Il y a peu, nous fêtions l’anniversaire des trente ans de la mort de Philip K. Dick dont Hollywwod a pillé et continue de piller l’oeuvre. S’il n’a pas toujours été crédité sur les films qu’il a inspirés comme The Truman Show de Peter Weir en 1998, ou encore Matrix, la trilogie des frères Wachowski […].
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Il y a peu, nous fêtions l’anniversaire des trente ans de la mort de Philip K. Dick dont Hollywwod a pillé et continue de piller l’oeuvre. S’il n’a pas toujours été crédité sur les films qu’il a inspirés comme The Truman Show de Peter Weir en 1998, ou encore Matrix, la trilogie des frères Wachowski en 1999, Hollywood n’hésite plus maintenant à l’ajouter au pitch de vente pour attirer un public de fans.
Cette tendance n’est pas nouvelle au pays des Blocks Busters, toujours plus friand de sécuriser le démarrage de ses grosses productions par des références qui plaisent au public. Auteur oublié, quasi esotérique jusqu’à sa mort en 1982, Philip K. Dick est devenu aujourd’hui une icône de la science-fiction. Il est donc logique qu’Hollywood, après s’être largement inspirée de ses nouvelles et de son univers pendant des années sans payer un centime de droits aux héritiers, lui fasse maintenant la révérence.
- Les chiffres parlent pour eux-mêmes :
- Total Recall Mémoires Programmées de Len Wiseman avec Colin Farell, est la onzième adaptation de son oeuvre au cinéma (des films dont il est crédité bien sûr). Philip K. Dick. est perçu aujourd’hui comme l’auteur phare de Blade Runner de Ridley Scott en 1982 (tiré du roman Do Androids Dream of Electric Sheep ?) et de Minority Report de Steven Spielberg en 2002 (d’après la nouvelle éponyme The Minority Report).
- Manquant d’inspiration, Hollywood tourne en boucle sur des remakes de remakes dont la liste est toujours plus impressionnante. L’industrie a besoin d’essence et quoi de mieux que la production d’un auteur de SF que le monde semble redécouvrir et dont la vie pathétique a donné naissance à un univers foisonnant. Stratégie de remakes ou d’adaptations plus ou moins fidèles sont dans les startings blocks : pas loin de cinq ou six projets sont d’ores et déjà en préparation.
- 2013 sera surement l’année Philip K. Dick : Ubik de Michel Gondry ou encore Blade Runner 2 envisagé par Ridley Scott devraient émerveiller les fans. Et le trésor est encore plein : Philip K. Dick a écrit une cinquantaine de romans et plus d’une centaine de nouvelles qui en font l’un des auteurs de science-fiction les plus importants du vingtième siècle comme le rappelle si justement un article du Monde qui recense sa contribution à notre domaine culturel : Philip K. Dick, un prophète à Hollywood.
- Philip K. Dick à la moulinette hollywoodienne :En témoigne l’échec actuel du remake de Total Recall au Box Office américain qui peinera à faire ses 50 M$ de recettes sur le territoire américain et qui ne rentabilisera donc qu’avec difficulté ses 125M$ de budget. Les spectateurs sont-ils lassés des remakes ?
- On pourrait le croire à première vue : comment égaler en effet le Total Recall de Paul Verhoeven sorti en 1990 (adaptation de We Can Remember it for You Wholesale) ? Le film au 65 M$ de budget avait été un large succès au box-office, devenu culte pour tous les fans de SF dont je fais partie.
- Mais à la vue du dernier remake, on peut se demander ce que sont devenus les éléments clés du roman. Si l’adaptation est un sport difficile, devant faire des choix par essence, tout en respectant l’esprit (ce qu’avait réussi à garder le film de Paul Verhoeven), il semble que celui de Len Wiseman ait volontairement coupé dans les thématiques les plus importantes du livre. Qu’est devenue la colonie originellement appelée New Asia ? Pour des raisons qui n’ont rien à voir avec l’artistique et d’après un article paru sur un blog américain dédié au cinéma et à l’univers des médias américains appelé : Cinema Blend : a guide to the Total Recall you didn’t see, le Studio a délibérément changé le méchant pour sauver ses exportations vers la Chine et les autres marchés asiatiques qui auraient pu s’offusquer de se voir dans un mauvais rôle, ce que confime le réalisateur d’une façon polie quand il dit : « it was one of the concerns of the studio about being so specific about… it was slanting too much to where we were saying that was the entire culture, and it’s not. ».
- Je n’ai pas pu juger par moi-même, mais, aux lumières de ces premières indications, le remake ici n’est pas le problème. Cette deuxième adaptation a été altérée pour convenir à des problématiques purement financières et marketing, ce qui est toujours une mauvaise façon de procéder. Le film n’avait, à mon humble avis, pas besoin de ça pour se vendre. En effet, même si les Chinois ne connaissent pas Philip K. Dick, ils sont tout de même sensibles à la qualité d’un scénario, non ?
Après, il n’est pas sûr qu’Hollywood préserve vraiment l’esprit de l’auteur !
Que retenir : s’il est fort à parier que le nouvel opus de Total Recall ne sera pas à la hauteur de son auteur d’origine, nous pouvons nous consoler avec l’ensemble des autres productions inspirées de Philip K. Dick que nous pouvons lire ou voir à volonté. Je ne résiste pas à vous faire une petite liste pour les vacances en attendant d’autres adaptations plus réussies. À voir :
- Inception de Christopher Nolan, dont vous pouvez vous procurer maintenant le Shooting Script.
- Dark City d’Alex Proyas, 1998.
- Existenz de David Cronenberg, 1999.
- Ouvre les yeux (Abre los Ojos) d’Alejandro Amenabar, 1999 et son remake US Vanilla Sky de Cameron Crowe, 2002.
- Paycheck de John Woo, 2003.
- L’agence de George Nolfi, 2011 (tiré de la nouvelle The adjustment team).
La liste n’est pas exhaustive mais, nous donne de quoi être dans l’univers de Philip K. Dick pendant la fin de l’été. Bonne lecture et bons films.
Pour vous exercer à trouver des high concepts comme Philip K. Dick, n’hésitez pas à vous reporter au chapitre dédié et à commencer par le cours sur le high concept, voie royale pour vendre un scénario.
Pour les fans, je me permets de mettre un lien vers le site officiel de Philip K. Dick créé et géré par ses enfants.
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