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ScriptDoctor.frBlog du scriptdoctorécrire une bible et un scénario de série tv

écrire une bible et un scénario de série tv

Vers une délocalisation massive de la production française ?

L’industrie cinématographique et audiovisuelle va mal. Ce n’est pas moi qui le dis mais l’Observatoire « Métiers et Marchés » de la Ficam, la fédération des industries techniques du cinéma, qui vient de publier un rapport inquiétant.

Les faits :

  • Concernant les industries techniques de productions de films de long métrage (cf. l’article sur l’accueil des tournages à Paris), la FICAM constate (sur déclaration de ses adhérents entre le 1e janvier et le 30 juin de l’année en cours) :
    • Une augmentation globale des tournages de long-métrages : la production totale de longs-métrages est en hausse de 25% comparée à la même période sur 2011, boostée par la présence des documentaires (20 en tournage sur les six premiers mois de 2012, contre 9 en 2010 et en 2011).
    • Une délocalisation croissante hors des frontières de l’Hexagone, principalement dans les pays européens voisins : 69% des films à plus de 10 millions d’euros d’initiative française ont été ou se tournent actuellement hors de France (contre 45% au 1er semestre 2011), 35% en moyenne sur l’ensemble des productions (contre 23% pour la même période en 2011).
    • Une augmentation de 11% des budgets des films mis en production au 1er semestre 2012 par rapport à 2011.
    • Une diminution de 26% du nombre de films dont le budget est situé entre 4 et 7M € de budget.
    • Les pays qui accueillent les productions françaises sont en majorité des pays voisins : La Belgique pour Landes de François-Xavier Vives, Une place sur la terre de Fabienne Godet, L’Ecume des jours de Michel Gondry ; l’Allemagne pour La Religieuse de Guillaume Nicloux, le Luxembourg pour Arrêtez-moi de Jean-Paul Lilienfeld…
    • Les caméras numériques sont utilisées sur 83% des projets.

    Conclusions : la pente n’était pas nouvelle, mais ces taux du premier semestre sont les plus importants de ces cinq dernières années et viennent confirmer le manque à gagner considérable que perd notre industrie nationale chaque année. Non seulement, l’industrie française cinématographique ne bénéficie pas de sa croissance (+25% quand même !) mais elle la perd au profit de pays limitrophes qui lui font bénéficier d’avantages fiscaux plus avantageux. Par ailleurs, l’écart semble se creuser entre des grosses productions (dont le budget est supérieur à 10 M€) qui cherchent à rentabiliser leur financement (- de CNC, plus de fonds propres et de préachats de chaînes) et les petites (-de 4M€) qui restent sur le modèle d’un financement plus subventionné. La tendance de fond est tout de même à l’économie générale et donc à la recherche de coupes budgétaires que les productions de films viennent chercher hors de l’Hexagone sur des packages moins couteux en matériel (caméras numériques) et en masse salariale (décors et techniciens étrangers). Paradoxalement, l’industrie cinématographique a trouvé un relais de croissance à l’étranger.

  • Concernant les industries techniques de production de films de fiction unitaires et de séries télévisées, l’Observatoire « Métiers et Marchés » de la Ficam constate auprès de ses adhérents entre le 1er janvier et le 30 juin de l’année civile :
    • Une baisse du nombre de semaines de tournage en France de 23% à son plus bas niveau historique en cinq ans tandis que le nombre de semaines de tournage à l’étranger fait un bond de 64%.
    • Une multiplication par quatre des délocalisations qui concernent surtout les coproductions internationales : Odysseus (Arte) au Portugal, XIII saison 2 (Canal+) au Canada, Borgia saison 2 (Canal+) et l’unitaire Manipulations (France 2) en République Tchèque, Tout doit disparaître (France 2) et Radin (TF1) en Belgique.
    • Des différences notables du volume horaire produit en fonction des différents formats TV :
      • Une baisse des durées de tournage des formats courts pour un volume horaire plus important (plus de formats courts avec une rationalisation du temps de tournage). L’expérience gagnée sur Scènes de ménage se poursuit avec En famille produit par le même producteur (Kabo) pour M6, tandis que TF1 monte en puissance avec Nos chers voisins.
      • Un volume horaire des fictions de 52’ en baisse de 10% corrélé à une baisse de 16% du nombre de semaines de tournage (moins de tournages qui durent encore moins longtemps).
      • Les tournages d’unitaires de 90’ sont en baisse de 34%.
      • Le format de 26′ s’envole avec un nombre de semaines de tournage qui passe de 65 semaines en 2011 à 100 en 2012 (+35%), concernant entre autres les nouvelles séries C’est la crise (Anne Roumanoff pour la chaîne câblée Comédie), Zak (Orange Cinéma Séries) et Lignes de vie (France 2).
    • 99% des tournages sont en numérique.
  • Conclusions : Un volume horaire de fiction française qui baisse de façon globale donc, surtout sur les unitaires, les chaînes se reportant massivement sur des formats plus courts et moins couteux (26′ et formats courts) sur des formats sériels qui permettent en plus d’abaisser les coûts de production. Par ailleurs, tandis que les séries de 52′ sont sur une pente descendante, s’il y a productions de prestige, ces dernières se reportent sur le modèle financier cinématographique en se délocalisant à l’étranger (cf. modèle économique des coproductions internationales) pour dégager des économies d’échelle.

