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ScriptDoctor.frBlog du scriptdoctorécrire un scénario de comédie ‒ film et série comique

écrire un scénario de comédie ‒ film et série comique

Créer un personnage inoubliable, 1ère partie

La notion de personnage est-elle secondaire et soumise à l’action, comme certains l’affirment ? Y aurait-il deux sortes de films, ceux essentiellement fondés sur l’action, avec des personnages schématiques, et ceux avec des personnages psychologiques mais avec peu d’action ? C’est ce que nous allons voir aujourd’hui, dans cet article consacré aux personnages et à leur fonction. Action !


À la question : « Faut-il créer l’action du film puis définir les personnages qui incarnent cette action ou, au contraire, faut-il créer un personnage et définir l’action qui le révélera ? », je répondrais : peu importe, tant que le sens est porté par les deux niveaux de l’histoire, action et psychologie. Avec beaucoup d’action, les personnages tendraient à devenir des marionnettes et avec trop de psychologie, l’action se ralentirait et perdrait de son importance. L’idéal est donc d’imbriquer psychologie et action car, comme nous l’avons vu, psychologie et action sont interdépendants.
J’oserai même ce théorème : l’action définit le personnage et le personnage définit l’action.

Les personnages ne SONT que ce qu’ils FONT.

Vieil adage qui s’applique à la vie de tous les jours et qui est encore plus vrai en matière de scénario. Nous l’avons vu dans l’article précédent consacré au conflit : transformer en action un conflit interne est le propre de toute dramatisation. Il faut projeter au dehors tout ce qui se trouve au dedans.
Le théoricien américain Syd Field parle ainsi très justement de « l’intérieur du personnage » (tout ce qui le caractérise depuis sa naissance jusqu’au début de l’action) et de son « extérieur » (ce qui se révèle pendant l’action).

  • Un homme donne une pièce à un mendiant.
    Cet homme est généreux, compatissant, il aime son prochain.
  • Nous découvrons ensuite avec le mendiant que cette pièce est en chocolat. Le donateur est un farceur ou encore un cynique. En deux actions, nous sommes passés d’un extrême à l’autre sans une once de dialogue. Deux caractérisations possibles.

Qu’ils soient principaux ou secondaires, c’est donc par leur comportement que les personnages se révèlent au cinéma.

LE COUPLE PROTAGONISTE / ANTAGONISTE

  1. LE PROTAGONISTE (OU PERSONNAGE PRINCIPAL)
    Au risque de se répéter, le personnage principal d’une histoire, celui que l’on nomme le protagoniste, est celui qui vit le plus de conflits. C’est d’ailleurs grâce à ces conflits que l’on s’identifie le plus à lui, même si le personnage est antipathique. (Un bon personnage, aussi sympathique soit-il, pour être intéressant, réaliste, doit avoir sa zone d’ombre, ses défauts, des traits de caractère qui nous agacent. Personne n’est parfait dans la vie, pourquoi le serait-on au cinéma ?)
    C’est également le personnage qui porte la proposition thématique et la proposition dramatique du film ; qui, en réaction à une situation donnée, rentre en action, poussé par des motivations et visant un objectif que des obstacles viendront rendre difficile à atteindre.
    Remarque : même si l’on raconte l’histoire d’un couple ou d’un groupe, il ne faut qu’un seul personnage principal sans pour autant sacrifier les autres, bien au contraire. Tous les autres personnages devront aussi porter leur proposition thématique et dramatique, avoir leur objectif, leur motivation, leurs obstacles, mais tout cela devra être subordonné au personnage principal.
    Les personnages bien dessinés doivent pouvoir se résumer en un mot : courageux, autoritaire, impétueux, laxiste, névrosé… (Pour s’en convaincre, voir par exemple le cours vidéo de Julie sur les les 8 archétypes de personnage en comédie.) Une fois que vous avez opéré ce travail, il est plus facile de dimensionner ses personnages, de les rendre intéressant en leur attribuant un caractère fort qui autorise les conflits, de leur donner cohérence et consistance.
    Enfin, pour exister, un personnage, qu’il soit principal ou secondaire, a toujours besoin d’une motivation, d’actions et d’un but. Car c’est ce qui définit clairement qui il est, ce qu’il veut, pourquoi il le veut et quelles actions il est prêt à entreprendre pour atteindre son objectif. Si on ne sait pas pourquoi un personnage fait quelque chose, il est difficile de s’impliquer dans l’histoire : elle perd de sa dynamique et nous nous en désintéressons. En ce sens, on peut dire que le déclencheur, la première fonction dramatique d’un récit qui arme l’objectif (voir la vidéo sur le 1 du 1-2-3 chère à Cédric), est indispensable à la caractérisation autant qu’à la structure !
  2. L’ANTAGONISTE

    Plus réussi est le méchant, plus réussi est le film. (Hitchock)

    Après le protagoniste, le personnage le plus important est l’antagoniste. Il poursuit le même objectif que le protagoniste (ou l’objectif strictement opposé) : c’est donc lui qui s’oppose au personnage principal et le fait avancer dans le récit, par réaction. Son rôle est donc essentiel dans la narration.
    Cédric m’a récemment confié que, statistiquement, l’erreur la plus fréquente qu’il a corrigée cette année avec Julie dans le cadre de leur activité de script doctor en ligne pour les créateurs de fiction, était l’absence d’antagoniste principal. Selon lui, la peur du manichéisme pourrait expliquer cette fâcheuse tendance à refuser l’incarnation de l’opposition. On pourrait opposer à cette peur que l’antagoniste est tout simplement le contraire de la simplification du monde, parce qu’il incarne la part sombre du protagoniste, dans une personnification de sa psychée.

