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ScriptDoctor.frBlog du scriptdoctorécrire le genre policier ‒ film série ou roman polar

écrire le genre policier ‒ film série ou roman polar

Un Homme idéal : crime et drama en 1-2-3 ©

Sous le soleil de plomb de La Piscine, de Plein Soleil ou même de L’Étranger de Camus, Pierre Niney incarne Un Homme idéal.

Écrit par Guillaume Lemans, Grégoire Vigneron et Yann Gozlan qui réalise. Plutôt bien bâti, le scénario tire sa tension de l’engrenage criminel dans lequel le protagoniste s’empêtre. Retours sur quelques éléments dramaturgiques pour mieux comprendre la structure de cette spirale infernale.

Attention, spoilers !

Synopsis : Le film s’ouvre sur un flash-forward : un homme à bout de nerfs au volant d’une voiture fonce volontairement dans un mur. Puis nous voilà dans la routine d’un jeune déménageur payé à la tâche, le conducteur du flash-forward, MATHIEU VASSEUR, ambitieux écrivain qui tente en vain de faire publier son premier roman. Quand pendant un déménagement il tombe sur les mémoires de guerre d’un vétéran d’Algérie qui vient de mourir dans la plus grande solitude, il décide d’embarquer le manuscrit. Démotivé par un énième refus de son roman, lui vient alors l’idée d’usurper le texte trouvé : il le renomme Sable noir, le signe de son nom et l’envoie à un éditeur. Rappelé sans délai, Mathieu élabore son mensonge et travaille son rôle d’auteur par plusieurs mises en scène avant ce premier rendez-vous. Lauréat d’un prestigieux prix littéraire, il rencontre alors un triomphe phénoménal et l’amour de sa vie, ALICE FURSAC, une brillante universitaire bien née, à qui il cache son secret.

Trois ans plus tard, Mathieu et Alice séjournent dans la magnifique villa des parents de celle-ci. Il dissimule tout des dettes qui l’accablent et de son incapacité à écrire le second roman que son éditeur lui exige sous menace de l’envoyer au tribunal. Dos au mur, pour gagner du temps, Mathieu manigance un faux car-jacking en se blessant volontairement, détruisant son ordi et mentant impunément à Alice et à la police. C’est alors que surgit VINCENT, un dangereux maître-chanteur proche du véritable auteur de Sable noir, qui lui réclame 5000 euros pour ne pas éventer son secret. Acculé, Mathieu vole la collection d’armes du père d’Alice pour payer son corbeau et manœuvre pour faire croire à un cambrioleur. Mais un ami des Fursac en visite trouve le larcin dans sa chambre : une bagarre éclate et Mathieu tue l’ami sans le vouloir. Il va aller jeter le corps à la mer en se soustrayant aux regards de la famille, maquiller le « départ » précipité de l’ami et remettre les armes au menaçant Vincent. Inquiète, Alice veut savoir ce que cache Mathieu et lui apprend qu’elle est enceinte. Incapable de lui révéler les crimes qu’il a maquillés, transi par tous ces événements, Mathieu tient enfin son prochain roman qu’il rédige frénétiquement : Faux-Semblants.

Les choses se compliquent quand la police repêche le corps de l’ami avec de l’ADN du meurtrier. Vincent qui l’a vu se débarrasser du corps saisit l’occasion pour lui réclamer plus d’argent. Mathieu pris au piège propose au maître-chanteur de « visiter » l’appartement parisien des Fursac qui partent à Londres soutenir la famille de leur défunt ami. Pour se soustraire au prélèvement ADN immédiat, Mathieu propose de remonter leur voiture et confie à Alice son manuscrit achevé de Faux-Semblants. On le voit glisser une pièce dans le clic de la ceinture passager de la voiture de son beau-père et y faire monter le corbeau qui croit partir à Paris. Mathieu détourne son attention en faisant miroiter le butin et fonce dans un mur : le maître-chanteur meurt sur le coup. Mathieu sonné mais sauf porte le corps de Vincent côté conducteur, il lui met sa montre et laisse son téléphone puis brûle la voiture. Plus tard, dans un hôtel, il apprend sa mort aux informations.

Deux ans après, redevenu déménageur, il remarque en vitrine d’une librairie Faux-Semblants et y voit Alice avec son enfant fêtant la sortie du livre. Il hésite un instant, se ravise et part.

Le protagoniste

Mathieu est caractérisé de manière efficace. Les séquences initiales montre que sa vie transparente de manutentionnaire trouve son échappatoire dans l’écriture de son premier roman. Tout entier mobilisé pour s’extraire de cette condition anonyme et modeste, Mathieu au début du film ne cherche qu’à s’améliorer et va jusqu’à rappeler les éditeurs qui l’éconduisent pour comprendre là où il peut progresser. L’empathie du spectateur naît ainsi aisément de cet acharnement et ce labeur sincères.

Une fois décroché, pour préparer son entretien avec l’éditeur, Mathieu, bon élève, au-delà de bûcher la guerre d’Algérie, décortique les interviews des auteurs de renom et s’évertue à s’approprier leurs réparties les plus pertinentes. Sa compétence de menteur-usurpateur est ainsi judicieusement placée.

Et la rencontre avec sa future fiancée lors du cocktail autour de la sortie de son livre trahit un trait de Mathieu avec un clin d’œil prémonitoire : il se retrouve à lui laisser croire malgré lui qu’il est un autre (elle le prend pour un vil pique-assiette) et on le voit gêné d’être pris pour un autre, ne sachant comment la désabuser, mais sortant finalement avec une éloquence séductrice de son silence. Première occurrence d’un silence qui ne fera que s’agrandir.

Le « Un » : le déclencheur

Le succès tant rêvé, dont ce cocktail de sortie est la parfaite métonymie, est un pivot majeur du scénario. Il dépasse ses espérances et donne une toute autre dimension à son usurpation. Il ment à la face du monde et ne peut absolument pas être découvert dans son imposture. L’enjeu est simple : si son imposture est découverte, il perd le prestige social tant convoité et fraîchement acquis, et également celle qu’il vient de conquérir et qu’il aime. Alice, de par son milieu, sa famille incarne à la fois l’enjeu de réussite sociale et de bonheur amoureux et constitue son premier antagoniste. C’est à elle en premier que Mathieu ment. L’objectif conscient de Mathieu est clair et réifié : il ne doit pas être découvert.