Que retenir ?

Le modèle français de production de fiction qui reposait sur un coût horaire élevé financé à 90% par les diffuseurs est en train de voler en éclat et les dégâts collatéraux touchent surtout la fiction TV. Tandis que l’industrie cinématographique (en forte progression) se scinde entre deux modèles de production avec d’un côté, un cinéma d’auteur à petit budget subventionné et non rentable et de l’autre, un cinéma à vocation plus internationale avec des films commerciaux financés en coproduction hors du territoire national, la fiction TV regresse, elle, de manière générale et tente de se rattrapper avec le low cost (cf. le nouvel eldorado des formats courts) et la coproduction internationale pour limiter la casse. Dans les deux cas, l’industrie globale de la filière audiovisuelle semble s’appauvrir. Qu’en pensez-vous ?

Inquisitio : enfin une série de F2 qui marche ?

Après des déconvenues cette année avec des séries qui ont fait un four et dont j’ai longuement parlé sur ce blog, cf. Antigone 34, Clash, etc., il est temps aujourd’hui de retrouver un peu d’excitation avec le gros projet de France 2, Inquisitio, fiction historique à gros budget du groupe France Télévision qui fait enfin remonter les audiences de la chaîne publique.



Quatre ans de préparation, cinq mois de tournage, huit épisodes de 52 minutes, la saga de l’été de France 2 est une série ambitieuse au potentiel fédérateur fort. Forgée comme un Nom de la Rose, France 2 a fait le pari d’investir (décors naturels, photo soignée) pour donner les meilleures chances à son thriller médiéval construit autour d’un personnage central, le Grand Inquisiteur, d’intéresser toute la famille. Et ça marche :

  • Le pilote De Viris : Des hommes s’est imposé devant 4,3 millions de curieux, soit 17,2% de pda. Le deuxième épisode, Docendi et iudicandi : D’enseigner et de juger a retenu près de 3,9 millions de fidèles, soit 16% de pda. Sur l’ensemble de la soirée, France 2 arrive en tête des audiences (cocorico) profitant du flop monumental de TF1 qui lançait la série Smash produite par M. Spielberg.
  • Pour une fois, c’est TF1 qui se retrouve avec les audiences de sa concurrente : à la quatrième place du podium, la comédie musicale n’a attiré que 2,7 millions de sériephiles (10,8% de pda), puis environ 2 millions de téléspectateurs sur les épisodes suivants (9.1% puis 12.5% de pda). La semaine prochaine, TF1 devrait jouer une autre carte (Les Experts, au pif ?) en prime (tremble Inquisitio…) et remettre Smash en seconde partie de soirée.

Rappel du pitch d’Inquisitio : à la fin du XIVe siècle (1370), en plein Grand Schisme pendant l’inquisition, nous suivons le destin de Guillermo Barnal, grand Inquisiteur qui cache un lourd secret de famille. Ce borgne sans pitié enquête sur les meurtres de prêtres retrouvés crucifiés devant leur église. Tournée entre mars et juin 2011 dans le Vaucluse, l’histoire de l’Église catholique, scindée en deux lors du Grand Schisme d’Occident avec un pape, Clément VII qui vit à Avignon et le second, Urbain VI resté à Rome, permet de servir d’arène puissante à ce thriller romanesque sur fond de peste noire.