L’ÉVOLUTION DU PERSONNAGE (OU ARCHE NARRATIVE)

Toute histoire digne de ce nom est une histoire de formation, d’initiation, de conversion. Le personnage qui apprend quelque chose se transforme : le spectateur aussi. Il est donc très important qu’un personnage se révèle à lui-même, s’éveille et s’affirme : le trouillard devient courageux, le jeune-homme un homme, le triste un joyeux.
Les seules transformations déconseillées sont celles qui surviennent à l’improviste. Une transformation qui n’a pas été prise en compte dès l’élaboration du scénario, et qui n’est donc pas traitée, n’est pas crédible et ne trompe personne : elle n’arrive que par pure commodité pour le scénariste.
Pour ressentir fortement la transformation d’un personnage, il est recommandé que le personnage suive toujours le même but, mais plus pour les mêmes raisons. Si on reprend un exemple précédemment utilisé :  : « Celui qui ne pensait qu’au pouvoir va découvrir que l’amour est plus important. » (proposition dramatique) / « Parce que celui qui n’était que haine va ressentir l’amour. » (proposition thématique)

  • Imaginons que l’objectif de notre personnage soit de prendre la forteresse où s’est réfugié l’usurpateur qui s’est emparé du pouvoir en assassinant sa famille.
    Non seulement il pourra se venger mais aussi reprendre le pouvoir.
  • Mais il a rencontré la fille de celui-ci et en est tombé amoureux. Il apprend qu’elle est aussi dans la forteresse et prisonnière de son père.
    Il veut maintenant prendre la forteresse (même objectif) mais plus par haine, seulement par amour.

Comédies tv : un genre qui séduit moins

Excepté le grand retour des séries policières et les sagas annoncées de Luc Besson et de ses reprises d’anciens succès de cinéma qui trustent notre rentrée, que pouvons-nous dire des autres projets annoncés ou de ceux qui viennent de remporter un prix à La Rochelle 2012 ? (en mettant de côté aussi la mode des copros internationales).