Le « Deux » : la tâche

L’épais silence dans lequel Mathieu se tient va au-delà d’une simple stratégie d’évitement : il est bien l’auteur et l’acteur de son mensonge. Mentir par le biais de mises en scène complexes pour amener les autres à concevoir la situation telle qu’il souhaiterait qu’elle soit perçue, voilà la tâche de Mathieu pour ne pas se faire prendre. Son mensonge initial et son incapacité à le révéler engendrent de terribles conséquences et le scénario en détaillant le déroulé précis de ce mécanisme renforce la spirale infernale dans laquelle se retrouve projeter le protagoniste. Ainsi, sa conversation quotidienne prise dans le rets du mensonge, Mathieu se retrouve à manipuler à tout va sa fiancée et sa famille par des mises en scène cyniques. Par exemple, pour noyer tout soupçon, il va signer d’un autre nom son premier roman et faussement le ranger de manière assez visible pour éveiller la curiosité d’Alice, admirative de son talent et prompte à vouloir l’aider. Celle-ci pense agir de son chef quand elle lui propose de lire le manuscrit pour le soulager dans son travail. Et lui obtient ainsi son avis sur son premier texte. Orchestrées selon un subtil crescendo, ces séquences montrent que, sous ses airs réservés, Mathieu s’enfonce dans le silence et l’impossibilité d’avouer la vérité. Il va donc taire ses problèmes d’argent, d’écriture, mettre en scène un faux car-jacking puis un cambriolage pour dérober la collection d’armes de son beau-père afin de monnayer le silence de son corbeau. Le butin découvert par l’ami de la famille d’Alice, Mathieu va alors le tuer accidentellement et devoir se débarrasser du corps, au nez et à la barbe de tous. Et pour cacher ce meurtre, tuer encore.

La menace antagoniste que constituent Alice et sa famille est intensifiée par l’arrivée du maître-chanteur Vincent. Vincent active très franchement le danger, crée un conflit fort qui met en péril l’objectif et déstabilise profondément Mathieu. Il ne peut plus faire marche-arrière. Le maître-chanteur est le ressort dramaturgique qui transforme le mécanisme mensonger en engrenage criminel.

Cependant, et c’est le gros écueil du scénario, l’antagoniste est trop peu développé pour être crédible dans son pouvoir de nuisance. Mathieu ne cherche pas à savoir si le Corbeau détient une quelconque preuve accablante qui pourrait faire éclater au grand jour la vérité. Il répond très hâtivement à ses exigences. Il ne lui demande rien qui puisse lui assurer que le maître-chanteur respectera le deal. De fait, le pouvoir antagoniste du corbeau en ressort diminué. Le « méchant » n’est juste qu’un mec hyper intimidant. C’est peu pour le spectateur. En outre, celui-ci semble omniscient, omnipotent. Le spectateur doit combler seul les trous de narration et justifier un peu trop de lui-même la plausibilité des infos déconcertantes que celui-ci détient. Le scénario en pâtit nécessairement, dommage !

Le « trois » : le climax

Obligé de fuir car le corps de celui qu’il a tué a été retrouvé et peut l’identifier, Mathieu trouve un subterfuge radical. Il se met en danger de mort pour tuer son ennemi et mettre fin à toute cette fausse vie. Il met aussi en scène sa propre fin, ou plutôt celle de l’écrivain à succès qu’il était devenu. Mort consacrée par la sortie du second livre de cet ectoplasme, célébrée par sa veuve et son orphelin. Cette résolution souffre malheureusement de quelques raccourcis (l’enquête pour le meurtre de l’ami, l’identification du corps de l’accident de la route peuvent lever des questions de crédibilité). Toutefois, elle livre une trajectoire riche pour son protagoniste et un récit troublant pour son spectateur.

Pour en savoir plus sur l’écriture du genre Crime, nous vous invitons à consulter notre masterclass vidéo dédiée au Policier et à ses trois sous-genres. A bientôt sur le blog !

Comment injecter du suspense dans vos histoires policières

Les uns l’appellent l’implant ou l’effet d’annonce, les autres le set up. Pour les auteurs de polar l’usage est généralement de l’appeler : l’insert. Le procédé reste le même et nous allons voir qu’il s’avère fondamental en dramaturgie. L’insert peut être local, au sein d’une scène, comme il peut être un élément essentiel de tout un scénario, la structure même de toute une histoire.

suspense-surprise-insert-policier
Exemple d’insert — The Godfather (M. Puzo, F. F. Coppola)

Écoutons ce qu’en dit mon collègue consultant, Cédric Salmon, dans cet extrait audio tiré de la journée de formation High Concept, Écrire et vendre le genre policier :

L’insert est donc est l’introduction subtile de personnages, manies, objets, faits en apparence anodins, mais qui joueront un rôle important plus tard dans le récit : c’est alors le paiement de l’insert. L’exposition de l’histoire est évidemment le moment où s’accumule le plus d’inserts, mais le procédé peut intervenir à tout moment et concerne tous les aspects de votre fiction.

Tout élément important doit avoir été inséré au préalable

Pour qu’un rebondissement soit bien accepté par le lecteur ou le spectateur, il est en effet nécessaire de le préparer en commençant par révéler « la potentialité » de la chose au public. Il faut le suggérer, sans pour autant préciser son importance future.

Les éléments importants de votre histoire doivent toujours être exposés, sauf bien sûr dans le cas où vous voulez produire un choc, un coup de théâtre. (Vous devrez alors tout de même préparer le spectateur à un tel changement, un petit quelque chose dans l’air va bientôt bouleverser le cours de l’histoire et ébranler le protagoniste.)

Si la fonction première de l’insert est de rendre les choses plausibles – une situation découle logiquement de la précédente; rien ne doit tomber du ciel, notamment dans le cadre du genre policier ! – l’insert permet également de créer deux effets extrêmement importants : le suspense et la surprise, les deux émotions les plus puissantes au cinéma. En effet, bien utiliser un insert, c’est faire ressentir au spectateur que cela va bientôt produire des obstacles, du conflit. Ainsi l’anticipation est à son comble et des hypothèses s’élaborent… C’est le suspense. (A vous de surprendre ensuite le public, lorsque l’événement arrive.)

Voici un nouvel extrait audio tiré de notre atelier d’écriture d’une enquête policière :

Comment faire un bon insert ?