Le casting est alléchant bien que sans réelle tête d’affiche : Aurélien Wiik (Frontières, L’Épervier) est un jeune médecin juif veuf et père de famille face à Vladislav Galard, le Grand Inquisiteur au service du pape d’Avignon. Ils sont entourés de Annelise Hesme, ravie d’incarner une sorcière, Hubert Saint-Macary, Philippe Laudenbach, Philippe Duclos, Quentin Merabet, Olivier Rabourdin…

Duo : quand F2 jette ses séries à la poubelle

A-t-on raison de s’indigner sur la diffusion poubelle de Duo, une comédie policière de 6 x 52′ qui n’a pas séduit les dirigeants de France 2 (qui l’ont pourtant financé à hauteur de 5 millions d’euros) et qui se réveillent avant la fin des droits de diffusion pour la programmer entre 23 heures et minuit trente, après trois rediffs de Cold case à l’été 2012 ?


Pour ceux qui n’auraient pas suivi, Duo dont j’ai déjà parlé ici dans un précédent billet consacré à la ligne éditoriale de France 2, est une série policière française écrite par Frédéric Krivine (P.J., Un village français) et réalisée par Patrick Volson en 2008, qui n’a pas convaincu les dirigeants de la chaîne, d’où sa mise au placard pendant toutes ces années, et qui ressort des tiroirs de France 2 au moment où les droits de diffusion vont retomber.

Le pitch : Gabriel, un flic adolescent attardé et célibataire, doit collaborer avec Carole, une gendarmette mariée, mère de famille dont le mari, Jean-Louis, un jaloux obsessionnel est aussi le juge de leurs enquêtes. Gabriel est aussi le fils adoptif du maire de la ville, Max, un parrain de la mafia locale. Gabriel obtient via son père des infos décisives pour faire avancer ses enquêtes tandis que Max se sert de Gabriel pour régler ses comptes avec ses concurrents. L’unité de Gabriel et Carole contient un troisième larron, Gédéon, expert du fisc, as de l’informatique, 12 ans d’âge mental, qui aime un travesti prostitué auquel il espère payer une opération pour en faire une honnête femme et est dirigée par Axel, un flic incompétent entiché d’une journaliste pour laquelle il est prêt à planter toutes leurs enquêtes.

Vous avez ainsi toutes les lignes narratives de la série… plus comique que policière a priori.
Pour vous exercer à rendre vos pitchs plus « catchy », n’hésitez pas à vous reporter au chapitre dédié de la formation high concept et travaillez le one liner de vos scénarios avec un high concept.

  1. Première question : si une chaîne n’assume pas ou plus un programme, n’est-il pas de son droit de ne pas le diffuser ? Or, ce qui me choque ici, c’est cette diffusion bâtarde, à une heure où il n’y a pas d’audiences, comme si France 2 ne se résolvait pas à liquider les 5 millions d’euros qui sont pourtant perdus depuis de nombreuses années. Si la chaîne publique ne croit pas en ce programme, pourquoi le diffuse-t-elle quand même ? Aurait-elle peur qu’une autre chaîne prenne le risque de s’y intéresser et d’en faire un improbable succès d’audience, alors qu’elle aurait financé à perte le projet ? N’a-t-elle pas confiance en son propre jugement ?
  2. Deuxième question : Duo n’est pas la première série à être sacrifiée pour des motifs politiques, la nouvelle direction ne validant plus les choix faits par ses prédécesseurs… Pourquoi donc ne pas l’assumer comme tel ? C’est que sur le service public, 5 millions jetés à la poubelle, ça fait un peu mal par là où ça passe… hein ? Et puis, sur quels critères ? La série a connu de sa commande à sa livraison pas moins de quatre Directions de la fiction, mais ce qui l’aurait tuée, ou finie d’enterrer serait un panel d’une quinzaine de téléspectateurs fans de séries américaines… Ils auraient visionné les deux premiers épisodes et crié au scandale (en 2009), pour une fois qu’un motif réel et sérieux viendrait appuyer un choix éditorial… Le problème est qu’aux U.S. justement où la pratique est connue, ces panels (ils sont donc plusieurs) ne viennent pas invalider une décision de chaîne (du moins rarement), mais plutôt tester un mixage final ou une décision artistique sur tel ou tel angle de l’histoire, etc…

    Le Marketing est-il donc ce qui a tué Duo ou la pire excuse donnée par une Direction de la Fiction pour jeter une de ses séries ?

