Comment commencer à écrire ? Aucun ouvrage de dramaturgie ne traite vraiment la question. Beaucoup vous donne des méthodes pour réécrire ou se focalisent sur des structures types mais au fond, peu de personnes vous diront par quel bout prendre votre page blanche. Doit-on d’abord commencer par un personnage, par la fin, par le milieu ? Certains […].
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Comment commencer à écrire ? Aucun ouvrage de dramaturgie ne traite vraiment la question. Beaucoup vous donne des méthodes pour réécrire ou se focalisent sur des structures types mais au fond, peu de personnes vous diront par quel bout prendre votre page blanche. Doit-on d’abord commencer par un personnage, par la fin, par le milieu ? Certains ont leur recette, mais y’a-t-il une voie royale ? High concept, via sa sélection de méthodes de dramaturgie vous propose de ne louper aucune des questions fondamentales à se poser et auxquelles répondre pour obtenir uns structure efficace, que ce soit pour une série tv ou pour une structure unitaire.
Parfois une image nous hante, un thème, un personnage, et plus rarement un climax ou une tâche, mais comment faire tenir le tout dans un projet qui ait un sens ? Comment se discipliner pour chercher dans le bon sens justement sans perdre du temps sur des détails qui ne nous aideront pas à écrire ?
Je vous propose d’essayer de faire le questionnaire suivant pour savoir si vous tenez le bon bout :
- Quel est le talent particulier de mon héros ?
- Qu’arrive-t-il à mon personnage au début de l’histoire ?
- Que ne sait pas faire mon protagoniste ?
- Que veut mon personnage principal ?
- Quelles sont les contraintes de mon personnage ?
- Que risque mon personnage ?
- Qui s’oppose à mon personnage ?
- Que fait mon personnage pendant la majorité du récit ?
- Que n’avait pas prévu mon personnage dans son plan ?
- Qu’apprend mon personnage sur lui-même à la fin de son aventure ?
Quand on pense personnage principal, on se perd parfois dans des détails (certains auteurs seront capables de vous parler de son physique, de sa manière de s’habiller, de son signe astrologique, de ses rapports avec ses parents, etc.) mais si on croisait cette personne au cours d’un dîner ou au détour d’un synopsis, nous ne saurions pas quoi en retenir. Or pour commencer à écrire, il faut au contraire commencer par prendre de la distance avec son personnage principal. Pour connaître la différence entre héros et protagoniste, n’hésitez pas à vous reporter à notre masterclass gratuite et apprenez à construire un déclencheur de fiction.
Astuce : travaillez d’abord vos personnages en les définissant grâce à un ARCHÉTYPE de fiction. Cette façon de faire vous permettra d’identifier le trait de caractère ou le talent particulier qui sera le plus important pour caractériser vraiment votre héros. C’est aussi une façon de manipuler vos lecteurs en définissant prosaïquement ce que vous voulez qu’ils retiennent de votre personnage parmi la masse d’informations que vous allez leur donner.
Si vous avez réussi à trouver un archétype qui vous plait, vous avez ainsi presque fait la plus grande partie du travail pour commencer votre histoire. En effet, une caractérisation réussie permet également de définir comment vous pouvez rompre l’équilibre de votre personnage. C’est ce qu’on appelle un DÉCLENCHEUR en fiction, c’est-à-dire un événement assez inhabituel et extérieur au personnage qui vient rompre sa routine, son quotidien et qui l’oblige à sortir de sa zone de confort.
Astuce : utilisez l’archétype pour construire votre déclencheur. Imaginez par exemple ce qui serait un vrai problème pour votre personnage en fonction de sa caractéristique avec une question de type : qu’est-ce qui pourrait arriver de pire à un menteur ? À un séducteur ? Etc.
Une autre façon d’aborder son protagoniste est de réfléchir à l’envers en essayant de trouver ce qu’il ne sait pas faire grâce à ce que l’on appelle en scénario, sa FAILLE. Non seulement, trouver cette incapacité fondamentale vous aidera à définir la trajectoire de votre histoire (à la fin, votre personnage devra résoudre ce problème au climax) mais cela vous aidera également à structurer car à elle seule, cette incapacité sera génératrice de conflits sur l’ensemble de votre histoire.
Astuce : trouvez une faille MORALE à votre personnage, c’est à dire, un défaut ou une incapacité qui blesse non seulement votre personnage mais aussi son entourage et les gens auxquels il tient. Ainsi, à chaque action du personnage, vous obtiendrez potentiellement un conflit avec l’un de ses alliés.
Typiquement, c’est sur un OBJECTIF qu’on établit l’épine dorsale d’un scénario, puisque ce dernier permet de comprendre ce pour quoi votre héros va se battre (l’objectif va donc définir son domaine d’action au sens large, c’est à dire physique mais aussi psychologique). Bien évidemment, plus l’objectif sera difficile à atteindre, plus votre héros devra se battre, plus nous serons attachés à ce qu’il l’obtienne.
Astuce : choisissez un objectif externe au personnage (c’est à dire concret) et dont le personnage est conscient (évitez bien évidemment l’inverse, c’est à dire l’objectif inconscient ou peu concret de type : mon personnage veut changer, redonner un sens à sa vie, etc.).
