Quand Disney mise sur son dernier petit bijou John Carter près de 250 millions de dollars plus 100 millions de promotion et n’en récolte que 269,3 millions de dollars dans le monde, ce n’est pas simplement un échec mais un fiasco total mondial qui en entrainé la chute de son patron Rich Ross, il y […].
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Quand Disney mise sur son dernier petit bijou John Carter près de 250 millions de dollars plus 100 millions de promotion et n’en récolte que 269,3 millions de dollars dans le monde, ce n’est pas simplement un échec mais un fiasco total mondial qui en entrainé la chute de son patron Rich Ross, il y a quelques jours.
M. Ross dirigeait le studio Disney depuis 2009. Auparavant, il avait dirigé avec succès la chaîne Disney Channel, où il avait créé les séries à succès High School Musical (qui a lancé Zac Efron) et Hannah Montana (qui a lancé Miley Cyrus).Les studios ont d’ailleurs communiqué que le film « avait entraîné des pertes opérationnelles d’environ 200 millions de dollars sur le deuxième trimestre fiscal ». Le fiasco est surtout flagrant aux États-Unis où le film n’a rapporté que 68,7 millions de dollars. Quand on sait que le modèle économique US fait qu’un film n’est rentable qu’à partir du moment où il est amorti sur son territoire national et que le reste des recettes constitue les vrais bénéfices du studio, on voit combien John Carter est une catastrophe abyssale.
L’heure est aujourd’hui au bilan, comment une telle catastrophe a-t-elle pu arriver à Hollywood ?
Bref, la faute à qui ?
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Aux auteurs ? John Carter est écrit et réalisé par Andrew Stanton —un roi de l’animation oscarisé à l’origine des succès de Pixar Le Monde de Nemo et Wall-E qui a signé entre autres les scénarios des trois Toy Story. Stanton s’est aussi appuyé sur Mark Andrews —un autre auteur d’animation nommé aux oscars pour ses participations à Spiderman, L’homme orchestre et Starwars la guerre des clones—, Michael Chabon —un auteur confirmé, titulaire de prix qui a travaillé sur Spiderman 2, Wonder boys—, et enfin Edgar Rice Burroughs (1875–1950), l’un des pères de la science-fiction moderne, créateur de Tarzan et qui a inspiré les plus grands dont George Lucas pour sa saga Star wars et dont le livre A Princess of Mars a inspiré l’histoire du film.
Avec de tels talents, et un scénario plutôt bien ficelé, en tout cas qui n’a pas à rougir par rapport aux autres productions du genre, on voit mal comment imputer aux auteurs le flop de John Carter car sur le papier, le film avait tout pour plaire aux fans.
- Oui mais ! D’après un article du New York Times ‘Ishtar’ Lands on Mars, l’auteur principal, Andrew Stanton (qui n’a pas eu le final cut) a eu par contre une grande latitude pour choisir les leviers de la campagne marketing (le monde à l’envers…) C’est lui qui a insisté pour choisir la chanson de Led Zeppelin dans le trailer, qui a sélectionné les affiches, et qui a contrôlé une importante présentation du projet à une convention de fans Disney qui a fait un flop. De même, la réception tiède de la campagne internet ne l’a pas inquiété outre mesure, et à la première, limite sous les quolibets, il n’a eu que ces mots malheureux pour convaincre les fans : You just gotta trust us.
- Mais il serait injuste de s’arrêter là dans l’analyse car force est de constater que même si Andrew Stanton a commis quelques bourdes sur un domaine qu’il ne maîtrisait pas, la faute majeure revient bien à Disney qui n’est pas une oie blanche en la matière !
Quand on pense au titre trop bref pour permettre au public de le rattacher à quoi que ce soit (le film a d’ailleurs été débaptisé suite vraisemblablement au dernier bide du film d’animation Milo sur Mars qui a fait de John Carter of Mars le simple John Carter) et à la campagne marketing en dessous de tout (cf. des bandes annonces qui ne retracent pas l’histoire, le nom et les qualités d’Andrew Stanton passées sous silence, une cible jeune non visée alors qu’elle est traditionnellement le public de ce type de blockbusters, aucun travail fait pour recontextualiser le personnage créé par Edgar Rice Burroughs et rappeler l’énorme influence qu’il a eu sur George Lucas, une conversion tardive en 3D non souhaitée par le réalisateur, et enfin une communication incroyablement tardive qui a consisté en un seul spot diffusé lors du Superbowl à un mois de la sortie, la mise en ligne des dix premières minutes du film pour appâter le chaland, et quelques trailers diffusés ça et là), on peut à juste titre se demander si Disney n’a pas torpillé volontairement son propre projet…
- Quand on sait que le feu vert donné à ce projet datait de l’ancien régime, c’est-à-dire de l’ancienne direction présidée par Dick Cook, il y a de quoi se poser des questions.
Alors, dernière vengeance ou maladresses enchaînées ?
Je ne suis pas inquiète pour Disney cependant qui peut toujours compter sur les grosses machines de ses filiales Marvel et Pixar pour renverser la vapeur. Avengers fait au contraire de John Carter l’objet d’une campagne promo plus que correcte.
Le film qui doit sortir à la fin avril en Europe et en mai aux États-Unis ainsi que Brave l’autre dernier opus de Pixar attendu pour en juin en Amérique du Nord et au début du mois d’août en Europe devraient permettre aux Studios de rentrer largement dans leurs frais.
Dernier avis personnel : j’ai pour ma part beaucoup aimé John Carter. Le scénario est bien ficelé, et la réalisation tient la route. Cerise sur le gâteau, c’est l’histoire d’amour qui structure le tout avec des scènes d’action et une animation tout à fait de bonne facture.
Bref, un vrai petit bijou dont l’univers marsien mériterait bien une suite très peu probable, pourtant. Dommage !
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