Certains parlent en effet du « writer’s block » ou plus généralement de blocages créatifs mais tous les auteurs ont à un moment ou à un autre besoin de venir à bout de difficultés dans leur processus de création.
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Certains parlent en effet du « writer’s block » ou plus généralement de blocages créatifs mais tous les auteurs ont à un moment ou à un autre besoin de venir à bout de difficultés dans leur processus de création. Nous avons tous des stratégies différentes pour vaincre ces blocages créatifs, en voici quelques unes qui ont fait leurs preuves.
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Redéfinir son problème pour changer de perspective.
Parfois nos blocages viennent d’un problème de perspective sur notre projet : à force de nous concentrer sur le problème qui nous bloque, nous ne le voyons plus que sous un angle. Une des solutions est de se poser la question en prenant un autre point de vue ; « et si Napoléon, Jacques Chirac, Moébius, ou encore Steven Spielberg, etc. devait concevoir mon concept ? »Se mettre dans la peau d’un autre, réfléchir à la manière de… peut parfois nous fournir un nouvel angle et peut-être une nouvelle perspective sur notre projet.
- Faire violence à son concept.
Il suffit aussi parfois de jouer avec les différents éléments d’un concept pour trouver une nouvelle idée et nous sortir d’un blocage. Cédric vous a appris à réduire vos concepts en 1-2-3 (via notre masterclass dédiée : atelier d’écriture d’un concept de série ou d’unitaire) pour prendre du recul sur eux. Une fois fait, jouez avec vos différents leviers en appliquant la technique du « Et si… ? » :Et si votre protagoniste était une femme à la place d’un homme ? Et si votre concept se déroulait en Papouasie à la place de la banlieue parisienne ? Et si votre héros historique était un inconnu ? etc. Vous verrez ainsi mieux les problèmes et les éléments à corriger.
- Mieux connaître son processus créatif.
Il est parfois intéressant d’analyser son propre processus créatif pour comprendre et désamorcer ses blocages créatifs. Il suffit de décomposer les différentes phases d’élaboration de nos projets. Si vous remarquez que vous bloquez toujours au même moment, vous aurez identifié l’une de vos tendances. Par exemple, vous aurez peut-être remarqué que vous avez du mal à travailler le matin, le lundi, après une lecture ou un visionnage, etc.Changer de routine peut-être alors un bon moyen de détourner vos blocages. Et si vous ne commenciez pas votre semaine avec une difficulté ? Varier vos rythmes : commencer par une difficulté n’est pas toujours la bonne solution.
- Changer d’attitude : regarder différemment ses blocages créatifs.
Nous devons toujours décomposer nos travaux créatifs en plusieurs phases : chercher une tâche originale et intéressante pour notre protagoniste (grâce à notre masterclass dédiée à la créativité) est souvent d’ailleurs à cet égard l’une des épreuves majeures et le jackpot de tout créateur de fiction originale. Pour y arriver sans se braquer, il suffit parfois de se dire qu’il est tout à fait normal de lutter pour aboutir à une proposition satisfaisante. Et si changer d’attitude par rapport à son travail était la meilleure façon de mieux appréhender la montagne qui reste à gravir. Il suffit parfois de se dire : « je sais que je ne serai jamais à court d’idées, mon objectif est juste de les rendre meilleures ».Dans cette optique, n’hésitez pas à utiliser les techniques de brainstorming de Cédric pour étoffer vos concepts.
- Désamorcer ses deadlines en les fractionnant.
Un sentiment de panique face à une échéance peut-être un puissant blocage pour créer. Il suffit parfois pour savoir gérer ses échéances sans stress de fractionner la tâche globale à faire (un scénario par exemple) en plusieurs mini-tâches à réaliser chaque jour de type : je travaille deux heures sur mon projet par jour en variant les travaux (un jour sur le personnage, un jour sur la tâche, un jour sur le 1-2-3, un jour sur l’arène, etc.)Et si je me fixais des objectifs accessibles en une seule séance ? Cette méthode permet de se fixer de plus petits objectifs plus faciles à appréhender chaque jour qu’un rendu final qui paraît infaisable ou effrayant.