    Les créateurs et le producteur ont de quoi s’indigner : la version donnée à voir était non étalonnée, non mixée et sans musique… oui mais, et alors ? Quand c’est mauvais, c’est mauvais, non ?

  3. Troisième question : Duo est-elle pire que Trafics, Antigone 34, ou encore Clash dont nous avons discuté ensemble des plus-values qualitatives ? J’ai ainsi appris qu’une deuxième étude marketing aurait été effectuée par la production, sous le contrôle de France 2, montrant cette fois un retour positif des téléspectateurs-testeurs sur un deuxième épisode, d’ailleurs France 2 avait commandé, dans un premier temps, l’écriture de la suite… Sous prétexte d’un mauvais pilote, peut-on sacrifier cinq épisodes moyens ?

La réponse est oui évidemment… Pourquoi chercher des raisons de plus pour tuer la bête ? Sans doute, Duo n’est pas la pire des séries, enfin, pas pire que celles que France 2 nous a servies en prime time et qui ont fait des scores catastrophiques. Mais est-ce une raison pour redorer son blason et demander à la voir diffuser avec les honneurs ?
Vérifiez ce qui n’a pas marché dans Duo avec le cours écrire et vendre une série tv.

Elle méritait certainement une case en 2009, mais France 2 en a décidé autrement en 2012…

Il est évident que Duo a été sacrifiée pour de mauvaises raisons, et les auteurs ont en effet le droit de s’en indigner, mais qui a pensé aux téléspectateurs ? 5 millions d’euros perdus, c’est immoral en ces temps de crise, et cette série gâchée vient nous montrer qu’il y a vraiment quelque chose qui ne va pas sur le service public à son plus bas historique dans les audiences…
Récemment, M6 a même réussi l’exploit de passer devant France 2 sur la semaine du 18 au 24 juin 2012 avec 13,6% de pda globale contre 12,6%. France 2 ne semble plus capable de diffuser des séries qui rencontrent leur public, à part quelques exceptions comme Fais pas ci, fais pas ca.

Il est vraiment temps qu’une réflexion globale s’engage pour essayer de remédier à ce type de tragédie sur le service public dont Duo est un bon exemple. En ces temps de disette budgétaire, il est impensable de se laisser le luxe de jeter des millions d’euros à la poubelle sous prétexte qu’on n’est pas capable de mener un process d’écriture de façon cohérente, sur des choix artistiques assumés de bout en bout.
Qu’en pensez-vous ? Autre question : l’analyse aurait-elle été différente sur une chaîne privée comme TF1 ?

Essor des coproductions internationales : quel avenir pour les scénaristes tv français ?

Toutes les chaînes s’y mettent : TF1 vient de signer un accord en ce sens avec EuropaCorp, France 2 s’y emploie avec une nouvelle direction dédiée, M6 aussi et surtout Canal+ qui n’envisage plus que ce mode d’organisation pour la production de ses séries. Mais qu’est-ce que ce mot à la mode cache et quelles en sont les conséquences pour nous les auteurs ?


La copro internationale, réservée traditionnellement aux grosses productions de prestige ces dernières années, est devenue incontournable aujourd’hui dans le langage de tous les diffuseurs. C’est surtout que cela fait un bon bout de temps que l’audiovisuel connaît ce genre de montage : un scénariste italien, des décors allemands, des acteurs français, chacun tournant dans sa langue puis le tout était doublé dans la langue de chaque pays partenaire et le tour était joué.

Toutes les grandes fresques historiques de ces dernières années s’étaient construites sur ce modèle, on pense à Napoléon sur France TV, ou encore Le Comte de Monte Cristo sur TF1 (ces deux fictions ayant été produites par GMT côté français -groupe Lagardère mais nous y reviendrons). Aujourd’hui, comme le dit Bertrand Méheut, le grand patron de Canal+, dans la presse « une fiction chez les chaînes traditionnelles coûte en moyenne 700 000 euros de l’heure à fabriquer (NDLR : sur le service public). Nous, nous sommes déjà au-dessus d’1 million d’euros par heure (NDLR : niveau partagé par TF1 sur les unitaires)(…) Les standards américains sont à peu près de 2 millions d’euros par heure. Pour les atteindre, nous devons faire des montages de coproduction avec des partenaires étrangers afin de pouvoir diffuser ces fictions en France à un prix raisonnable. Nous l’avons fait avec Borgia et nous souhaitons continuer dans ce sens ».