    • Il faut s’arranger pour que votre insert ait une double fonction : une fonction de normalité et une fonction de révélation, d’usage insoupçonné. Plus vous glissez votre insert en contrebande — un fait négligeable perdu parmi d’autres faits qui accaparent l’attention du spectateur –, plus vous créerez la surprise du paiement. Il faut que le spectateur puisse se dire : « c’était à prévoir, j’aurais du y penser ! »

      Insert : Quoi de plus normal qu’un instituteur porte des lunettes ? Paiement : les lunettes du professeur sont munis d’une caméra. L’instituteur est un espion.

    • « Ne fais surtout pas ça ! » ou « Voilà ce qu’il faut faire. » sont des inserts très efficaces. Après le premier, le protagoniste fait évidemment tout ce qui lui était interdit, tandis qu’après le second, les choses se passent autrement…Brillante illustration tirée du Parrain. Francis Ford Coppola y consacre de longues minutes à l’insert du meurtre… autant de suspense quand l’évènement a enfin lieu :

    7 erreurs d’insert dans une fiction policière

    1. « Téléphoner » ses inserts. On ne doit pas sentir l’effet à venir ni se douter que ce détail va servir plus tard à quelque chose.
    2. Oublier de se servir d’un insert. Un insert crée une attente à laquelle il faut répondre. Tout ce qui a été semé doit être récolté, généralement avant la fin. On peut éventuellement réserver un paiement pour la toute fin, ce que les américains appellent le topper, mais il n’aura plus d’incidence sur le cours de l’action :

      « J’ai passé tout le film à retrouver un assassin et à prouver sa culpabilité. L’homme est emprisonné et condamné. A la toute fin, avant de vous quitter, je vous apprends, par un détail qui aura été inséré discrètement bien avant, que c’est moi l’assassin. »

    3. Récolter ce qui n’a pas été semé au préalable. Cette règle s’applique autant aux situations, aux objets, qu’aux caractères. Évitez les Deus ex machina. Si c’est le cas, il faut être créatif et bien le préparer :

      Votre héros est très croyant et c’est sa bible que vous aurez montrez plusieurs fois qui arrête la balle de revolver qui devait le tuer. Vous n’étonnerez personne.

      En revanche, si la balle n’a pas tué votre personnage, mais a dangereusement déréglé son pacemaker, cette nouvelle situation est surprenante et donc plus acceptable. C’est un Deus ex machina maquillé.

    4. Arrêter le cours de la narration pour faire un insert.
    5. Faire un insert en même temps que son paiement.

      Votre personnage est perdu dans la ville, il ne sait pas où aller. Il se rappelle en flash-back que sa mère lui a donné un papier en l’embrassant : le numéro de son oncle. Votre personnage l’appelle.

      Aucun effet. Pas de suspense, ni de surprise. Et surtout, aucun sens !

    6. Trop d’inserts. Vouloir tout dire tue le paiement.
    7. Promettre une scène que l’on ne peut pas tenir.

    Pour aller plus loin

    En analysant un scénario complet à l’aune de ce procédé, on s’aperçoit qu’un histoire n’est, fondamentalement, qu’une succession d’inserts suivis de paiements. Nouer et dénouer. Deux mouvements, jusqu’au dénouement. C’est dans ce ficelage et dé-ficelage que l’histoire est en action. On passe d’un état à un autre. Un récit, et particulièrement une histoire policière, n’est qu’une succession de scènes préparées par une succession d’inserts, cette construction préparant le paiement final, la résolution. La révélation du sens de toute cette accumulation de sens.

    Pour prendre encore un peu de recul, il est intéressant de remarquer que le processus de la commercialisation d’un film est également un gigantesque insert :

    • L’affiche et la bande annonce sont des effets d’annonce. Oui, ce sont bien des inserts, même s’ils ne sont pas faits par l’auteur.
    • Le titre est aussi un insert, un effet d’annonce, et pas des moindres ! Il se révélera comme les autres. C’est encore plus évident lorsqu’il est tiré d’une réplique du film. (On peut ressentir facilement son impact lorsqu’un titre est mal traduit et annonce quelque chose qui n’a plus rien à voir avec le récit.)
    • Dans une saga, les premiers volets auront des paiements dans les épisodes suivants et ainsi de suite. Jusqu’à épuisement. Ce procédé est largement utilisé dans les séries TV.

    Notez que pour les petits budgets, vous pouvez retrouver nos formations et notamment celles sur le genre policier dans notre pack étudiant : toutes ces techniques de suspense par inserts n’auront plus de secrets pour vous !

    A très bientôt sur le blog  !

Sherlock, série anglaise et réussite nationale

La masterclass sur la fiction britannique organisée par The media faculty les 27 et 28 mars dernier à Paris nous permet de vous faire un point sur les différences entre les systèmes de production français et anglais.

Le succès des séries anglaises n’est pas dû à la langue anglaise

On pourrait croire que si les fictions britanniques s’exportent bien, c’est parce qu’elles sont tournées en anglais, langue internationale. FAUX !

Pour mémoire, le français est parlé par plus de 200 millions de gens dans le monde et nos exportations audiovisuelles représentent un total de 120 millions d’euros, soit dix fois moins que les programmes allemands… dont la langue n’est parlée que par 100 millions de gens dans le monde (cf. notre article Le bilan des exportations audiovisuelles 2012 français et ce que le CNC ne vous dit pas).

Les grands pays européens possèdent tous des entreprises de doublage performantes. Les Américains doublent systématiquement toutes les fictions étrangères (même anglaises !) Le choix de la langue n’est donc pas prépondérant sur les critères d’achat d’une fiction. C’est justement la raison pour laquelle les nouveaux pays émergents comme la Suède, le Danemark ou les Pays-bas n’ont aucun mal à exporter leur production.

Le succès des séries anglaises n’est pas dû à leur volume de production

La France produit certes deux fois moins d’heures de fiction que le Royaume-Uni (768 contre 1375 heures) mais elle en exporte dix fois moins, ce qui est beaucoup plus préoccupant : c’est le contenu qui pêche (cf. notre billet : les séries US ont-elles tué les séries françaises ?). Rappelons qu’au niveau mondial, la fiction est le genre le plus prisé des téléspectateurs : 42% des programmes les plus regardés dans plus de 70 territoires sont de la fiction (37% pour le divertissement, et 21% pour les magazines ou l’information). Contrairement aux séries françaises, les séries anglaises sont reconnues pour leur créativité, ce qui leur permet d’être vendues à l’international tout en étant très prisées sur leur marché local.

