Pour la plupart des auteurs, la banalisation de la psychanalyse a transformé la psychologie de leurs personnages en une île paradisiaque, qu’ils adorent explorer. Ils y sculptent parfois des personnages extrêmement réalistes, mais cette île est malheureusement coupée du reste du monde, en particulier de la structure narrative, et leurs golems d’argile ne seront vus […].
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Pour la plupart des auteurs, la banalisation de la psychanalyse a transformé la psychologie de leurs personnages en une île paradisiaque, qu’ils adorent explorer. Ils y sculptent parfois des personnages extrêmement réalistes, mais cette île est malheureusement coupée du reste du monde, en particulier de la structure narrative, et leurs golems d’argile ne seront vus par personne. Ainsi, une erreur de caractérisation les plus courantes est de mal employer un événement traumatisant dans la vie du protagoniste.
Donner de la profondeur à la psychologie du héros avec un ghost
- Avec la banalisation de la psychanalyse, les spectateurs sont habitués à la grande puissance d’évocation psychologique d’un événement passé traumatisant qui empêche le protagoniste d’aller de l’avant et de vivre sa vie (ou ghost). On peut choisir de montrer un ghost en flash-back, ou bien le personnage se contentera de le raconter à un adjuvant — l’air grave et le regard perdu dans le vide ;o) — tel le personnage de Quint dans Les dents de la mer, qui évoque son calvaire sur l’Indianapolis.
- Techniquement, il s’agit simplement d’un incident déclencheur originel (voir notre masterclass vidéo gratuite sur le 1-2-3) qui survient dans le passé, et qui arme un obstacle interne puissant. C’est donc avant tout un outil de structure ! Mais la plupart des débutants se contentent de raconter cette histoire passée, sans la relier à leur intrigue. Le ghost doit avant tout révéler pourquoi le personnage est coincé dans le PRÉSENT.
- C’est le cas pour le personnage de Là-haut qui s’est arrêté de vivre à la mort de sa femme et qui a pris une décision qui va lancer le film, ou du père Karras qui ne se remet pas de la mort de sa mère, se retrouvant ainsi très vulnérable face aux attaques du diable dans L’exorciste. (Le célèbre « Ta mère s**** des ***** en enfer ! »)
- En fonction du genre que vous aurez choisi pour écrire, vous n’aurez pas les mêmes archétypes de personnages (cf. les 8 archétypes de personnage de comédie) et donc pas les mêmes trajectoires. Certains genres requièrent des trajectoires visibles et font passer le personnage par de grands changements, d’autres fondent l’évolution du personnage sur des évolutions plus nuancées et ne nécessitent PAS de ghost. (Pour connaître l’ensemble des spécificités des genres de cinéma, reportez-vous à notre masterclass consacrée à la dramaturgie des genres cinéma et notamment celle appliquée au thriller.)
- Pour rappel, les deux genres les plus vendus en France sont : la comédie et le policier. En comédie par exemple, donner à un personnage un défaut de caractère est quasi-obligatoire car son incapacité à surmonter ce défaut sera l’un des éléments essentiels de la mécanique du rire alors que dans un film d’action, les principales caractéristiques du héros ne varieront pas. Les thrillers sont entre les deux, ils utilisent le défaut du personnage comme un obstacle de plus à sa quête.
Le ghost en comédie
- Comédie : voir par exemple le ghost hilarant de L’Amour extra large.
- Comédie d’action : dans L’arme fatale,
Mel Gibson est un flic téméraire : ce défaut est particulièrement adéquat pour son métier (il risque sa vie à chaque fois qu’il met le nez dehors) mais il complique considérablement la vie de son partenaire, qui doit l’épauler et l’empêcher de se jeter dans le danger. La figure du flic suicidaire, archétype de comédie, est expliquée dans un second temps par le ghost — assez triste — du héros, qui ne se pardonne pas de n’avoir pas pu sauver celle qu’il aimait. - Thriller : on pense au ghost éponyme de Vertigo.
Le personnage doit trouver la force en lui-même de se sortir de ce mauvais pas alors qu’il est victime d’un secret qui le rend fou.
Identifier les genres qui nécessitent un ghost
N’hésitez pas à utiliser ces techniques pour améliorer vos ghosts.
A bientôt et bonne lecture !
Fabrice O.
Le trauma dans les films d'action depuis les années 90 est presque une figure imposée. Dans Cliffhanger, le personnage de Stallone ne veut plus continuer à être guide de haute montagne car il se sent responsable de la mort de la femme de son meilleur ami. Il va devoir y retourner et sauver son meilleur ami.
Dans Hostage le personnage de Bruce Willis quitte son métier de négociateur après un échec ayant causé la mort d'une mère et de son enfant. Il devient shérif d'une petite ville. Il va être entraîné dans une situation de prise d'otage où il va devoir faire ce qu'il ne voulait plus faire pour sauver sa fille et une famille.
C'est vraiment intéressant car il y a toujours cette idée d'obliger le protagoniste à passer par un chemin qu'il ne désire pas emprunter. Il est obliger de se confronter à ses démons et à les surpasser s'il veut atteindre son objectif.