Les comédies ne semblent plus faire autant l’unanimité sur nos écrans

  1. Des comédies sociétales sur le service public : après avoir donné dans l’historique, France Télévisions se tourne vers des séries aux sujets plus actuels et contemporains.
    • Prix de la meilleure série : the winner is Tiger lily pour France 2. Série de 6 x 52′ réalisée par Benoît Cohen avec Lio, Camille Japy, Florence Thomassin et Arianne Séguillon, écrite par Negar Djavadi et Charlotte Paillieux (primée au FAI) et produite par Ego Productions (Pascale Breugnot, Vincent Mouluquet). Série centrée sur un groupe de rock de quatre filles nées à la fin des années soixante (les Tiger Lily) formé par Rita, Rachel, Muriel et Stéphane, mariées, mères de famille ou célibataires qui ont rangé les guitares depuis longtemps et qui décident de revivre leur rêve à 45 ans !
    • Puis c’est le vide intersidéral en termes de série et il ne reste plus que La Smala s’en mêle, comédie low concept portée par Michèle Bernier pour incarner dans des épisodes 2 et 3, un semblant de joie sur la thématique du divorce et de la réorientation professionnelle. Ou encore Fais pas ci, fais pas ça qui rempile pour une saison 5 où les deux familles seront confrontées à de nouveaux problèmes : vivre en couple, réussir le jumelage avec Tappakawac, une ville québécoise, devenir numéro un de chez Binet, couper le cordon avec Tiphaine, connaître le succès avec la sortie du livre Le Bonheur c’est maintenant… Mais c’est à peu près tout. Reste Drôle de famille pour un épisode 4 inédit réalisé par Christophe Douchand, écrit par Diane Clavier et Camille Pouzol, produit par DEMD Productions avec Christine Citti, Juliette Arnaud, Samuel Théis… où les colocataires débarquent à Marrakech dans un riad que fréquente de temps à autre Françoise, la mère de Mathieu. Enfin, c’est ce qu’ils croient…
  2. Des comédies familiales pas vraiment drôles ni sur TF1, ni sur M6 : stars et low concept à gogo avec des unitaires reconductibles et des séries chorales.
    • Sur les couples en divorce/réunification. Prix du meilleur Téléfilm comédie pour TF1, pour On ne se quitte plus, une comédie policière réalisée par Laurence Katrian, écrite par Anne Valton et Luc Chaumar, produite par Hatalom LGM avec Olivier Marchal, Ingrid Chauvin, dont nous avons déjà parlée.
    • De même, TF1 a proposé un téléfilm intitulé Le bonheur des Dupré, réalisé par Bruno Chiche et adaptée par Marie-Anne Chazel, qui réunit Marie-Anne Chazel et Bernard Le Coq, incarnant, Nathalie et Bruno, un couple de quinquas qui mènent une vie bourgeoise à Lille. Alors, même que leur fille, Prune, prépare son mariage, Nat et Bruno décident de divorcer. Pour Prune (Delphine Théodore), cette séparation est tout simplement impossible et remet en cause son propre mariage. Entre chantage affectif et autres manipulations, elle n’aura de cesse de tenter de ressouder ses parents, tandis que ces derniers, entre mensonges et subterfuges, essayent de suivre leur chemin… ce qui n’a retenu l’attention que de 3.9 millions de téléspectateurs, pour 15.4% du public présent devant son poste plaçant TF1 à la troisième marche des chaînes les plus regardées en prime-time, derrière France 2 (Castle) et M6 (L’amour est dans le pré). Bof ! Il n’y aura sûrement pas de suites donc…
    • Dans la même inspiration, TF1 proposera le pilote de A votre service, une fiction avec entre autres Hippolyte Girardot et Sébastien Knafo, qui sera diffusée le 10 décembre, produite par JLA Productions qui pourrait, si l’audience est bonne, devenir une série. Celle-ci suivra Guillaume (père de famille fraîchement divorcé, légèrement hypocondriaque) et Zach (éternel dragueur, célibataire et fauché) qui sont, bien que diamétralement opposés, les meilleurs amis du monde. Tous deux, à 40 ans, décident de changer de vie. Ils montent ensemble une société d’organisation de fêtes et d’événements, du plus classique au moins conventionnel : mariage, fête de divorce, séminaire d’entreprise, réunion d’anciens copains, PACS, bar-mitsva…
    • Dans la suite de Camping, créée par Jeanne Le Guillou avec Christophe Malavoy, Lola Dewaere, Anne-Elisabeth Blateau, La Croisière est une série comique de 6 x 52’ avec Christophe Malavoy dans le rôle du Commandant, qui relate les aventures décalées de l’équipage d’un paquebot et de ses occupants. Quand 5 000 passagers, avec leurs lots de « casseroles » et de mensonges, leurs problèmes d’amour et de boulot en tout genre, embarquent sur un paquebot dirigé par un personnel de bord aussi impliqué que décalé, il en résulte une croisière pas comme les autres ! Le commandant rêve du plancher des vaches ; sa seconde découvre la vie ; la directrice de croisière, impératrice du bonheur et de l’harmonie, mène la vie dure à son ex-mari le chef barman ; le médecin de bord est dénué du moindre sens psychologique ; le chef de la sécurité se prend pour un héros de série américaine et le charmant jeune curé fait office de psy à l’heure de la confession… Non, la Méditerranée n’aura vraiment rien d’un long fleuve tranquille ! Série chorale dans la veine du film éponyme sorti l’année dernière, cette comédie est faite pour toute la famille mais pas sûr que tout le monde rie.
    • Dans la case, « fiction prestige », créée par Karine De Demo et Michel Delgado, produite par GMT, la mini-série de prestige de 2×90′ réalisée par Stéphane Kappès, Merlin, avec Gérard Jugnot dans le rôle titre (qui nous rappelle furieusement Ali Baba dans le même genre), Joséphine de Meaux, Marilou Berry. Après cinq années passées auprès du prince Arthur qui, au grand désespoir de sa cousine Morgane, va épouser la jolie princesse Guenièvre, Merlin se retire dans la forêt de Brocéliande pour goûter une retraite paisible. Mais l’arrivée de l’énergique fée Viviane et de son jeune fils Lancelot va pulvériser ses plans. La fée s’incruste en déployant ses charmes et sa malice. Plus Merlin en tombe amoureux, plus il perd ses pouvoirs dont il aurait pourtant bien besoin puisque Morgane, brûlante de dépit amoureux, vient de faire alliance avec Vortigern, le terrible roi barbare…
    • Côté recyclage, donnons une fiction à nos animateurs stars, TF1 présente Cher radin, comédie en 90 minutes, qui met en scène l’animateur Vincent Lagaf’. Il interprète Alexis, un radin compulsif. Dès qu’il s’agit de dépenser, Alexis est pris de bouffées d’angoisse. Impossible pour lui d’acheter des fleurs, de payer une addition, d’offrir un cadeau… Il a dû renoncer à l’amour et vit solitaire avec pour seuls plaisirs le grappillage et la chasse au gaspillage. Jusqu’au jour où, au péril de sa vie, il sauve un collègue sous les yeux d’une jeune femme qui va alors le prendre pour un héros. Par peur de la décevoir, Alexis va devoir mentir sur sa vraie nature…
    • M6 proposera des inédits de Ma femme, ma fille, 2 bébés et Victoire Bonnot mais annonce deux nouveautés dans le genre : un spin off de Victoire Bonnot titrée provisoirement Chez Victoire. L’héroïne de D&co (Valérie Damidot) s’installe dans un domaine viticole, qu’elle va transformer en maison d’hôtes (cf. la même recette que les Toquées) ou encore La méthode Claire avec Michèle Laroque (qui se recycle en TV cf. Jean Réno). À 45 ans, son diplôme d’avocate en poche, Claire Robin range définitivement son ancienne vie de fleuriste derrière elle. Confrontée aux préjugés d’une corporation élitiste, Claire est attendue au tournant. Son créneau ? La justice du quotidien, celle qui aide vraiment les gens. Réalisé par Vincent Monnet, écrit par Alain Patetta, Isabelle Le Monnier, Daive Cohen, Philippe de Lyon et produit par Léonis Productions (Jean-Benoît Gillig) en coproduction avec Nexus, l’unitaire donnera lieu à une série en 90′ en fonction des audiences.
      À noter : de nouveaux épisodes pour Sodas sur W9, la shortcom mettant en scène Kev Adams qui vit ses heures de gloire sur la chaîne de la TNT avec une progression constante de son audience.
  3. Le reste :
    • Des programmes courts pas toujours du meilleur niveau :
      • Excepté le Prix du meilleur Programme court en série pour Les Lascars sur Canal+ obtenu à La Rochelle (déjà diffusé en 12×13’), produit par Bach Film, écrit par Tristan Aurouet, IZM, Eric Benzekri, Emmanuel Klotz, Eldiablo, Alexis Dolivet qui raconte le quotidien d’une inséparable bande de potes, Jo, Polo, Malik et Gros, qui ont grandi ensemble dans le même quartier, au cœur de la culture de la vanne, des bastons de regards et des gros mythos. Au début de la saison, les parents de Jo déménagent au bled et lui laissent leur 5 pièces ; autant dire que la good life peut commencer pour nos lascars.
      • Nous avions parlé précédemment des formats courts, je n’y reviens pas.
      • À noter, un prime spécial Scènes de ménages où les couples verront défiler chez eux une vingtaine de stars : de Jean-Paul Gaultier à Michèle Bernier, en passant par Enrico Macias ou Géraldine Nakache, Yvan Le Bolloc’h et Bruno Solo et bien d’autres, est aussi au programme de la rentrée.
    • Des séries comiques en 26′ sur les chaînes payantes :