56% des séries anglaises diffusées en 2013 étaient des nouveautés (plus de 400 séries originales ont été lancées depuis 2008). En France, nous plafonnons à moins d’une vingtaine de nouveaux projets par an… quatre fois moins que la perfide Albion.

La croissance de ces dernières années au Royaume-Uni est due à une montée en gamme dans la création originale, qui donne les résultats suivants :

  • contrairement à la France, 100% des séries les plus performantes en Angleterre sont locales et sont diffusées par deux chaînes, BBC et ITV, l’une publique et l’autre privée. BBC et ITV produisent le gros contingent des hits mondiaux :— Sherlock,— Doctor Who (qui vient de fêter son 50ème anniversaire et qui est vendu dans plus de 75 pays),— Parade’s End,— Call the midwife (qui a atteint la plus haute audience pour un drame depuis 2001),— EastEnders (qui cumule près de 200 heures sur la saison 2012-2013 côté BBC),— Downton Abbey,— Mr Selfridge,— Broadchurch (qui a eu une courbe croissante forte d’audience pendant toute sa diffusion passant de 7,4 à 8,4 M de téléspectateurs en 8 épisodes),— Coronation Street (qui cumule plus de 250h de fiction sur la saison 2012-2013),— Plebs (qui a acquis la plus haute audience pour une série comique originale côté ITV).
  • des challengers montent aussi en gamme, tel Channel 4 qui peut compter sur Shameless, Fresh Meat, Utopia (qui a battu tous les records de sa case de diffusion lors de la première, +75%), ou encore Youngers.
  • Il faut aussi compter sur Sky qui produit avec succès Moone Boy, Hit & Miss, The Spa, tandis que Channel 5 lance une nouvelle série policière Evidence, première fiction originale de la chaîne depuis 8 ans.

Le succès des séries anglaises n’est pas dû à l’industrialisation

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la fiction anglaise n’est pas une industrie : beaucoup de mini séries, peu d’épisodes par saison, une durée plus proche du long métrage que du one hour drama américain… le format des séries britanniques est très proche d’une Joséphine ange gardien…

— The Fall ? 5 x 60 min.

— Sherlock ? 3 x 90 min.

— Silent witness ? 4 à 6 épisodes de 120 min par an.

— The great train robbery est un 2 x 90 min.

— Death Comes To Pemberley est un 3 x 52 min.

Ces fictions sont déjà exportées en Norvège et en Belgique, sans parler de Peaky Blinders qui a explosé les audiences de sa case sur BBC2 (+60%) avec seulement 6 épisodes de 52 min ou The smoke qui a triplé l’audience de Sky1 (sur les 16-34 ans) avec 8 épisodes de 52 min.

Nous sommes très loin des 24 épisodes par saison des US.

Ce faible nombre d’épisodes explique pourquoi les scénaristes anglais n’écrivent pas en atelier d’écriture. Tout comme nous, ils n’en ont pas besoin. Cependant, à la différence de la France, l’Auteur est placé au centre du processus de création et les frontières entre cinéma, théâtre et télévision sont poreuses (le créateur d’Utopia est un metteur en scène de théâtre, celui de Luther est un scénariste de cinéma, etc.) De ce respect du savoir-faire en dramaturgie résulte une meilleure qualité générale :

  • les anglais sont les deuxièmes exportateurs de programmes audiovisuels derrière les États-Unis (Downtown Abbey et Mr. Selfridge sont dans le top des séries étrangères regardées en Norvège, en France et aux Etats-unis) ;
  • les scandinaves sont très friands des séries anglaises au point qu’un quart de l’audience du Danemark est assuré par les séries britanniques ;
  • de nombreuses séries anglaises ont été adaptées aux US avec succès comme The Office, House Of Cards, Doc Martin, Come fly with me, Shameless, etc. D’autres adaptations ont été annoncées : Utopia par HBO ou Broadchurch par France 2.

« TV is changing »

Face à la concurrence des contenus et aux nouveaux usages (cf. notre billet sur la fiction française à l’ère de la TV connectée), la TV anglaise sait s’adapter. Elle propose maintenant une majorité de contenus en différé et cisèle de véritable stratégies digitales pour ses séries.

— Une application mobile a été créée pour lancer la saison 3 de Sherlock sur la BBC.

— Channel 4 a créé un site web et une application mobile dédiée ainsi qu’un jeu in situ pour le lancement d’Utopia.

— Les plateformes de TV de rattrapage deviennent la norme avec Iplayer pour BBC, ITVplayer pour ITV. Channel 4 a le sien également.

— BBC 3 va devenir entièrement on line et annonce le renouvellement de ces séries (comme Bad Education) qui seront disponibles online avant la diffusion TV.

Contrairement à la France où ces procédés sont balbutiant et réservés à une élite de séries (de Canal+ surtout), un monde d’opportunités continue à s’ouvrir pour les fictions anglaises. Dans ce cadre, la BBC vient de signer un partenariat avec Hulu.com, un portail similaire à Netflix, pour promouvoir 2000 programmes de son catalogue. Elle va également produire des séries comme The wrong mans avec Hulu ou Ripper street avec Amazon.

Les opérateurs privés misent aussi sur la fiction : Sky, chaîne challenger, a augmenté de 50% son budget fiction et ambitionne de dépenser 600 Millions de livres sur 3 ans depuis 2011. Nous sommes très loin des 140 millions d’euros de budget fiction de TF1 qui est pourtant notre opérateur majeur.
Bref, s’il ne fallait retenir qu’une chose de cette master classe : le succès local de la fiction est le premier pas vers la reconnaissance internationale !

High concept remercie The Media Faculty pour son invitation. La masterclass sur la fiction britannique était riche et très bien organisée.
Nous vous encourageons d’ailleurs à vous inscrire à la prochaine : écrire des films et séries d’animation où nous serons présents.

La série Columbo inspire un chercheur du CNRS

Columbo, la lutte des classes ce soir à la télé vient de paraître ; le secret d’une telle déclinaison serait le thème universel de la série. Une étude universitaire pertinente, mais qui ne doit pas faire oublier la mécanique originale de la série, fondée sur une double ironie dramatique.