La messe est dite.

Le PAF rêve de faire des grosses séries à l’américaine

Le mot n’est plus tabou car sur ce modèle principalement économique, les chaînes visent le marché international en partageant les coûts. Tout le monde semble y gagner : le spectateur français peut s’enorgueillir de voir des productions de meilleur niveau, et les diffuseurs de se voir enfin ouvrir le sésame des ventes à l’export, tant au niveau de la reconnaissance artistique que financière (finie les ventes limitées à la Suisse et à la Belgique et aux quelques pays francophones intéressés par la fiction hexagonale). Oui, mais… Est-ce encore de la fiction française ?

Quand France Télévision s’associe à la BBC pour Death Paradise créée par Robert Thorogood, produite par Atlantique Productions (filiale du groupe Lagardère), la société de Takis Candilis, et au Canada pour Jack of Diamonds écrite et produite notamment par Peter Hume avec une équipe franco-canadienne, je ne suis pas sûre que les talents français d’écriture soient majoritaires, surtout lorsqu’il s’agit de rédiger directement dans la langue de Shakespeare.

Le scénariste français est sacrifié sur l’autel de la rationalisation économique

Les diffuseurs pour le coup (ou devrais-je dire le coût) sont prêts à la dilution de leurs pouvoirs. Pour preuve, reprenons l’exemple de Borgia dont Canal + est si fier. Si la chaine a réussi à allouer une somme de 25 millions d’euros pour 12 épisodes, ramenant le budget moyen à quelques deux millions d’euros, le fameux standard américain, c’est qu’elle n’y a mis que 5 à 600 000 euros : soit 50% de moins que ce qu’elle aurait dû si elle avait produit seule sur une facture purement nationale, soit donc seulement 25% du budget global. A ce prix là, elle veut bien abandonner le leadership artistique et se faire plaisir en assumant une série écrite en langue anglaise par un scénariste américain auréolé de gloire à qui elle a, de toutes les façons, donné carte blanche !

C’est aussi ce que pense le producteur français qui a aidé à bâtir la copro, Takis Candilis de nouveau. Et il a eu raison : le pari de la chaîne cryptée a pour le moins été gagnant, sa série a explosé tous les compteurs d’audience et lui a permis de rivaliser avec The Borgias écrite par Neil Jordan pour Showtime, la chaîne américaine concurrente de HBO, à qui Canal+ achète le non moins rentable Dexter. Échange de bons procédés.

Que faire alors quand on voudrait pouvoir écrire à l’américaine avec un budget conséquent ? Les scénaristes français n’ont-ils pas leur place dans une copro internationale ? On peut reprendre l’exemple de Canal+ qui se défend de ne pas employer le talent français à l’écriture, en confiant l’écriture de Grand Hotel,

une nouvelle copro internationale de prestige coproduite et écrite par Sam Mendes, assistée de Virginie Brac (Engrenages) et David Wolstencroft (MI-5). Mais pour une scénariste française, combien d’autres ateliers d’écriture purement étrangers chez Canal+ : Le vol des cigognes et La Patrouille Perdue/The Lost Patrol, 2 séries produites en collaboration avec la société de Luc Besson, EuropaCorp TV (ex-Cipango) ont démarché ou démarchent des scénaristes célèbres américains et britanniques pour des séries tournées en anglais. Enfin, un dernier projet de Canal+, Pharaoh, développé en partenariat avec Tetra Media Fiction est une série créée par l’américain John Milius déjà créateur et producteur exécutif de Rome.

TF1 ne déroge pas à la règle et se cale sur le même modèle avec les mêmes producteurs. La première grande coproduction internationale du groupe se fait grâce encore à Takis Candilis (Atlantique Productions) qui lui a apporté sur un plateau « une série policière ambitieuse » tournée en langue anglaise et créée par René Balcer (New York Police judiciaire, New York Section criminelle) avec Jean Reno en acteur principal comme l’évoquait Françoise Ménidrey dans sa critique du PAF français et d’acteurs moins bankables qui n’hésitent plus à se reconvertir en TV. D’ailleurs, TF1 a signé pour une première saison de huit épisodes (2 millions d’euros de budget moyen) où elle met elle-même 900.000 euros par épisode en pré-achat, alléchée par les possibilités de vente à l’international, secteur de croissance identifié suite à ses récents déboires.