      • Lazy compagny, 10 épisodes au programme pour une comédie française made in Normandie sur Orange Cinéma series qui continue son ascension en fiction et produit des fictions originales. Mix entre la 7e compagnie et Inglorius Basterds, elle raconte la vie d’un peloton de GI US perdus dans les landes normandes.
      • Tiekar sur Canal+ en 12×26’, produit par Kissman, écrit par Jamel Debbouze et Mohammed Hamidi qui racontent la vie de Jamel Debbouze et plus particulièrement son enfance. Ses potes d’enfances, son frère Momo, sa classe de cinquième, les combines, les bêtises ; quand on a 12 ans dans une cité et qu’on est plus malin que fort, il faut adopter le système DVVVVV « démerde toi vite vite vite vite ».

Que retenir : entre scepticisme, attentisme et crise, la comédie n’est plus le genre porteur de la fiction française en cette rentrée 2012. Qu’en sera-t-il des autres tendances ?
Quand on sait que les séries US assurent 80% de la rentabilité d’une chaîne gratuite et que ce sont nos chaînes gratuites (TF1, FTV et M6) qui financent 80% de la fiction et du cinéma français. Ça laisse songeur. La suite dans de prochains billets.
Pour ne pas faire comme les autres chaînes et construire des comédies vraiment hilarantes, n’hésitez pas à consulter le cours rire et scénario : l’art de la comédie.

Dramaturgie : les 10 commandements du scénariste (2/2)

  1. Tu ne commettras pas un scénario sans conflit
  2. Tu ne trahiras pas ton spectateur
  3. Tu n’endormiras pas ton lecteur
  4. Tu ne lasseras pas ton spectateur
  5. Tu désobéiras à l’un des commandements précédents au moins une fois


Bonjour chers lecteurs ! Les cours de dramaturgie reprennent cette semaine avec la seconde partie de mon billet sur les commandements sacrés du scénariste. C’est parti !

Tu ne commettras pas un scénario sans conflit

Autrement dit, tu créeras un protagoniste et un antagoniste aux valeurs opposées (je ne reviens pas dessus, Cédric vous a expliqué dans sa formation « Créer une série tv » comment construire des personnages en opposition avec la technique des quatre coins (masterclass : écrire et vendre une série)), mais aussi — surtout — qui poursuivent le même objectif concret. En effet, c’est parce qu’ils veulent la même chose qu’un méchant et un gentil vont s’affronter !Créer du conflit est l’une des conditions essentielles pour intéresser le spectateur, mais conflit ne veut pas dire dispute. Beaucoup d’auteurs pensent qu’il suffit de parsemer leur scénario de désaccords pour créer du conflit, alors que ce n’est qu’une des formes de conflit possibles entre vos personnages. Vous devez considérer le conflit comme un moteur dramatique à part entière. Plus votre moteur sera puissant, plus vos lignes de conflits seront multiples, plus vous réussirez à rendre chaque scène ou chaque dialogue intéressant pour le spectateur. Pour vous aider, j’ai recensé quelques méthodes que Cédric et moi utilisons pour créer du conflit, comme :