Pour s’obliger à penser son personnage dans un univers donné, il est parfois utile de se pencher sur l’ensemble des règles auxquelles il est soumis : fait-il partie d’un groupe social déterminé ? Appartient-il à une minorité ? Quelle est sa latitude d’action dans son domaine d’activité ? Est-il un chef, un employé ? Est-il marié ? Célibataire ? A-t-il des enfants ? Bien évidemment, plus ces contraintes seront fortes, plus le personnage devra lutter et ce sur plusieurs fronts, plus nous aurons à coeur qu’il obtienne son objectif…
Astuce : un bon moyen de tendre le récit est de mettre une horloge aux fesses de votre héros, c’est-à-dire une contrainte de temps qui oblige votre personnage à poursuivre son objectif dans un temps limité. C’est un bon moyen pour renforcer les enjeux : moins il aura de temps pour accomplir son objectif, plus vos scènes seront tendues.
Cette question vous permet d’établir des ENJEUX autour de votre personnage. En effet, il n’est parfois pas suffisant d’établir un objectif si nous ne comprenons pas vraiment pourquoi la réussite de l’objectif est importante pour le personnage.
astuce : déterminer un enjeu négatif (mon personnage risque de voir sa situation se dégrader de façon importante si…) ET un enjeu positif (mon personnage peut améliorer nettement sa situation si…). Cela vous permettra de justifier pleinement l’objectif.
Déterminez une force d’opposition à l’objectif d’un personnage est une bonne façon de vous aider à créer du CONFLIT (même de façon artificielle). N’hésitez pas dans ce sens à construire vos MÉCHANTS avec des qualités opposées à celles de votre héros. Bien évidemment, un opposant n’a de possibilité de nuisance que s’il est puissant, ou du moins s’il a une possibilité de pression sur votre personnage.
astuce : créez vos ANTAGONISTES comme votre protagoniste en leur donnant un archétype, une faille, un objectif, etc. Plus ils seront motivés à empêcher le héros d’agir, plus votre milieu d’histoire (soit votre 2) sera tendu. Bien évidemment, l’antagoniste vous fournit également une piste pour la fin de votre projet qui consistera en une sorte de « lutte finale » (vous avez reconnu le climax, pour en savoir plus sur cette notion, reportez-vous au cours qui vous aide à écrire la fin de tous vos scénarios). À vous de trouver la dernière bataille que devra mener votre protagoniste, celle qui devra désigner un vainqueur.
Il est parfois difficile de réfléchir purement en termes d’intrigues car pour écrire un film ou une série, il vous faut d’abord des supports visuels. Ainsi pour s’aider à trouver ce qui va occuper concrètement un personnage pendant la majeure partie du temps que va durer votre histoire, vous devez nous décrire ce qu’il va faire concrètement et comment, autrement dit sa TÂCHE.
Pour comprendre cette notion, n’hésitez pas à vous reporter à notre masterclass et apprenez à écrire 80% de votre scénario rapidement avec la tâche, jackpot du scénariste.
astuce : appliquez l’archétype de votre protagoniste à sa tâche, c’est-à-dire, définissez ce qu’il va faire et comment il va le faire avec ses propres compétences. Ainsi, si votre personnage est un enquêteur par exemple, il faut que vous nous expliquiez comment il enquête concrètement : Monk remarque des micro détails grâce à ses tocs, Sherlock Holmes fait de l’hyper déduction, etc.
Pour décliner votre tâche, vous pouvez structurer son plan, c’est-à-dire les différentes étapes que votre personnage compte faire pour atteindre son objectif. Plus le plan est compliqué et difficile, plus vous nous donnerez des raisons de suivre votre protagoniste.
Pour découvrir un exemple de plan, n’hésitez pas à consulter l’exemple donné sur l’écriture d’un épisode de la série Un village français.
Astuce : contrairement à Hannibal (cf. l’Agence tous risques ci-dessous) qui adore que ses plans se déroulent sans accroc, n’hésitez pas à faire subir à votre protagoniste un ou plusieurs revers majeurs. Bien évidemment, c’est quand il sera sur le point de croire que tout est perdu qu’il trouvera en lui une capacité inexploitée pour vaincre sa faille et obtenir son objectif.
Une histoire doit être construite avec une morale, c’est-à-dire, un point de vue d’auteur sur ce qui est raconté. Non seulement, il doit se passer des choses, mais il faut que ces choses aient un sens pour le personnage et a fortiori pour le spectateur. Une façon de le faire sans rester abstrait ou au contraire en étant trop moralisateur est de rester centré sur le personnage.
astuce : montrez-nous concrètement comment le personnage a changé. Si vous nous décrivez au départ un personnage avec des attributs dans une certaine situation, une façon de faire passer son changement après ses aventures est de nous montrer le même personnage à la fin, dans une situation qui prouve qu’il a changé.
Comme vous le savez, une série tv se construit essentiellement avec un déclencheur et une tâche (soit un 1 et un 2), puisque du fait même du principe de récurrence, une série est censée ne jamais avoir de fin (cf. notre masterclass sur l’écriture d’une série tv). Dans cette optique
je ne résiste pas à vous mettre le générique de l’Agence tous risques, The A team créée par les producteurs américains Stephen J. Cannell et Frank Lupo : vous remarquerez qu’une réponse est apportée aux principales questions posées ci-dessus et ce, dès le GÉNÉRIQUE :
Si ces questions ne vous aident pas à dérouler votre histoire avec un 1-2-3, il vous reste bien sûr nos cours sur la créativité pour vous aider à en finir avec la peur de la page blanche et l’auto-censure. En attendant, n’hésitez pas à partager avec nous les propres questions que vous vous posez en commençant vos histoires.
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