En effet, si le comédien principal Peter Falk a toujours revendiqué une certaine qualité cinématographique et un rythme de production unitaire, freinant des quatre fers l’industrialisation des épisodes de la série (seulement soixante-neuf épisodes de 90 min produits, de 1968 à 2003) Columbo n’en est pas moins une mécanique récurrente qui a permis à un lieutenant du LAPD de coffrer soixante-neuf assassins, toujours de la même manière et ce, sans jamais nous lasser :

  • Death Lends a Hand, 1971 un maître-chanteur tue la femme d’un riche homme d’affaires
  • Suitable for Framing, 1971 un grand amateur de tableaux tue son oncle afin d’hériter de ses toiles
  • Lady In Waiting, 1971 une femme tue son frère qui l’empêchait d’épouser un homme d’affaires
  • Blue Print For Murder, 1972 un architecte tue l’homme d’affaires qui avait décidé d’arrêter de le subventionner
  • Etude in Black, 1972 un chef d’orchestre tue sa maîtresse afin d’éviter un scandale, etc.
  • Comment les créateurs du show (William Link et Richard Levinson en 1968) ont-ils tenu la distance ? En appliquant de façon originale une double ironie dramatique sur deux des quatre éléments qui composent toute mécanique de série : apprenez à aller plus loin sur les techniques d’écriture de série en regardant notre masterclass dédiée : écrire et vendre la série.

    Focus sur la licence de série

  • La licence. Si toute série policière commence par un meurtre, très peu ont une licence de mystère ouvert (l’identité de l’assassin étant connu du spectateur, la question n’est pas de savoir « qui l’a fait ? » – à la différence d’un mystère fermé ou whodunit, de l’anglais Who done it ?–, mais « quelle erreur le tueur a t-il commise ? »)
  • Pour apprendre à écrire un mystère ouvert ou fermé, n’hésitez pas à consulter notre masterclass dédiée écrire et vendre le policier.

    La suite sur un prochain billet…

    Analyse structurelle de Prison Break saison 2

    Un grand merci à Paul d’avoir joué le jeu, car notre discussion permettra d’aborder de nouvelles notions tirées de notre méthode de création de séries.

    Paul écrit : « Avec un concept simple et accrocheur (un homme s’emprisonne délibérément pour organiser l’évasion de son frère condamné à mort), les scénaristes de la série Prison Break déploient des trésors d’ingéniosité afin de maintenir la tension dramatique chez les téléspectateurs. Comment les showrunners ont-ils réussi à conserver une licence qui repose sur une mécanique de film d’évasion alors que les protagonistes s’échappent de prison en fin de première saison ?

    La licence de Prison Break

    « La série Prison Break repose sur une structure à la fois simple et redoutablement complexe, une course contre la montre, appelée aussi horloge par les scénaristes. Cette technique consiste à donner au protagoniste une limite de temps pour accomplir une action ou franchir un obstacle. Cela permet aux scénaristes d’installer du suspense dans une séquence voire de dynamiser un second acte parfois lent (la tâche du protagoniste). »

    Réponse de notre consultant, Cédric Salmon : « L’horloge est effectivement une composante importante de la narration de PB, bien vu ! Attention cependant, la tâche n’a rien à voir avec l’acte deux. Pour mémoire, la tâche est le moyen concret employé par le protagoniste pour atteindre son objectif (ce moyen pouvant être traité dans n’importe quel acte; dans PB, il figure ainsi dans l’acte trois — voir notre formation vidéo pour apprendre à utiliser la structure en 4 actes des séries TV américaines dans le « breakdown »). Quel est l’objectif ? »

    P. : « Dans notre exemple, le but de Michael Scofield consiste à s’évader avec son frère, Lincoln Burrows. Son dernier recours venant d’être rejeté, ce dernier n’a que quelques jours devant lui avant son exécution. C’est une horloge très efficace, puisqu’ainsi le plan de Michael qui aurait pu être insignifiant devient passionnant sans compter sur le lien fraternel qui les unit, ajoutant une touche dramatique non négligeable. »

    Réponse de Cédric : « La tâche de PB (appelée aussi « licence » pour une série, cf. notre form. vidéo pour apprendre à créer le concept d’une fiction récurrente) est donc le moyen original employé par Michael pour faire évader son frère: ici, se faire tatouer les plans de la prison sur le dos et s’y faire incarcérer volontairement en commettant un braquage, pour exécuter les étapes d’un plan d’évasion — qui seront révélés progressivement à chaque épisode (comme les parties de son tatouage d’ailleurs) —, avant l’exécution de son frère (horloge). »

    P. : « Nous trouvons plusieurs horloges dans la série. Pour n’en citer qu’une, dans un épisode, Michael doit récupérer un médicament pour continuer à simuler son diabète et accéder à l’infirmerie. Nous savons que c’est un enjeu de taille pour lui, déterminant dans la réussite de son entreprise (l’infirmerie est le maillon faible de la prison). Son obstacle majeur est le temps, mais aussi son embrouille avec son fournisseur. Le sentiment d’urgence est immédiat. « D’ailleurs, comme pour corroborer ce constat, Faf Larage interprète le titre Pas le temps dans le générique français de la série :

    « Par ailleurs, l’intrigue secondaire de conspiration et d’enquête qui a une directe répercussion sur les évènements dans la prison permet d’éviter les écueils du huis clos et de varier les goûts. Cet élément sera d’ailleurs déterminant dans le procédé de récurrence auquel s’inscrivent les autres saisons… »

    Réponse de Cédric : « Bien vu. C’est tellement important que ce n’est d’ailleurs pas une intrigue secondaire, mais bel et bien un deuxième volet de la licence. Michael doit non seulement exécuter son plan, mais aussi enquêter pour démasquer le véritable assassin afin d’innocenter son frère. Cette structure dramatique bien particulière, qui celle d’un sous-genre du policier appelé « innocent-on-the-run ». La structure en 4 actes du one hour drama américain nécessite en effet une enquête, et le genre du policier est ainsi caché dans 90% des séries TV (voir notre masterclass vidéo pour apprendre la mécanique d’enquête). »

    Prison Break saison 2

    P. : « Alors que le concept de base semble condamné à ne pas perdurer, force est de constater qu’après une saison 1 palpitante où le suspense carcéral se mélangeait adroitement à une intrigue policière au timing serré, les scénaristes poussent la tension dans ses derniers retranchements autour des protagonistes, même une fois évadés.

