Séries Mania, Canneséries... les festivals se livrent désormais une guerre acharnée pour attirer les professionnels. Quid de Série, séries ?.
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Il n’existait pas moins de 5 festivals de série en 2018 :
- Biarritz : 31e Festival de la création audiovisuelle internationale (23-28 janvier)
- Luchon : 20e Festival des créations audiovisuelles (7-11 février)
- Lille : 9e saison de Séries Mania (27 avril-5 mai)
- Cannes : 1ère saison de Canneséries (4-11 avril)
- et enfin Fontainebleau : 7e saison de Série, séries (26-28 juin)
Fontainebleau (Fonty pour les intimes), où je me suis rendue le 26 juin dernier et où j’ai pu entendre Valérie Pécresse justifier l’investissement des pouvoirs publics dans l’audiovisuel. Soulignant que le modèle économique des séries est rentable quand celles-ci durent plusieurs saisons, elle a annoncé que la région a reconduit ses aides jusqu’aux trois premières saisons d’une même série TV, portant ainsi le budget cinéma et audiovisuel de l’Île-de France à 20M€ en 2018 (+ 20%).
Frédéric Valletoux, maire de Fontainebleau, n’a pas manqué, lui, de rappeler qu’avec cette 7ème saison, Série, séries conforte sa position parmi les festivals français consacrés aux programmes audiovisuels. Mais au fait, pourquoi autant de festivals ?
Retour sur la guerre Canneséries VS Séries Mania
Un désir mimétique ?
- une durée presque identique (8-10 jours),
- une sélection internationale,
- une compétition de 10 séries,
- des conférences animées par des personnalités du secteur,
- des budgets comparables (3,5 à 5 M€).
Canneséries et Séries Mania Lille (ex Paris) se livrent un duel dont l’enjeu est de devenir LA référence du festival de séries en Europe. Soutenir un festival de séries pour un politique c’est de l’image positive : la culture ça doit rapporter…
Flash-back
En 2015, devant l’intérêt du public et des festivals européens pour les fictions TV, Fleur Pellerin, alors ministre de la Culture du gouvernement Hollande annonce qu’il faudrait créer un grand festival européen de la fiction TV, un « Cannes des séries ».
« L’expression ‘Cannes des séries’ est prise au mot par le maire de la ville, David Lisnard (LR) qui lance l’idée d’un rendez-vous mondial dans sa cité… Au printemps 2017, la présidence de la fête cannoise est proposée à… Fleur Pellerin. En parallèle, le gouvernement met au concours l’organisation du ‘Grand festival des séries’. La ville de Lille postule. Coup de théâtre en juillet 2017, Séries Mania se saborde en se ralliant à Lille. La direction du festival reste la même, il change juste d’écrin. » (Nicolas Dufour pour letemps.ch. Lire la suite ici →)
« Série, séries » tire bien son épingle du jeu
Le festival attire presque autant de professionnels et de diffuseurs en se positionnant depuis 7 ans d’existence, sur un créneau non concurrentiel, avec un événement sans compétition, centré sur le dialogue et la collaboration : débats mêlant professionnels et public, programme de rencontres et de discussions centrées sur les enjeux actuels et à venir, Masterclasses, interventions de chercheurs, atelier des diffuseurs, RV des créateurs…
« Série, séries », c’est combien ?
- 37 séries,
- 500 K€ de budget,
- Plusieurs dizaines de diffuseurs venus de plus de 20 pays,
- 131 intervenants,
- 650 professionnels,
- Près de 3000 visiteurs sur 3 jours.
C’est une bonne formule qui propose une veille audiovisuelle pour la profession et donne l’impression de voir l’ensemble de ce qui se passe au niveau européen. Avec en ouverture cette année : A Very English Scandal, la nouvelle fiction réalisée par Stephen Frears.
A Very English Scandal
Écrite par Russell T. Davies d’après le livre de John Preston, la série raconte en trois épisodes l’histoire vraie de Jeremy Thorpe, leader du Parti libéral britannique, accusé de tentative d’assassinat envers son ex-amant. Avant la projection, le producteur, le compositeur et le réalisateur ont partagé avec le public leurs premiers pas dans ce projet So British. Quatre extraits choisis :
- Dominic Treadwell-Collins – producteur :
« Quand j’ai décidé de produire cette série j’avais le choix entre 1) faire une version facile et cheap ou 2) une version ‘à la Stephen Frears’. J’ai appelé Stephen Frears. »
- Murray Gold – compositeur :
« J’ai été si comblé de pouvoir travailler avec Stephen, dont le film ‘My Beautiful Laundrette’ a marqué toute ma génération, que je lui ai tout de suite envoyé un mail pour partager mon émotion, mais il ne l’a pas lu… je vais peut-être le lui renvoyer demain… »
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Stephen Frears – réalisateur :
« Quelle différence avec la fabrication d’un film ? À part le petit écran : aucune. Le script était tellement bon ! Je l’ai suivi. Ce qui m’a motivé c’est la bizarrerie et la drôlerie de cette histoire sur le monde politique : tout ce que j’aime ! Et pour convaincre Hugh Grant je lui ai juste dit : j’ai quelque chose de bien pour toi ! Tout le monde, depuis qu’il est enfant, connaît cette histoire drôle et ridicule. C’est une farce, mais c’est aussi une histoire très triste. Il y a encore un témoin vivant de cette époque : Norman Scott, l’amant de Jeremy Thorpe. Il a vécu une véritable catharsis en voyant la série : ‘Je l’aimais’… nous a t-il confié. »
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Russell T. Davies – scénariste (traduction de l’extrait d’une interview à BBC one) :
« Quand Blueprint m’a contacté j’avais 27 trucs sur le feu mais après avoir lu 3 ou 4 pages du livre de John Preston je savais que je voulais le faire : je ne pouvais pas m’imaginer regarder la télévision et voir que quelqu’un d’autre l’aurait écrit. J’ai donc adapté le livre de Preston, mais avec beaucoup de recherches complémentaires car pour être diffusé sur la BBC il faut tout re-vérifier. L’équilibre fragile entre la comédie et le drame dans cette histoire c’est aussi la façon dont j’écris et dont j’essaye de voir la vie : il y a des moments drôles, tandis qu’au-dessous c’est la grande marée de notre vie qui engloutit tout. Ce que j’ai voulu faire, en fin de compte, c’est rapporter cette expérience et comprendre pourquoi ces hommes ont fait ce qu’ils ont fait. J’espère que ça a marché. »
Les retours de ces trois jours de festival témoignent que les séries britanniques (et nordiques) ont une fois de plus brillé.
Et les séries françaises ?
Qu’est-ce qui nous empêche de faire aussi en France, des séries avec des grands noms sur des sujets tabous ?
Chez High concept, on mise sur des auteurs français en leur apprenant les techniques US, ce qui leur permet de garder leur univers d’auteur, leur culture, tout en étant plus efficaces. Exemple : Big G qui a été sélectionné à Canneséries…
Alors à vos claviers ! 🙂
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