Si en tant que scénariste, on peut être à peu près conscient de ce qu’on attend de l’écriture d’un scénario (à savoir qu’il révèle notre vision du monde, qu’il intéresse des gens, qu’il nous fasse connaître et respecter, etc.), il est parfois difficile de se mettre dans la peau d’un producteur et de comprendre ses […].
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Si en tant que scénariste, on peut être à peu près conscient de ce qu’on attend de l’écriture d’un scénario (à savoir qu’il révèle notre vision du monde, qu’il intéresse des gens, qu’il nous fasse connaître et respecter, etc.), il est parfois difficile de se mettre dans la peau d’un producteur et de comprendre ses attentes.
Ken Miyamoto a publié un article intéressant sur la question : How can I become better at critiquing screenplays ? sur le site Quora.com dont je reprends pour vous les idées principales.
Un producteur a toujours une idée en tête à la lecture d’un scénario
Un producteur ne jettera un oeil à un scénario que s’il correspond à l’idée qu’il se fait de sa recherche : un genre précis, un ton, un type de concept ou de mécanique. Il demande d’ailleurs souvent à ses lecteurs d’écarter tout ce qui ne correspondrait pas à cette sélection générique.
Les dix questions que se posent les producteurs à la lecture d’un scénario
Après le premier tri fait, il se pose principalement les questions suivantes :
- Ce projet se vendera-t-il facilement ?
- Vais-je en tirer profit ? Quel est le potentiel business que je peux agréger autour ?
- La mécanique est-elle imparable ? Suis-je en face d’un chef d’oeuvre ?
- Quelle est la cible du concept ?
- Le projet est-il marketable ?
- Le projet est-il moderne, en phase avec les besoins du marché ?
- Le genre est-il populaire et demandé par les diffuseurs en ce moment ?
- Est-ce que ma femme aimerait ce projet ?
- Est-ce un concept déjà vu ?
- Les personnages sont-ils intéressants ? innovants par rapport au genre ?
Un point de vue business oriented
Il est enfin intéressant de remarquer qu’au lieu d’être dans une attitude critique comme beaucoup de lecteurs et contre certaines idées reçues.
Les producteurs ne sont pas des critiques d’art, ils ne cherchent pas à savoir ce qui ne va pas dans un scénario. Ils tentent au contraire de dégager les forces objectives du projet qu’ils ont sous les yeux car même s’ils peuvent être touchés par un sujet ou une qualité d’écriture, ils savent qu’ils vendent avant tout des produits.
Et un produit, même culturel où à forte valeur artistique doit avoir des qualités intrasèques, cela ne peut pas être juste une question de subjectivité.
C’est aussi ce que Cédric et moi défendons : il existe des critères objectifs pour estimer la qualité d’une oeuvre d’art et des techniques utilisées comme celles pour écrire et vendre une série.
À méditer ce WE.
NB. : Ken Miyamoto a travaillé pour Randal Kleiser chez Sony Pictures puis en tant que lecteur et story analyst. C’est aussi un scénariste sous contrats qui a travaillé pour les plus grands (Sony, Disney, WB, Universal, Dreamworks, etc.)
Marie
Bonjour,
Je viens de terminer une adaptation d'un roman dont le célèbre producteur américain Scott Rudin détient les droits… manœuvre ambitieuse j'en conviens. Cependant, lorsque j'ai contacté Scott Rudin Productions, donc, on m'a répondu que la boîte n'acceptait que des scénarii qu'elle avait elle-même commandée. Connaîtriez-vous une façon de contourner cette règle ? Que me conseilleriez-vous sur le sujet ?
Merci !
Marie
High concept
Chère Marie,
Vous avez fait un pari hautement risqué en adaptant un livre sans vous être assurée au préalable d'avoir l'autorisation des ayants droits.
Aux lecteurs qui souhaiteraient vendre un scénario adapté d'une oeuvre littéraire : en plus d'un bon scénario, il vous faudra fournir au producteur la garantie que les droits du livre sont disponibles. C'est pourquoi la démarche de travail est la suivante :
1) avant de se lancer dans l'adaptation, téléphoner à la maison d'édition qui édite l'ouvrage en français ou en anglais et demander l'identité du détenteur des droits d'adaptation audiovisuelle,
2) si c'est déjà un producteur qui détient les droits, – le cas de Marie donc – il est déconseillé de se lancer dans ce projet car des auteurs travaillent déjà sans doute sur l'adaptation,
3) Si c'est l'auteur qui détient ces droits, le contacter directement en lui demandant une autorisation de principe après lui avoir expliqué votre vision du projet (Stephen King laisse par exemple de jeunes auteurs adapter certaines de ses nouvelles…)
4) Si c'est la maison d'éditions qui détient les droits, cela signifie qu'il faudra les acquérir de façon sonnante et trébuchante pour les réserver.
Marie, à moins que vous ne réussissiez à convaincre Scott Rudin himself de lire votre version (en anglais), je ne vois pas d'autres solutions pour que votre travail soit rétribué. En vous souhaitant bon courage.
de SOUZA Hildegard
Bonsoir,
J’aimerais savoir si sans les cours ou expériences d’un scénariste je pourrais avoir un producteur pour mon scénario..
Manuel Leroueil
Oui,
En les démarchant avec ton travail.
Bonne chance