    « Analysons la structure de la saison 2 qui me semble la digne successeure : les 1-2-3 sont particulièrement bien pensés.

    « Le DÉCLENCHEUR est clairement identifiable ; il s’agit de la fuite des personnages à travers les États-Unis, l’Arène, quoique n’égalant pas l’aura de la prison de Fox River. En ce qui concerne les deux frères, ceux-ci tentent de sauver dans un premier temps le fils de Lincoln, incarcéré, puis partent à la recherche de la somme d’argent dissimulée par Charles dans l’Utah (il a révélé son emplacement avant de mourir dans la saison 1).

    « Le génie des scénaristes est justement d’avoir su user et abuser de la technique de milking en exploitant le maximum d’éléments possibles de la première saison. Les messieurs réintroduisent même Brad Bellick dans la saison 2, le gardien-chef de la prison de Fox River. À ces antagonismes forts s’ajoute l’agent Mahone William Fichtner, le nouveau venu, qui en détective maniaque et dérangé mène le show.

    « Les histoires de complot et la relation amoureuse entre Sara, l’infirmière, et Michael sont au cœur de cette saison. Sara Tancredi à elle seule sert de passerelle entre les différents protagonistes : d’abord, les prisonniers (elle est la clé de l’évasion de Michael et par la suite, elle détient une preuve permettant l’innocence de Lincoln), le personnel de prison dans la première saison (elle doit son travail de médecin à Brad Bellick qu’elle a rencontré aux réunions anonymes d’anciens drogués) et le Cartel, une organisation secrète fictive qui dirige les États-Unis (son père est gouverneur). »

    Réponse de Cédric : « De la licence de la saison 1 ne persiste donc que le second volet du complot, l’innocent-on-the-run, qui prend certes toute son ampleur (ce que vous décrivez parfaitement, Paul), mais le plan des passages souterrains de la prison, lui, demeure tatoué sur le dos de Michael sans lui être d’aucune utilité. Terminée l’arène de la prison. Autrement dit : la licence n’est plus la même et Prison Break saison 2 est… une autre série. Cette série peut-être fascinante et très réussie, mais la mécanique de récurrence est détruite. »

    P. : « Michael se retrouve en prison dans la saison 3, mais à partir de ce point, le téléspectateur aguerri ressent un léger essoufflement de l’intrigue du fait d’incohérences et de répétitions. »

    Réponse de Cédric : « Merci Paul. Pour finir, un quizz pour nos chers lecteurs !
    Comment appelle-t-on dans les writing-rooms américaines le moment où une série détruit ainsi sa propre licence ? »

    *À propos de Paul : Paul Dubois est passionné de littérature, de cinéma, de séries télévisées et de musique. Il a sous le bras une dizaine de romans et de nouvelles qu’il espère éditer un jour. Un pitch pour la route : Un nettoyeur de scènes de crime, un conducteur routier à la retraite, découvre qu’il travaillait sans le savoir pour la mafia. Sa famille menacée et la conscience souillée, il est contraint de se soumettre aux instructions, mais c’est sans compter sur une veuve éplorée qui va l’aider à préparer un plan pour défaire ce réseau criminel de l’intérieur. Mais, s’il n’était que la marionnette d’une machination encore plus infernale ? En attendant de vivre de son art, il s’exerce à diverses occasions en tant que prête-plume (il a été par le passé écrivain biographe privé, avant de se convertir vers la fiction). Visitez son blog de notre part à l’occasion : Écrire un roman est mis à jour chaque vendredi.

    Fiction française : 7 façons de faire des séries policières

    Étant donné qu’il faut en moyenne deux à trois ans pour développer un projet de son pitch au PAD, la fiction qui se déverse sur nos grilles de la rentrée date donc déjà d’avant 2010. Une première tendance semble se dessiner néanmoins pour FTV et TF1 (qui produisent ne l’oublions pas 90% de notre fiction) et qui misent sur la série policière. La fiction française de la rentrée sera donc policière ou ne sera pas.