- Dessiner ou écrire à l’aveuglette pendant quelques minutes.
Bien évidemment, pour les fidèles de ce blog, vous avez compris que cela vous permet de passer en mode D (cf. notre pack étudiant pour les petits budgets). Il ne s’agit pas ici d’un travail artistique, vous n’avez pas à vous poser la question de la qualité de votre résultat. Si par ailleurs, vous choisissez un thème au hasard (vous pouvez l’inclure dans vos pages du matin aussi), vous serez capable d’obtenir parfois un résultat intéressant.Et si j’arrivais à travailler sans pression, sans attentes et sans obligation de résultats ? Cela vous permettra de ré-attaquer votre projet à partir d’un nouvel état d’esprit en y apportant des éléments dont vous n’aviez peut-être pas conscience.
- Changer de jeu.
Tout comme en sport, pour dépasser un blocage, il suffit parfois de laisser tomber une difficulté pendant un moment pour y revenir ensuite. Et si je changeais de jeu ? Une des techniques efficaces pour le faire avec des résultats est de se remplir la tête avec son problème pendant une demi-heure : relire ses notes, ses différents drafts, faire le point sur son objectif, etc., puis, aller faire autre chose qui n’a rien à voir et qui n’est pas du travail : bricoler, faire ses courses, du sport, etc.Il est souvent arrivé qu’une solution à nos problèmes apparaissent pendant ces moments où notre cerveau gauche n’est plus connecté. Multiplier cet exercice aussi souvent que possible permet ainsi de dépasser beaucoup de blocages : à réitérer sans modération.
- Faire des listes.
Pour limiter vos blocages, dites-vous qu’il n’existe pas qu’une seule solution à votre problème. Face à une difficulté, libérez votre esprit et faites une liste de solutions possibles (pas forcément réalistes ou concrètes). Considérant que tout problème a une solution, vous savez qu’il n’y a pas qu’une seule façon de faire les choses.Et si vous ne cherchiez pas la perfection ? Parfois de petites solutions bricolées valent mieux qu’un gros blocage… L’enfer est dans les détails : faire une liste même farfelue de solutions possibles à votre problème peut vous reconnecter à votre cerveau droit tout en détournant une difficulté par un jeu intellectuel qui peut produire des résultats.
- Inclure la créativité dans son agenda de travail.
Parfois intimidantes, les phases de conception sont aussi importantes que celles de rédaction. Pour apprendre à mieux les gérer, il est parfois opportun de les considérer comme de véritables phases de notre travail d’auteur. Il faut donc leur donner une véritable place avec des séances dédiées et limitées dans le temps. Cédric vous donne des techniques utiles contre l’auto-censure pour vous mettre en condition. Comme toutes les phases, n’oubliez pas de vous donner un temps limité et ensuite de passer à autre-chose. Multiplier les séances de brainstorming sans objectif de rendu. Ce n’est qu’une fois votre concept clarifié que vous pourrez vous lancer dans un 1-2-3, puis dans le développement plus long d’un synopsis par exemple.Et si vous vous donniez du temps ? Vous pouvez vous aider de la technique de rédaction d’un synopsis court (masterclass d’une journée dédiée).
- Jouer avec ses idées.
Pour ne pas s’enfermer dans un blocage créatif, il est parfois utile de changer de cap. Si l’on étend le concept de créativité à celui de température par exemple, on s’aperçoit par exemple que notre projet comporte des points chauds et des points froids. Plutôt que de s’obstiner sur un point froid par exemple, il vaut mieux s’amuser avec ses points chauds et commencer par eux (ou l’inverse en fonction de vos goûts).Et si vous augmentiez votre marge de manoeuvre ? Parfois vous aurez l’impression de vous éloigner du coeur de votre projet, mais cela vous permettra de vous détourner des difficultés du début pour vous amuser avec votre projet sous un autre angle.
