Un personnage vit un cauchemar puis se réveille dans son lit… ouf ! Bien sûr à éviter aussi, ce système a été déjà fait cent fois. Si vous ne l’utilisez pas d’une façon différente, vous allez droit dans le cliché du court-métrage d’étudiant.

Que retenir ?

La liste fournie ici n’est bien sûr pas exhaustive et il existe encore une multitude de clichés sur le court-métrage dont je ne me fais pas l’écho. Mais vous avez compris le sens de ces mises en gardes : comme tout projet artistique dans un monde concurrentiel, pour réussir à faire un court-métrage réussi et à vous démarquer, vous devrez avoir une vision personnelle sur un sujet et le traiter d’une façon originale en vous servant des outils dramaturgiques de base qui servent à construire toute histoire. Un bon concept, clair et innovant, vous donnera les meilleures chances de tirer votre épingle du jeu de l’exercice difficile que constitue le film court.
N’hésitez pas, d’ores et déjà, à partager vos expériences de court avec nous.

Fiction française en faillite : ces revenus qui lui passent sous le nez

Tandis que le cinéma français ne s’est jamais aussi bien porté, avec une fréquentation et des exportations en hausse, c’est l’inverse pour la fiction française TV dont la production baisse, avec une innovation et une ambition artistique réduites à peau de chagrin. Et si l’explication était là où on ne la cherche pas d’habitude, c’est-à-dire dans son modèle économique intrinsèque ?


Si certains ou certaines comme Françoise Ménidrey (cf. une directrice de casting juge avec pessimisme le marché audiovisuel français) évoquent la frilosité des diffuseurs qui cherchent à se rassurer sans cesse en jouant sur les mêmes ressorts et en misant toujours sur les mêmes têtes, ou lorsque d’autres déplorent le manque de formation de nos auteurs et des séries trop artisanales pour s’exporter, comme l’a souligné le directeur de la fiction de Canal+, Fabrice de la Patellière, il apparaît surtout que la fiction française souffre d’un mal plus profond qu’un manque de talent, d’expérience, ou même d’ambition.

La fiction française souffre d’un manque cruel de recettes !

En effet, tandis que les studios américains sont florissants, alors même qu’ils prennent parfois de grosses raclées au box office comme je l’évoquais récemment avec l’analyse de l’échec de John Carter dans un billet dédié sur le flop mondial de John Carter, Disney a tout de même annoncé un profit record pour 2012, s’étant rabattu sur d’autres sources de profit. Les américains auraient-ils trouver le moyen de déconnecter le succès au box office des recettes globales engendrées ? Quel est donc leur secret ? Auraient-ils trouvé d’autres moyens de gagner de l’argent que la pure et simple diffusion ?

  1. Émergence du phénomène des « LICENCES » : comme je l’évoquais dans mon précédent billet sur le reboot de Spiderman, les studios ont pu compter sur l’explosion des recettes générées par les licences de tout leur catalogue de films et séries dont les adaptations TV, animées, remakes, reboots, sont légions. Mais ce qui est nouveau depuis 2010, c’est que ces rentes proviennent surtout des nouvelles plateformes de téléchargements en ligne comme Amazon, Hulu ou encore Netfix. Si ces revenus étaient encore négligeables il y a quelques années, aujourd’hui, ils sont le nerf de la guerre, car ils ne demandent aucun investissement publicitaire ou financier et viennent constituer un profit pur sur des produits déjà amortis par ailleurs.

    Quand on compare avec notre fiction nationale, on voit bien que nos catalogues sont complètement sous-exploités surtout parce que les volumes produits sont très faibles et ignorés même par les professionnels qui les détiennent. Comme des terres en jachère, des milliers de potentiels remakes, reboots, adaptations dorment dans les tiroirs. Quand on pense qu’il n’y a qu’une case patrimoniale sur le service public, il y a de quoi pleurer.

  2. Essor de la VOD : jusqu’ici limité à une rente négligeable, la VOD engendre aujourd’hui des revenus substantiels pour les studios, surtout depuis qu’elle s’est déployée aux chaînes du câble et celles à abonnements. En 2012, les studios ont signé des deals avec les diffuseurs du câble qui distribuent dorénavant leurs productions. Vous trouvez ainsi les productions SONY sur HBO ou Comcast, qui proposent en plus des versions adaptées aux smart phones et autres i-pads. Ces deals sont censés rapporter des centaines de millions de dollars dans les deux prochaines années.

    Quand on sait qu’en France, les chaînes limitent elles-mêmes les rediffusions de leur fiction en propre (car elles ne veulent pas en payer les droits associés), et qu’elles préfèrent diffuser quitte à se ridiculiser avec des scores médiocres, comme le cas de la série Duo que j’évoquais dans un billet précédent, alors que France 2 aurait pu lui trouver une place honorable sur la TNT par exemple ; sans parler des gué-guerres entre TF1 et Canal+ via CSA interposé, comme le rappelait Sullivan Le Postec dans son article : Et tranquillement, le CSA proposa de tuer la fiction française… On se dit qu’on marche sur la tête. Bref là aussi, tout fonctionne comme si nos diffuseurs ne voulaient pas gagner d’argent avec leurs fictions.