    1. TF1 est toujours en mode copro internationale et joue la sécurité en misant sur des lows concepts portés par des stars : Pour en savoir plus sur la différence entre un low et un high concept, je vous renvoie au cours Le high concept, ou comment vendre son premier scénario à un producteur.
      • Une mise en valeur de l’arène frenchie (Tour Eiffel, béret, baguette & co) avec Jo : la première saison de 8 x 45′ avec Jean Reno (dont Florence Ménidrey fustigeait le retour en TV). C’est la série policière à enquêteur unique type Julie Lescaut, tournée à Paris, créée par René Balcer (NY Police Judiciaire) aidé de Malina Detcheva et Franck Ollivier et produite par Atlantique productions (Takis Candilis via Lagardère Entertainment) pour un budget de 16 millions d’euros. Le petit plus : Jean Réno s’appuiera sur ses connaissances encyclopédiques de Paris pour résoudre ses enquêtes, toutes reliées à l’histoire de la Capitale française.
      • Une série chorale européenne avec Crossing Lines : la première saison de 10 x 52′ est créée par Ed Bernero (Esprits Criminels), showrunner et scénariste principal. La série est produite par Tandem Communication (à l’origine des Pilliers de la Terre), TF1 Productions et Sony Pictures TV Networks. Elle met en scène une unité spécialisée dans la lutte contre le crime de serial killers qui sévissent sur l’ensemble du territoire européen et qui sont donc gérés par la cour internationale de justice. Au casting : William Fichtner (Prison Break, Batman Begins), Donald Sutherland (qu’on ne présente plus), Tom Wlaschiha (Game of thrones), Genevieve O’Reilly (Star Wars épisode 3) et… Marc Lavoine. Le tournage est annoncé pour la fin septembre et se déroulera en France et en République Tchèque.
    2. France 2 mise sur des dramas policiers (low concepts aussi) :
      • Caïn, le flic handicapé : une nouvelle série en 8 x 52′ réalisée par Bertrand Arthuys avec Bruno Debrandt, Julie Delarme, Frédéric Pellegeay, Smadi Wolfman…Attention, flic méchant ! Caïn, flic handicapé mais… génial (la référence à Docteur House ne vous aura pas échappé), mène l’enquête. Résultat, plus la peine d’envoyer des projets avec des flics handicapés : on attend tous le résultat de Caïn pour juger…
      • Main courante : une série en 8 x 52′ réalisée par Jean-Marc Thérin avec Marie Bunel, Jean-Baptiste Puech, Juliette Navis-Bardin…qui raconte la vie d’un commissariat dans la banlieue de Nantes (ça nous rappelle dangereusement Antigone 34 à Montpellier).
      • Les limiers: une série pilote de 2 x 52′ (peu de foi en interne) réalisée par Alain Desrochers avec Jean-Yves Berteloot, Marc Ruchmann, Cyrille Thouvenin, Léonie Simaga… qui met en scène des chasseurs d’une unité spéciale intervenant dès la délivrance d’un mandat d’arrêt sur le territoire. Leur métier : traquer sans relâche ceux qu’ils recherchent (Un mix entre Bounty hunters et Perdu de vue ?). Bref, du bouclé en 52 minutes avec de l’enquête et au terme de la chasse, la double résolution d’une enquête et d’une disparition.
    3. France 3 achète des séries policières étrangères et ajoute des inédits à ses collections existantes :
      • Nouveauté : The fjällbacka murders (Les crimes de Fjällbacka) d’après les personnages créés par Camilla Läckberg avec Claudia Galli, Richard Ulfsäter qui met en scène l’univers de l’auteur suédoise à succès Camilla Läckberg en 6×90′ pour une diffusion prévue en 2013.
      • Mais aussi des inédits de plusieurs séries policières déjà à l’antenne :
        • Enquêtes réservées, série créée par Patrick Dewolf et Clémentine Dabadie à l’antenne depuis juillet 2009 qui met en scène la Cellule d’Investigation Criminelle de la Section de recherche de Marseille. Le dernier inédit proposé samedi 8 septembre a séduit 2,3 millions de fans soit 12,2% du public : un score en baisse par rapport au samedi précédent.
        • Commissaire Magellan, série créée par Laurent Mondy et à l’antenne depuis 2009 qui met en scène les enquêtes d’un commissaire dans la ville imaginaire de Saignac (en province bien sûr). Le commissaire Magellan aidé de son adjoint, gratte sous le vernis d’une société de province trop souvent éprise des apparences. France 3 s’était placée seconde avec une bonne performance le samedi 2 juin, date du dernier inédit qui avait attiré 3,2 millions de téléspectateurs pour une part d’audience de 15%.
        • Le sang de la vigne, série adaptée des livres de Jean-Pierre Alaux et Noël Balensérie par Marc Rivière, à l’antenne depuis 2011 qui met en scène Benjamin Lebel (Pierre Arditi), un éminent oenologue confronté à des enquêtes aussi goûteuses que corsée (en province donc). le dernier inédit diffusé le samedi 4 février avait placé la chaîne sur la troisième marche du podium en réunissant 3,54 millions de téléspectateurs, soit 14,3% du public.
        • On retrouvera de même Les enquêtes de Murdoch  en 1892 à Toronto où l’inspecteur William Murdoch enquête avec ses techniques scientifiques d’avant-garde ; l’Inspecteur Lewis qui enquête avec son adjoint Hathaway dans la ville universitaire d’Oxford ; le Commissaire Montalbano qui élucide les meurtres et disparitions à Vigata en Sicile ; le Commissaire Brunetti qui enquête tout en charmant à Venise et enfin l’Inspecteur Barnaby qui résout meurtres, disparitions et échanges d’identité dans le comté de Midsomer (province anglaise) où les apparences sont souvent trompeuses…
    4. Le grand retour de la comédie policière sur TF1 et France 2 :
      • Sur TF1 : des stars bien entourées :
        • Sous le mode du Buddy Movie produit par les producteurs de Profilage, Falco, le dernier flic, une série de 6×52′ qui met en scène, après 22 ans de coma, le lieutenant Alexandre Falco (Sagamore Stévenin) alors qu’il réintègre les rangs de la police. Tout droit sorti des années 90 dont il est le parfait représentant, il mène l’enquête en duo avec le jeune et sérieux lieutenant Romain Chevalier. Pendant qu’il résout ses enquêtes, le flic du passé envoie valser le politiquement correct au grand dam de son coéquipier.
        • No limit de l’écurie Besson dont nous avons parlée hier : un 6 x 52′ avec Vincent Elbaz en agent à la DGSE infiltré sur des missions spéciales sur le territoire français.
        • En unitaire qui reviendra surement en série si cela fonctionne : On se quitte plus qui suit Tony Manzor (Olivier Marchal), un flic infiltré à deux doigts de démanteler un gros trafic de drogue sur Marseille. Mais l’agent de liaison qui l’attend sur le terrain n’est autre que son ex-femme (Ingrid Chauvin) avec laquelle il est fâché depuis cinq ans. Et, cerise sur le gâteau, un certain François Meynard (Guy Lecluyse), ami d’enfance quelque peu envahissant de Tony, va croiser leur route et ne plus les lâcher… Un beau duo effectivement !
      • Sur France 2 : on mise sur les femmes (comme d’habitude…)
        • Candice Renoir : une série en 8 x 52′ réalisée par Christophe Douchand et par Nicolas Picard-Dreyfus avec Cécile Bois, Raphaël Lenglet, Mhamed Arezki, Gaya Verneuil, Alix Poisson, Alexandre Varga…Elle a quatre enfants, elle n’a pas bossé depuis dix ans, elle est commandant en chef d’un groupe crim’. Et, en plus, elle est blonde ! C’est une blague ? Non, c’est Candice Renoir. Un pitch sympathique en effet.