Mener de bout en bout son processus créatif est un véritable combat de tous les jours pour les créateurs. Ces conseils s’appliquent bien sûr à toutes les professions créatives y compris les graphistes, les écrivains ou les photographes mais aussi aux parties créatives de certains métiers. Ainsi, dans tous les emplois où nous sommes tenus de faire preuve de créativité et ce, de façon régulière, il faut pouvoir avoir plusieurs outils pour nous stimuler. En attendant de prochains billets, n’hésitez pas à nous faire part de vos petits trucs pour dépasser vos blocages créatifs dans les commentaires du blog.
Anonyme
Bonsoir Julie,
J'ai découvert votre site depuis peu et je dévore toutes les pépites qu'il contient. Merci pour toutes ces infos.
Je suis dans la réécriture d'un court-métrage,j'ai utilisé le "et si" et ça marche ! Pourtant il n'est pas toujours facile d'oublier complètement son histoire, pour la recommencer différemment, grâce à vos tips c'est un exercice passionnant. J'ai changé de personnage,j'ai choisi une femme et du coup, je me suis félicitée de ne pas avoir perdu trop de temps à caractériser mon premier personnage qui était un homme.(Un peu fainéante la fille)Une question : est-ce qu'il ne vaut pas mieux attendre d'avoir fini l'écriture avant d'affiner nos personnages ?
Merci par avance.
Deso
High concept
@Deso: merci pour votre enthousiasme et votre intérêt pour notre formation. Si je peux me permettre, pour vous répondre, je dirais que vous abordez ici un paradoxe de l'écriture. En effet, pour travailler efficacement sur un projet, il ne faut pas se jeter dans l'écriture et écrire directement son histoire de bout en bout (version dialoguée).
1) Parce qu'avoir écrit entièrement un court-métrage prend du temps et de l'énergie (imaginez ce type de travail sur un long-métrage…).
2) Parce qu'avec cette méthode, les modifications deviennent un casse-tête: vous êtes tenté de vouloir préserver des passages qui vous plaisent pour ne pas avoir à tout réécrire ; chaque modification entraîne une réécriture complète, etc..
3) Parce que vous repoussez en fait la difficulté: vous déroulez votre histoire en vous disant que vous corrigerez les problèmes dans votre deuxième version qui vous paraîtra ensuite difficile à corriger cf. 2)
Quand vous en êtes à la première phase de conception, mieux vaut ainsi travailler sur un document court type 1-2-3 (cf. notre méthode pour le faire). C'est à ce moment que vous pouvez essayer plusieurs archétypes pour vos personnages. Et si mon personnage avait telle caractéristique? Tel défaut? etc.
De même sur une réécriture: il vous faut synthétiser votre CM avec un 1-2-3 (de l'existant) et retravailler à partir de ce document court. Je vous conseille ainsi de réfléchir à la caractérisation de vos personnages avant même de construire votre histoire car c'est bien à partir de la définition de vos archétypes (et des systèmes de valeurs associés) de vos personnages que vous pourrez retravailler les différents rebondissements de votre histoire. Il vous faudra ainsi réfléchir à ce que désirera votre personnage en fonction de ses caractéristiques (pour lui faire poursuivre un objectif tout au long du récit). Puis, vous devrez vous demander comment il devra faire pour résoudre son objectif (et lui trouver une tâche originale et conflictuelle). Enfin, il vous faudra définir la dernière action qu'il devra faire à la fin pour obtenir son objectif (trouver un climax fort qui terminera votre histoire). Bon courage.
Anonyme
Merci Julie
Ha! ha! ha! Vous avez vu comme je suis bête et disciplinée, on me dit de réécrire, allez hop, je réécris une deuxième, voire une troisième histoire. Ne vous inquiétez pas ce n'est qu'un hobby, je n'en vis pas, ça m'occupe. Grâce au "et si" je peux facilement aller jusqu'à dix versions, writer's block connais pas, en revanche la qualité ??? J'en saurai plus lorsque j'aurai lu les corrections de l'analyse de mon CM qui est en votre possession. ça va surement me calmer( lol) Bon en attendant je vais travailler sur les archétypes, là je ne suis loin d'être au top quant au 1-2-3. Je crois que je maitrise pas trop mal.
Julie, encore un grand merci de m'économiser, et d'avoir pris le temps de me répondre si vite.Je vais suivre vos conseils.
Déso