  3. Exportations mondiales : les studios hollywoodiens ont créé des produits via leurs blockbusters en 3D qui plaisent à un grand nombre de pays en développement comme la Russie, la Chine, la Corée, ou encore le Brésil dont ils ont pris en otage les box-offices. La Chine s’est récemment équipée d’écrans 3D (cf. ma news dédiée sur la conquête chinoise d’Hollywood), et renvoie pas moins de 20% des profits générés sur son sol aux maisons mères américaines. Quand on sait qu’un film comme The Avengers a rapporté presque 750 millions de dollars à l’étranger alors que le box office américain régressait de 4% en 2011, on comprend mieux pourquoi les studios affichent une santé florissante.

    Rapporté à notre marché national, même si quelques films réalisent de bonnes performances à l’étranger, nous sommes encore très loin d’une couverture mondiale. La fiction et le cinéma français dépendent encore à 99% de leur marché domestique, les exportations constituant quelques miettes qui ne couvrent pas même les frais de promotion. La langue, les formats non adaptés, les volumes trop faibles, la faiblesse de concepts trop franco-français (low concepts) ne nous permettent pas de compenser et d’exister en dehors de nos frontières, ou trop peu. C’est dommage. Quand on voit les revenus que les autres arrivent à en tirer, ça fait pourtant envie.
    Pour en savoir plus sur la différence entre un low et un high concept, je vous renvoie à la masterclass Le high concept, ou comment vendre son premier scénario à un producteur.

  4. Rationalisation des coûts : devant l’inflation des budgets, les studios ont réussi à faire baisser leur facture en associant les stars aux bénéfices, leurs risques sont ainsi partagés et les coûts sont drastiquement maîtrisés. Pour un acteur bankable payé en nominal 10 millions de dollars par exemple, ce dernier n’en touche concrètement que 2, car les 8 restant sont soumis à la performance du film. Bien évidemment, ces deals sont tenus secrets des deux côtés, mais la pratique est largement répandue.

    Comparativement, en France, c’est exactement l’inverse qui est pratiqué. Certaines stars du petit écran français peuvent prétendre jusqu’à 15% du budget total (alors que le scénario est payé entre 2 et 5% dans le meilleur des cas). On voit là aussi que la ventilation du budget n’est pas à l’avantage de nos fictions qui souffrent d’un manque de moyens alloués aux décors, à la lumière ou encore au son, alors que paradoxalement, les montants totaux soutiennent parfois la comparaison avec leurs homologues américaines. Nous faisons là encore exactement l’inverse d’une gestion rigoureuse qui pourrait permettre d’abaisser les coûts et donc de dégager plus de recettes.

  5. Production de séries TV : c »est la source principale des profits d’Hollywood (jusqu’à 75% pour un studio). Tous les studios produisent des séries TV pour le câble et le hertzien, mais c’est le câble qui a absorbé l’essentiel de la croissance et qui redistribue la majorité des revenus, car ses grilles sont remplies de leurs productions. Le réseau A&E américain n’engrange pas moins que 20 milliards de dollars de revenus par exemple.

    À titre de comparaison, la TNT et le câble français, même s’ils profitent un peu du catalogue des chaînes premiums, diffusent essentiellement des programmes étrangers achetés à bas coûts. Là encore, les chaînes ne rentabilisent pas forcément leur catalogue en propre (même si elles mutualisent leurs acquisitions de programmes étrangers) : encore une source de profit qui est minorée sur un modèle qui repose encore trop sur la publicité (à plus de 75%).

Encore un mal de plus à ajouter sur le dos de nos productions nationales qui pâtissent du désintérêt des financiers, les mêmes qui déplorent pourtant que la fiction française ne soit pas rentable.

C’est tout le système qu’il faudrait réformer pour commencer à gagner de l’argent avec la fiction française

Le mal, dont souffre nos productions nationales, est donc surtout lié à un problème de mentalités. Alors que les productions de flux se portent à merveille, que la filiale française d’Endemol est la plus puissante d’Europe, la fiction sous sa forme TV ou cinéma est encore trop cloisonnée à un artisanat sans débouchés commerciaux.
Tant que le modèle économique tournera sur lui-même en coutant plus qu’il ne rapporte, sauf quelques exceptions, nous n’arriverons pas à sortir de l’ornière. Heureusement, la chute des monopoles (TF1 est passée à son plus bas historique au mois de juin 2012 avec une moyenne de 20% de pda) oblige les différents acteurs à se repositionner : qui sera le premier à trouver le trésor caché de la fiction ? Les paris sont ouverts : sur qui misez-vous ?

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