  • créer un secret entre deux personnages — pour mettre des personnages en opposition, rien ne vaut la dissimulation. Non seulement, le personnage au secret fera tout pour le garder, quitte à avoir des comportements irrationnels pour son entourage, mais une fois découvert, le secret pourra les monter les uns contre les autres (gnark gnark gnark !).
  • augmenter la méchanceté de votre antagoniste — plus le méchant est méchant, plus il est difficile pour le gentil d’atteindre son objectif… et donc plus il y a de tension dramatique ! (Pour comprendre comment augmenter la tension dans votre histoire, vous pouvez vous reporter à l’un des billets de notre rubrique ASTUCES DE SCÉNARISTE : Objectif – horloge – enjeux, la trilogie obligatoire de tout scénariste professionnel.)Attention aux clichés cependant : votre méchant ne suscitera pas la haine du public et l’envie de voir le héros le terrasser simplement parce qu’il incarne théoriquement le mal (comme un tueur sans pitié par exemple). Vous devez sortir des clichés pour trouver des actes malveillants qui rentrent en résonance avec nous : un méchant qui torture un enfant pour faire parler son père, un pervers qui cherche à faire souffrir quelqu’un en utilisant son ascendant hiérarchique ou une situation injuste pour se couvrir sont des exemples d’actes qui peuvent nous faire immédiatement nous identifier à celui qui les combat.
  • créer un problème grave et immédiat pour les personnages principaux — par exemple, un couple qui partage un moment heureux dans sa chambre est soudain confronté à l’irruption d’un homme dérangé qui les menace avec une arme (l’ouverture du film de Night Shyamalan, Le Sixième Sens). Le spectateur veut tout de suite savoir si ce problème va être résolu et comment. Ce conflit armé s’avère être une survalorisation d’un conflit personnel entre les deux hommes : le forcené est le patient en colère de Bruce Willis, qui est psy.
  • installer dans votre scénario un sentiment de déséquilibre — c’est le cas dans Fargo des frères Coen, quand un type lambda entre dans un bar pour engager deux malfrats afin d’enlever sa femme. Nous voyons immédiatement que le type en question est un amateur alors que les malfrats viennent du crime organisé. Les deux parties de l’équation ne sont pas sur le même niveau et nous nous rendons compte combien notre héros est à la masse quand il tente de se justifier, en insistant lourdement sur la ponctualité. Le conflit avec les malfrats est donc augmenté par le déséquilibre entre les protagonistes. C’est une façon d’ajouter de la tension au conflit initial. ▲

Tu ne trahiras pas ton spectateur

Autrement dit, tu ne changeras pas de genre cinématographique, de règles d’univers ou de lignes narratives en cours de récit. Considère ton premier acte comme un contrat passé avec le spectateur. Nous sommes dans une situation passive quand on nous raconte une histoire, et rien n’est plus désagréable que d’avoir l’impression que l’auteur ne sait pas où il va, ou pire, qu’il trahit notre confiance !C’est surtout vrai en ce qui concerne le genre. Si vous commencez par une intrigue policière, vous ne pouvez pas oublier l’enquête en cours pour terminer sur une résolution de comédie romantique. Il faut toujours tenir les promesses annoncées au moment du déclencheur, sinon vous prenez le risque de faire décrocher votre public. (La masterclass sur comment employer les 18 genres hollywoodiens majeurs vous donne la clé des principaux genres Genre cinéma et dramaturgie : écrire les thrillers, drama, films policier, etc. ▲

Tu n’endormiras pas ton lecteur

Autrement dit, tu auras une écriture visuelle. N’oubliez pas que le scénario est la première étape de visualisation de votre œuvre audiovisuelle (film ou série). C’est grâce à lui que vous convaincrez un producteur, un diffuseur, un distributeur, des acteurs, etc. À vous de trouver un style qui vous permettra de faire passer vos idées le plus visuellement possible, afin d’être agréable à lire. La masterclass comment rédiger un synopsis vous explique comment rédiger efficacement un synopsis court (le premier type de document que vous ferez lire à un producteur).Voici par ailleurs d’autres conseils pour rendre vos textes efficaces :

  • faites des phrases bien construites — c’est le B-A BA, assurez-vous toujours que les sujets de vos phrases sont bien reliés aux verbes qu’ils désignent et ne multipliez pas les phrases à rallonge, les pronoms relatifs dont on ne voit plus le sujet initial ou les constructions grammaticales compliquées.
  • donnez une information par phrase — évitez les phrases « paragraphes ». Écrivez simplement dans l’ordre chronologique, une idée à la fois, un personnage après l’autre.
  • décrivez vos personnages de façon originale — évitez les noms de personnages trop plats ou se ressemblant les uns les autres (cf. mon astuce dédiée pour réveiller votre lecteur).
  • écrivez à haute voix — parfois relire à haute voix vous permettra de repérer les phrases compliquées dans vos descriptions et vos dialogues.
  • respectez les usages en matière de taille de documents — une bible de série fait en moyenne 20p, un épisode de 52′, 52p (si l’on respecte la convention une page = une minute), un long-métrage ou un unitaire entre 90 et 110p, un roman, 200-250p, etc. La règle n’est pas immuable, mais un lecteur fatigué aura plus de facilité à choisir dans sa pile un document court en fin de journée qu’un gros pavé qui vient d’un inconnu.
  • dernier conseil, lisez le plus de scénarios que vous pourrez — pourriez-vous imaginer un compositeur qui n’aurait jamais lu de partitions ? ▲