TF1 a aussi annoncé qu’elle allait produire d’autres séries internationales tournées en langue anglaise qui seront diffusées sur TF1 et vendues sur le marché mondial en partenariat avec EuropaCorp TV pour attirer une audience plus large. Pour le moment, les projets développés ne sont pas connus.

Que retenir ?

  • Premier constat : en tant que scénariste français, vous savez à qui envoyer vos projets de séries internationales (seuls les grands groupes comme Lagardère, Europacorp, et dans une moindre mesure Capa, ou Tetra Média en sont capables), et que vous avez peu de chances de rester à bord du projet, qui aura toujours besoin d’un grand nom du scénario étranger pour se faire.
  • Deuxième constat : si la coproduction internationale permet à la France de sortir de son isolement relatif (qu’elle a contribué à créer elle-même) et de pouvoir produire enfin à un coût de revient acceptable tout en industrialisant la filière audiovisuelle, la fiction française y perd aussi son âme en perdant la direction artistique.
  • Troisième constat : si les américains sont parvenus à industrialiser une fiction d’auteurs, c’est bien là surement, la prochaine piste de réflexion que doit suivre la fiction française si elle ne veut pas devenir un produit de grande consommation sans goût et sans saveur.

Espérons que l’expérience amène nos diffuseurs et producteurs à reconsidérer les leviers qu’ils sont prêts à lâcher pour abaisser leur coût. Qu’en pensez-vous ?Ne vous laissez pas décourager et apprenez vous aussi à créer une série avec le cours écrire et vendre une série tv.

À qui envoyer vos projets de fiction chez TF1 ?

Que se passe-t-il chez TF1 ? Alors que le cours de bourse chute, les fictions TV du groupe ne se sont jamais aussi bien portées… La baisse de la part d’audience globale, la chute des recettes publicitaires, le départ de Laurence Ferrari du JT, ne semblent pas concerner la création audiovisuelle. Pour nous auteurs, c’est donc un paradoxe intéressant à analyser pour comprendre quoi proposer à la chaîne leader du PAF.

Le groupe TF1 détient à fin 2011, une chaîne généraliste (TF1) et 14 chaînes thématiques (TMC, LCI, Eurosport France, Série Club, TF6, etc.). Il développe parallèlement des activités de régie publicitaire, de télé-achat, de co-production cinématographique et audiovisuelle, de vente de licences de marques d’émissions (Ushuaïa, Koh Lanta, etc.), d’édition de jeux, de magazines, etc, mais cet équilibre financier apparaît aujourd’hui menacé. En effet, les bouillons d’audiences se multiplient (pensez donc que le JT de TF1 est rattrapé dangereusement par celui de France 2) et qui dit recul de la part d’audience, dit baisse des tarifs publicitaires, dit perte de la suprématie si longtemps détenue. TF1 pourrait-elle alors redevenir une chaîne comme les autres ?

Quand Martin Bouygues, le PDG du groupe de BTP propriétaire de TF1, s’investit personnellement dans le recrutement du nouveau présentateur du JT, c’est que les choses vont mal : comment enrayer la chute continue des audiences (de 30% à 23% entre 2006 et 2012) et par ricochet, celle du cours en Bourse (de 28 euros à 5,90 euros entre 2008 et 2012) ? Surtout que l’on sait bien que TF1 est une chaîne au fonctionnement très conservateur, où beaucoup de collaborateurs ont au moins vingt ans de maison et qu’elle est rétive au changement, paralysée devant le moindre écart éditorial. Simple malaise du leader qui prend de plein fouet la concurrence, ou crise plus large de l’ensemble de l’audiovisuel ?