        • Détectives : une série en 8 x 52′ réalisée par Lorenzo Gabriele avec Philippe Lefèbvre, Sara Martins et Jean-Luc Bideau qui suit la famille Roche, des détectives privés de père en fils. Mais lorsque le grand-père Maxime annonce qu’ils doivent s’associer et impose Nora, une ex des services secrets spécialisée dans l’espionnage industriel, l’équilibre de la famille est bouleversée…
        • Enfin, un retour des Petits meurtres d’Agatha Christie  avec un nouveau duo de stars : Blandine Bellavoir et Samuel Labarthe qui s’invite chez la reine du crime au coeur d’une nouvelle époque… Après onze enquêtes menées par le commissaire Larosière et l’inspecteur Lampion, la collection va suivre dans le Nord de la France et dans les années 1950, le commissaire Laurence (Samuel Labarthe) et la jeune journaliste Alice Avril (Blandine Bellavoir).
    5. Canal+ reste sur ses acquis et développe ses marques :
      • Engrenages, créée par Alexandra Clert et Guy-Patrick Sainderichin, produite par Son et Lumière, la saison 4 est dirigée à l’écriture par Anne Landois épaulée par Éric de Barahir. Le groupe DPJ de la capitaine Laure Berthaud reprend du service et est chargé d’élucider l’affaire d’un étudiant déchiqueté par la bombe artisanale qu’il fabriquait. Bientôt il se trouve face à quelques activistes d’une ultra-gauche très radicale qui prônent la guérilla urbaine et ont pour cible directe la police. Josephine Karlsson, l’avocate vénale, entraînée par sa haine de la police et des institutions accepte de déborder de son rôle d’avocate et se fait piéger par la DCRI qui surveille les activistes.
        Cette saison, la rentrée de la série est doublée par Inside Engrenages, une web fiction dont nous avons déjà parlée. Une cinquième et une sixième saisons d’Engrenages de 12 épisodes ont d’ores et déjà été commandées pour arriver à fournir une série par an.
      • Mafiosa qui reprendra du service pour une Saison 5 de 8 x 52’. La série est produite par Nicole Collet pour Image & Compagnie avec au scénario, Pierre Leccia et Éric Rochant (réalisation Pierre Leccia) et au casting, Hélène Fillières, Thierry Neuvic, Éric Fraticelli, Frédéric Graziani, Stefano Accorsi… Cette saison, Sandra a été dépossédée des affaires de la famille par son propre frère. Elle vit à Paris avec interdiction de retourner en Corse. Tony et Manu sont en prison. Jean-Michel semble avoir gagné la partie mais Sandra est visiblement prête à tout pour récupérer ce qu’elle considère comme son bien. Cette saison verra s’achever la lutte fratricide des Paoli.
        À noter : la société de production de Steven Bawol, Helion Pictures, a acheté les droits de la série pour en refaire éventuellement un remake.
      • Braquo revient pour une autre et dernière ? saison. La série créée par Olivier Marchal met en scène une brigade de la police judiciaire aux méthodes plus que douteuses et reprend à l’écriture Abdel Raouf Dafri pour recréer la tension et le coté noir qui avaient fait son succès. La diffusion est prévue pour début 2013 sur la chaine cryptée. Le producteur Jonathan Koch (Les Kennedy), par le biais de sa société de production Asylum Entertainment, aurait acheté les droits de la série et serait actuellement en pourparlers avec l’équipe française de la série au sujet de l’adaptation.
    6. 2 chaînes de la TNT lancent leur première fiction policière en 2013 !
      • Burn out  dont nous avons parlé précédemment cet été, comptera 10 épisodes de 52′ pour sa première saison. Créée par Cécile Gérardin, Charlotte Pailleux et Hassan Mebarki, la série est réalisée par Aurélien Poitrimoult et Charli Beleteau et présente en huis clos, Inès Barma, Capitaine de police au bord du burn-out qui doit gérer une expérience pilote de direction d’un Commissariat dédié entièrement à la Garde à Vue. Excellente interrogatrice de suspects, elle n’hésite pas à user de manipulations psychologiques pour obtenir des aveux. Agoraphobe, vivant 24h sur 24 h au commissariat, elle est confrontée à l’arrivée de Gregory Delprat, jeune lieutenant de police ambitieux, placé par leur hiérarchie pour prendre sa place au premier faux pas… Le casting est composé entre autres, de Anne Caillon (Inès Barma), François-David Cardonnel (Grégory Delprat), Lise Schreiber (Leila Gendret), Ludovic Berthillot (Lederman), Florence Denou (Anouck) et Ibrahim Koma (Scoubi). Diffusée par Chérie HD qui sera lancée sur la TNT en décembre 2012 (comme les cinq autres nouvelles chaînes de la TNT choisies par le CSA : HD1, 6ter, Tvous la diversité, L’Equipe HD et RMC Découverte), la série est produite par Mascaret Films et NRJ, pré-acheté par Chérie HD. Elle sera diffusée sur NRJ 12 et Chérie HD en 2013.
    7. Enfin quelques unitaires annoncés sur France 2 avec un angle sociétal… voire social :
      • La disparition : téléfilm réalisé par Jean-Xavier de Lestrade avec Thierry Godard, Géraldine Pailhas qui raconte la disparition d’une femme un dimanche matin. Elle s’appelle Betty et sa disparition laisse des traces aussi énigmatiques que mystérieuses. Une fugue ? Même si elle ne semblait pas heureuse en ménage, jamais Betty n’aurait abandonné ses deux enfants. Un meurtre ?
      • Manipulations : téléfilm réalisé par Laurent Herbiet avec Lambert Wilson, Didier Bezace, Sabrina Ouazani qui parle de l’organisation terroriste Camu (Comité antimondialisation unifié) qui menace le territoire français alors que les candidats à la future élection présidentielle se précisent. Malgré l’ampleur du dispositif déployé par la cellule anti-terroriste, le ministère de l’Intérieur n’a d’autre choix que de faire appel à Frank Barrot, commissaire réputé pour ses méthodes controversées, afin de neutraliser ce groupe armé. Une série éventuellement à faire… si cela marche.
      • Faux coupable : téléfilm réalisé par Didier Le Pêcheur avec Aurélien Recoing, Marianne Basler, Emma de Caunes où Jordan, 22 ans, est condamné à 25 ans de réclusion criminelle pour meurtre. Il hurle son innocence. Deux ans plus tôt, il a rencontré Louise avec qui il a passé la nuit. Pour Louise, il s’agit d’une histoire sans lendemain mais Jordan la harcèle. Le père de Louise, inquiet de la situation, décide de mettre au point un plan redoutable qui éloignerait définitivement Jordan de la vie de Louise.

    Que retenir : France Télévisions semble beaucoup miser sur ses séries policières pour renouveler son audience et sa programmation tandis que TF1 amorce tranquillement mais surement le virage vers des séries plus internationales avec de nouveaux partenaires (des grands groupes audiovisuels uniquement). Reste quelques fictions à la sauce traditionnelle portées par des stars du petit écran en lesquelles les téléspectateurs retrouveront les identités réciproques de leur chaîne fétiche. La grande absente de cette stratégie : M6. Alors, rien de nouveau sous le soleil ou pas ? Qu’en pensez-vous ?
    Pour construire vous aussi des séries policières efficaces, n’hésitez pas à consulter la masterclass comment écrire une histoire policière.

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