Tu ne lasseras pas ton spectateur

Ce qui veut dire qu’il vous faudra créer du mystère pour le tenir en haleine. Quand un mystère est bon, notre cerveau cherche frénétiquement à le percer tout au long de l’histoire.Les grands scénaristes injectent des mystères dans tout et n’importe quoi. Surtout dans leurs scènes d’ouverture. Je vous renvoie ainsi aux archives HC avec un bloc consacré aux premières séquences de votre scénario (qui font le point sur les différentes méthodes envisageables, dont l’écriture in media res). J’ai personnellement constaté que le genre policier constituait un excellent entrainement pour s’habituer à créer du mystère. Bien évidemment, l’ennemi d’une structure fondée sur le mystère est le cliché. Si votre spectateur a deviné tout de suite le chemin que vous allez prendre, vous êtes mort. ▲

Tu désobéiras à l’un des commandements précédents au moins une fois

Chaque grande histoire brise un ou plusieurs commandements : c’est ce qui en fait le sel. L’un des contournements le plus fréquent est le changement d’objectif en cours de route (quatrième commandement). Le premier arc narratif peut être terminé à la fin de l’acte un, ce qui force les personnages à se trouver un autre objectif, un autre plan, et à rencontrer d’autres obstacles. Il est aussi possible de rencontrer des films où il n’y a pas vraiment de personnage principal (deuxième commandement). Vous commencez sur un personnage, puis un autre, puis un autre pour revenir au premier, etc. En guise de conclusion sur ce dernier commandement, je ne résiste pas à vous donner quelques exemples célèbres de films qui n’ont pas respecté un ou plusieurs de ces commandements :

  • Lost in Translation : pas d’objectif concret pour le personnage principal joué par Scarlett Johansson mais un mystère central posé sur l’histoire d’amour. Le spectateur reste pour savoir si les deux protagonistes vont finir ensemble.
  • Polisse : pas de réel personnage principal, pas d’objectif concret, pas de structure en 1-2-3… mais une prouesse d’imitation du réel dans une arène tellement forte (la Brigade des Mineurs) qu’elle devient elle-même le personnage du film.
  • Case départ : pas de tâche mais un high concept encapsulé dans un mystère qui fait tenir le spectateur jusqu’au bout pour savoir comment les deux aventuriers vont rentrer chez eux. ▲

Bien évidemment, ces commandements sont issus des règles de base de la dramaturgie (je n’invente rien) et doivent permettre avant tout de fonctionner comme une mini check-list pour vous aider à améliorer l’efficacité de vos scénarios. Leur hiérarchie est purement formelle et chacun est libre d’y apporter sa contribution. N’hésitez donc pas à nous faire part de toutes vos remarques afin d’en discuter ensemble. J’espère que ces derniers commandements du scénario vous aideront à écrire de beaux projets, j’attends vos commentaires et/ou suggestions pour améliorer cette check-list sacrée ;o) Merci de m’avoir suivie et à bientôt !

Michèle Bernier se loupe sur TF1 dans Injustice

Ces derniers temps comme une mode, le nom de Michèle Bernier était partout. Cette dernière avait incarné une mère de famille courage et moderne dans La smala s’en mêle, la nouvelle série de 90′ qui cartonne sur France 2, ainsi qu’une femme juge d’instruction dans Injustice, une nouvelle série policière de TF1. Bilan ? F2 joue encore tandis que TF1 abandonne.

Le pitch : Injustice, mini-série de 2 x 52′, avait fait son apparition le 7 juin 2012 à 20h50 sur la première chaîne. Michèle Bernier y incarnait Marie Valmont, une ancienne femme flic devenue une juge d’instruction un peu particulière, qui aime l’enquête sur le terrain et qui n’hésite pas à se mouiller et à prendre des risques contre sa hiérarchie parfois pour que justice soit faite. Elle devait, dans le premier épisode, prouver l’innocence d’un condamné, en rouvrant une affaire classée. Bien. Quand le juge est une femme, et que le concept est faible, encore une femme (cf. ma brève Le syndrome de la fiction française : des séries low concept centrées sur les femmes), ça ne sent pas bon l’innovation.

Pour ne pas faire comme Injustice et vous exercer à rendre vos pitchs plus « catchy », n’hésitez pas à vous reporter au pack dédié de la formation socle et travaillez le one liner de vos scénarios.
C’est surtout que ce n’est pas le but recherché ici. Nous voyons bien que TF1 joue ici la concurrence frontale avec France 2 (ou bien est-ce l’inverse ?). Dans tous les cas, les audiences n’ont pas vraiment été à la hauteur :

  • Le premier épisode avait réuni 6,2 millions de téléspectateurs, avec 24 % de pda. En moyenne, les 2 épisodes avaient rassemblé 5,6 millions de téléspectateurs, avec 23 % de pda plaçant TF1 en tête des audiences de la soirée.
  • Cependant, TF1 n’a pas communiqué sur le score décevant réalisé auprès des ménagères, qui avaient préféré ce soir-là Patron incognito sur M6, qui était arrivé en tête auprès des moins de 50 ans, avec 22% de pda.