La ligne éditoriale pour 2012-2013

Un peu des deux sans doute : l’arrivée des nouveaux acteurs perturbent le jeu traditionnel, on pense aux nouvelles chaînes de la TNT, à l’information avec le primat du hard news de BFM ou i-télé, mais aussi aux droits sportifs, sérieusement attaqués par la chaîne Bein Sport d’Al-Jazira ; ce qui explique paradoxalement que la fiction française ne soit pas encore touchée. Les nouveaux acteurs TNT et même du câble (Orange par exemple) n’en produisent qu’à des doses infinitésimales, et les concurrents traditionnels restent sur leur position cf. mon billet sur À qui envoyer vos projets de fiction à la rentrée chez France Télévision ? Du coup, la fiction TF1 se porte relativement bien sauf exception.

Les comédies du lundi restent leader, après Camping Paradis ou Vive la colo !, nous en avons eu encore un exemple avec les estivants d’À dix minutes des naturistes qui ont offert cette semaine à la chaîne privée la première place des audiences comme d’habitude avec 6,74 millions de téléspectateurs (25,6% de part de marché auprès de l’ensemble du public, et 26% sur les ménagères). De même pour le cinéma où les films français performent tranquillement, ce qui incite la chaîne à poursuivre son investissement : près de 45 millions d’euros pour une vingtaine de films français avec un investissement moyen de 2 millions d’euros et une ligne éditoriale spécifique.

Chaîne populaire et familiale, TF1 cherche surtout à investir sur des films qui ne soient pas segmentant, qui plaisent à un public féminin mais aussi à toute la famille. De ce fait, la moitié des films coproduits par TF1 sont des comédies mais tous les films ont l’ambition de réunir au moins 1 millions de spectateurs en salles et de pouvoir attirer un large public en prime-time. Ceci expliquant cela. Pour la fiction, même combat, l’ambition est aussi de rassembler pour capter la plus grosse part du gâteau sur des héros transgénérationnels plus ou moins lisses, capables de rassembler et d’émouvoir.

À peu de choses près, la même que les années précédentes : créer des rendez-vous avec le public dans la durée pour les séries, ainsi que des événements plus ponctuels sur des mini-séries ou des unitaires tout en surfant sur les nouveaux formats avec la création d’un feuilleton quotidien, des formats courts comme je vous le précisais dans mon dernier billet le nouvel eldorado pour rassembler la famille en prime time.

En dehors des événements, des formats courts, et du soap, deux cases indéboulonnables restent figées

  1. le lundi comédie avec des fictions familiales, des héros attachants, de l’émotion, de l’amour, des voyages et du rêve, de la fantaisie sans trop d’impertinence.

    Pour exemple, on peut se référer à des séries de 90′ comme Une famille formidable (Panama Productions), Joséphine ange gardien (DEMD), Camping Paradis (JLA), Clem (Telfrance) à qui j’avais consacré un billet sur cet unitaire devenu Clem, la série, mais aussi en 52′ avec des séries plus récentes sur des cibles plus « quadra » comme Vive la colo ! (Marathon, projet « greenlighté » pour une saison 2), Doc Martin (Ego Productions pour une saison 2), ou encore Mes amis, mes amours, mes emmerdes (SAMA Productions pour une saison 3).
  2. Sur la case du Jeudi policier, on retrouvera des séries et des mini-séries qui impulsent un rythme et accentuent la tension sans brusquer. Ces séries doivent être des rendez-vous saisonniers avec des héros charismatiques, impliqués, ténébreux ou lumineux, mais rassurants et familiers. Bref, la une peut compter sur des vieilles marques qui ont fait leurs preuves comme Section de recherches (Auteurs et associés qui a rempilé pour une saison 8) et à qui j’avais consacré un billet pour illustrer la fin de la crise de la fiction française, ou encore R.I.S police scientifique (TF1 Production – Saison 7), Julie Lescaut (GMT), mais aussi des créations plus récentes en 52′, toujours sur le même moule avec un peu plus d’angoisse et de modernité dans les thématiques pour séduire une cible plus jeune (pour rappel, la moyenne d’âge du téléspectateur de TF1 est de 49 ans, contre 61 ans pour France 2) avec Flics (GMT), Profilage (Beaubourg audiovisuel – saison 3), Interpol (TF1 productions – saison 2).

    Enfin, une petite place est laissée à des séries policières plus légères (comédie policière light) comme Les Virtuoses (GMT), ou encore Affaires étrangères – Cuba (Les films de l’astre).

Ainsi, si TF1 s’est adapté aux différents bouleversements qu’elle a dû subir en modifiant ses stratégies initiales (notamment en jouant sur la multitude des chaines qu’elle offre, et en diversifiant ses services), elle reste sur ses positions sur la fiction.

Leader du genre, avec des séries devenues des marques phares, l’objectif est aujourd’hui de rester sur le même cap tout en industrialisant la filière. C’est tout à fait possible pour les séries longues (le soap, le format court par exemple), qui permettent de faire baisser les coûts jusqu’à 30% par rapport à une fiction unitaire dont le modèle est celui du cinéma. Les séries comiques et policières assurent ainsi le succès du groupe, qui s’il a un jour envisager d’arrêter Section de recherche ou Julie Lescaut en a recommandé de plus belle au vu de leurs dernières audiences.

Apprenez vous aussi à créer une série avec la masterclass vidéo écrire et vendre une série tv.
Vous savez maintenant à qui envoyer vos fictions si vous voulez travailler pour TF1. Motivés… ? Qu’en pensez-vous ?

Format court : nouvel eldorado de la fiction française ?

Après les succès de Un gars, une fille, Kaamelott, Bref et face au succès phénoménal de Scènes de ménages sur M6, l’ensemble des chaînes se met dorénavant au format court, nouveau graal capable de porter une image de marque positive tout autant que fédérer toute la famille sur des nouveaux RDV faciles à programmer. Mais voyons plus loin…

Toutes les chaînes s’y mettent

  • TF1 se jette cette année dans l’aventure avec Nos chers voisins,

    programme court réalisé par Gérard Pautonnier (Caméra Café, Samantha, Oups…) et Stéphane Kopecky (Off Prime, Scènes de ménages…), diffusé du lundi au vendredi à 20h40 depuis début juin. La série s’immisce dans le quotidien d’un immeuble et raconte, avec humour, la vie de ses habitants et leurs relations de voisinage. TF1 mise ainsi sur le thème fédérateur des voisins, tandis que M6 est sur le couple, et Canal+ sur le quotidien : quelques minutes pour séduire les téléspactateurs et les faire rester sur la chaîne.
  • M6, de son côté embraye sur une autre série avec En famille, à partir du 25 juin, pour remplacer Scènes de ménages pendant l’été.

    Cette série raconte l’ensemble des joies et des problèmes liés à la vie de famille. C’est une succession de tranches de vie qui explore les rapports intergénérationnels. Chaque personnage y témoigne de manière très subjective sur ses relations avec les autres membres de la famille entre les grands-parents, leurs filles et les petits-enfants. Si le succès est au rendez-vous, la série a vocation à devenir une série régulière, diffusée en rotation avec Scènes de ménages.
  • France 2 s’y est aussi lancée plusieurs fois, notamment avec Vestiaires en 2011, une série en format court qui a abordé le sujet du handicap.

    La série proposait une immersion dans le monde du handisport, sous forme de comédie satirique et décalée. Romy et Orson, deux nageurs handicapés, se retrouvaient chaque semaine pour leur entraînement, et nous faisaient partager leur vision du monde pleine d’humour et de dérision. En moyenne, 1,5 million de personnes ont suivi Vestiaires. Une deuxième saison est prévue.
  • En dehors de Bref, Canal+ mise également sur Lascars, une série de 12 x 13 minutes, librement adaptée du long métrage d’animation, Lacars et qui sera à l’antenne à partir du 8 juillet 2012 sur la chaîne qui diffusera trois épisodes par soirée chaque semaine vers 22h20.

    Les lascars en question sont des potes inséparables, Jo, Polo, Malik et Barkette qui ont grandi ensemble dans le même quartier de Condé-sur-Ginette. Au cœur de la culture de la vanne, des bastons de regards et des gros mythos, ils emménagent ensemble, bien décidés à profiter de la good life qui s’offre à eux.
  • Arte va également se lancer dans le mini-format, avec trois projets. Premier projet, La minute vieille est une série de 41 épisodes d’une minute, où des mamies racontent des blagues salaces.

    Elle démarrera début juillet 2012, programmée à 19h45, juste avant le JT.

Et vous, qu’en pensez-vous ?
Pour tout savoir de l’écriture du format court, que ce soit en unitaire ou en série, n’hésitez pas à vous reporter à notre masterclass vidéo dédiée Ecrire et vendre le format court. A bientôt et n’hésitez pas à commenter.

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