On se disait bien aussi qu’une actrice ne pouvait être à la fois identifiée sur deux chaînes concurrentes en même temps.

Est-ce le concept de TF1 qui est moins fort ?

Coïncidence de calendrier, ou réelle volonté, le pitch de TF1 reprend les ficelles de toutes les séries policières que nous avons déjà vues et rentabilise bien le cachet de celle qui est partie pour durer en TV, nouvelle égérie fétiche des ménagères, identifiée comme telle par le diffuseur. Il faut croire que cela n’a pas suffi.
De son côté, le pitch de France 2 a au moins le mérite de s’atteler à un genre plus fédérateur, aka la comédie sociale où Michèle Bernier excelle. Erreur de casting, donc. Nous en revenons à la même analyse faite lors d’un précédent billet : Pourquoi TF1 a bu la tasse avec sa dernière comédie du lundi, qui nous montre qu’à lows concepts équivalents, les stars servent de vecteurs d’identification.
Pour en savoir plus sur la différence entre un low et un high concept, je vous renvoie à la masterclass Le high concept, ou comment vendre son premier scénario à un producteur.
Or, à part certaines stars multi-tâches, le public identifie ceux qui peuplent nos petits écrans dans des rôles précis. Verdict : Michèle Bernier n’est pas crédible, ou à son meilleur avantage en juge d’instruction, alors qu’elle l’est tout à fait, en mère de famille célibataire névrosée. CQFD. Cela ne veut pas dire que sa palette n’est pas large, ou qu’elle n’est pas bankable sur TF1, juste peut-être que l’écrin de la série policière préparée par la première chaîne n’était pas suffisamment fort pour lui permettre de s’imposer dans un autre registre que celui qui fait sa marque de fabrique. Il est donc tout à fait possible que Michèle Bernier fasse son apparition sur M6 dans un concept familial proche, comme par exemple, une mère de famille au caractère bien trempée, avocate spécialisée dans le divorce ou dans les cas dont personne ne veut, ou bien encore, une instit divorcée mutée en banlieue difficile ou au contraire en province profonde…. Bref, vous l’aurez compris, Michèle Bernier a un bel avenir en TV, mais pas forcément en dehors de ses rôles traditionnels… À moins bien sûr qu’on ne lui offre le rôle titre dans un high concept qui pourrait peut-être l’imposer dans un autre registre que celui de la comédie.
Pour construire des comédies hilarantes, n’hésitez pas à consulter la masterclass écrire et vendre la comédie : l’art de la comédie.
Qu’en pensez-vous ? Crédits : produite par Elephant Story et Gazelle et Cie, Injustice est une série créée par Isabel Sebastian, Laurent Burtin, Marc-Antoine Laurent et Stéphane Kaminka.

TF1 pompe un high concept de comédie de switch US et échoue en beauté

La comédie unitaire Moi à ton âge n’a pas fait pas le bonheur de TF1, pourtant l’affiche et le pitch high concept étaient séduisants : une mère célibataire, conseillère principale d’éducation dans le lycée de sa fille, une ado de 17 ans en pleine rébellion échangent leur vie et se retrouvent par magie l’une dans le corps de l’autre et inversement. Passé un moment de légitime panique, chacune doit apprendre à vivre dans la peau de l’autre…



Un high concept bien éculé fondé sur ce que les américains appellent la comédie de « switch », du nom éponyme de la comédie à succès de 1991, traduit en français par Dans la peau d’une blonde.
Pour en savoir plus sur la différence entre un low et un high concept, je vous renvoie à la masterclass vidéo Le high concept, ou comment vendre son premier scénario à un producteur.
Nous en avons eu un autre exemple avec Échange standard où deux copains d’enfance, l’un marié, sérieux, père de famille et l’autre, célibataire insouciant avaient échangé leur vie et que je vous recommande pour passer un bon moment DVD.

Un copiage assumé

Initiative intéressante donc de TF1 qui prenait un risque modéré tout de même pour son lundi comédie, quand on sait que le concept est en fait l’adaptation assumée (payée) d’un téléfilm allemand Zwei vom Blitz getroffen qui lui-même n’est autre que la reprise du célèbre film américain sorti en 1976, dont le remake avec Jamie Lee Curtis et Lindsay Lohan est sorti en 2003, intitulé Freaky friday. Comment alors expliquer ce manque d’intérêt ? On pourrait croire que les relations ado-adulte n’ont vraiment pas la cote en ce moment, cf. les déboires de Clash sur France 2. Ou bien s’agit-il d’une erreur de casting ? Il me semble que Michèle Laroque avait de quoi séduire les ménagères ? Résultats : un GROS FLOP pour TF1 qui a fini deuxième du podium et n’a attiré que 5,24 millions de téléspectateurs pour 19,4% de pda.

Comment diable expliquer cette contre-performance ?

Le thème était fédérateur, les acteurs bankable, et le sujet avait déjà marché plusieurs fois… C’est peut-être là qu’il faudrait creuser, quoique… Je ne résiste pas à faire un parallèle qui m’avait marqué à l’époque. Pour mémoire, M6 avait à peu près utilisé les mêmes ficelles avec son téléfilm Dans la peau d’une grande où Claire Keim tenait le rôle principal d’Olivia qui après quinze ans de coma, se réveillait dans le corps d’une adulte, avec sa mentalité d’ado. Ce pitch qui nous rappelle furieusement la comédie américaine
30 ans sinon rien
avait à l’époque cartonné sur M6, rassemblant 4,3 millions de téléspectateurs pour 16,2% de pda dont 23,2% sur les ménagères. Il s’agissait en octobre 2011 de la meilleure audience pour une fiction française depuis un an sur M6. TF1 rêvait d’un tel score, et peut-être s’il avait été atteint, nous aurions eu une série de 90′ dédiée où les scénaristes auraient ramé pour nous trouver une suite, en faisant intervenir les grands-parents par exemple, ou bien le switch aurait été de nouveau provoqué, etc. Mais apparemment, cette aventure restera sans suite.

Pour construire des comédies hilarantes, n’hésitez pas à consulter la masterclass vidéo écrire et vendre la comédie.

L’erreur de casting

Michèle Laroque n’est pas une actrice TF1, ni identifiée comme telle par le public. Le résultat aurait été différent avec une Michèle Bernier, mais cette dernière ne peut pas jouer tous les rôles du moment, cf. La Smala s’en mêle : paradigme de la comédie low concept à la française.

La Smala s’en mêle : paradigme de la comédie low concept à la française ?

La smala s’en mêle est l’une des nouvelles comédies de France 2 sur la case du mercredi soir. L’unitaire est d’ores et déjà décliné en série récurrente de 90′ qui pourrait revenir à hauteur de trois épisodes par an (sous réserves tout de même de bonnes audiences).

  • Justement, le premier épisode diffusé mercredi 18/04/12 a fait un CARTON : près de 6 millions de téléspectateurs (22,3 % de pda) et record d’audiences pour une fiction de la chaîne, toutes cases confondues, depuis Avril 2008.

Les épisodes 2 et 3 sont déjà écrits et leur tournage est prévu pour mai.

Le pitch : Michèle Bernier est Isabelle, une mère de famille bourgeoise, quittée par son mari le jour de leur vingt-cinquième anniversaire de mariage qui doit gérer le quotidien survolté de sa famille monoparentale composée de quatre enfants dont trois adoptés (la smala). Alors qu’elle n’a jamais travaillé de sa vie, elle accepte un emploi dans les pompes funèbres…

Pour la productrice et la direction de la fiction de France 2, la série est née d’une « envie de comédie tendre et légèrement transgressive ».

Pour les amateurs de ce blog, vous savez qu’en comédie, ce positionnement est risqué si vous voulez faire rire, car le rire nait d’une surprise franche (il n’y a pas de demie surprise) comme le résume le billet que j’y ai consacré rire et scénario : l’art de la comédie. D’ailleurs, la chaîne a calé le ton de cette série « quelque part entre une version moderne d’Une famille formidable et une version grand public de Weeds », bref encore une comédie low concept centrée autour d’une comédienne qui a déjà visité le sujet avec son spectacle Le démon de midi.

Il est d’ailleurs intéressant de noter la ressemblance avec le pitch du film éponyme sorti en 2004 : Michèle Bernier est Anne, que l’homme de sa vie, Julien, quitte après quinze ans de vie commune alors qu’ils ont un adorable petit garçon. Anne, d’abord détruite puis révoltée tente de se trouver elle aussi des amants et apprend à vivre avec sa nouvelle situation de mère célibataire, le tout avec humour.

Alors, est-ce que l’équation Michèle Bernier en mère célibataire + famille incluant la diversité + pompes funèbres vous motivera à aller regarder France 2 ? la réponse est OUI.

Autre question directement inspirée de cette ligne éditoriale : le choix de France 2 de favoriser ce type de pitch traduit-elle la volonté de la chaîne de concurrencer directement les fictions de M6 centrées autour d’un héros de proximité et accessoirement animateur phare de la chaîne comme Stéphane Plaza ou Valérie Damidot ? Certes, Michèle Bernier n’est pas animatrice sur le service public, mais elle a un potentiel d’adhésion populaire fort et une personnalité en phase avec ce que vivent les ménagères d’aujourd’hui (selon les dernières statistiques). Le pari de la chaîne a donc été gagnant et installe dorénavant je pense cette série en 90′ sur les écrans pour plusieurs années.

Crédits : La Smala s’en mêle est une comédie créée spécialement pour Michèle Bernier, écrite sur une idée originale de Valérie Tong Cuong – Scénario de Pascale Mémery et Jeanne Le Guillou, réalisée par Didier Grousset et produite par Laurence Bachman (Barjac production, filiale de Telfrance) avec Michèle Bernier mais aussi Thomas Doucet, Rémi Yen, Mariama Gueye, Marc Grosy et Julie de Bona.

Pour en savoir plus sur la différence entre un low et un high concept, je vous renvoie en outre à la masterclass Le high concept, ou preparer un sprint d’écriture pour trouver un concept fort.

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